mardi 6 novembre 2012

Buffalo Bide


Bonjour cher lecteur…  Bon, benh ça y est, ce blog a délaissé les Strass et les Paillettes pour redevenir ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un vague murmure aux confins de la Blogosphère… Loin des cris et de la fureur… un simple bruit de fond à peine audible…
Tiens, je vais même te dire, à l’heure de choisir le premier sujet de cette nouvelle ère Ytsejamienne, pour une fois…une seule… je m’en vais ne pas nager à contre-courant et bêler confortablement avec le troupeau en te parlant de l’Amérique… Oh pas celle que toute la clique journaleuse nous raconte à tort et à travers en ce jour d’élection…Non… Une Amérique bien plus modeste… Mon Amérique à moi…
Mes petits bouts d’Amérique, parcellaires, dispersés, comme des éclats de noix de pécan à la surface d’un cookie… Mes Eclats Unis d’Amérique en somme… Ça te va ? T’embarque avec moi pour l’Amérique selon Ytse…

Alors tout d’abord et comme pour beaucoup, l’Amérique du Ytse n’a été qu’un concept abscons, un pays imaginaire compté dans des chansons, découvert au détour de pages dévorées avec avidité, et surtout, un pays entraperçu sur des écrans larges ou dans des petites lucarnes.
Mon premier contact avec l’Amérique fut donc culturel… Oh, j’entends déjà gronder le chœur des apôtres de l’exception culturelle de mes deux… Je les entends ronchonner et  marmonner leurs petites ritournelles malsaines à propos de sous-culture de masse et d’impérialisme… Benh oui…oui mais non…
Parce que mon Amérique à moi, c’est celle de Hopper, de Millet et dans une moindre mesure de Warhol et Basquiat… C’est l’Amérique disjonctée de Tarantino… Les films de Allen… C’est une silhouette en imper et chapeau mou, une cigarette au bec, dans le contre-jour d’un réverbère anémique… C’est l’élégance paroxysmique d’un Don Draper… Des images plein les yeux… et l’envie de connaitre, forcément…
Et moi, tu me connais, les bouquins et la musique… toujours et encore… jamais rassasié… Et donc, cette Amérique selon Ytse c’était aussi la plume hallucinée d’Easton Ellis, les cauchemars de Lovecraft, le vol d’un corbeau par une nuit de Décembre, et Twain, et le Walden de Thoreau…Et Paul Cheyney découvert grâce à tonton Fredo… Cheyney qui conduit à Spilane… et Fitzgerald et Hemingway… et Steinbeck… Sarabande de mots comme autant d’invitations au voyage… à la découverte… A l’ouest on dirait bien qu’il y’a du nouveau… Faut aller voir…
Surtout que musicalement… Là… Benh on s’en prend plein les esgourdes… Alors le Blues et le Jazz bien sûr… Des bords du Mississipi au fin fond des Bayous… Memphis, Chicago, New York… Pas encore la chaleur des Blues Bars… Mais des milliers d’heures de Twelve Bars… Mon Amérique c’est celle de Springsteen, une Amérique un peu bancale, désabusée…le pied d’Argile du supposé Colosse… La Banquette arrière d’une Pontiac, le fantôme de Tom Joad, l’Aurore qui se lève sur un port du New Jersey… et quand on aime le Boss… on découvre soudain Woody Guthrie au détour d’une rime… alors on jette une oreille aussi… Une autre Amérique… Des rails se perdant dans la poussière d’un horizon lointain et que l’on suit jusqu’à la prochaine ville où il y aura peut-être du travail… des pommes à ramasser… le foin à rentrer…
Mais je te vois là qui dodeline… Tu t’endors mon biquet... Ma prose te soporiphise…  Alors laisse-moi te réveiller avec mon Amérique cinglante et tonitruante… Le hurlement des Harley et des tonnes de décibels crachés par les guitares saturés et les gosiers chauffés à blanc des dieux du Métal… Mon Amérique… Celle de mon Adolescence… De Skid Row, Guns ‘n Roses, Metallica, Anthrax, Slayer… Pour le Direct du droit dans la face… Celle de Death, Queensryche, Fates Warning, Dream Theater… pour les structures plus alambiquées… Celle de Journey, Asia, Toto… Lorsqu’il faut se reposer un peu les tympans… et l’envie toujours plus forte d’aller écouter ça in-situ…

Tout ça pour te dire, ami lecteur, que lorsqu’enfin je posais le pied sur le sol Américain, lorsque les bons soins d’Air France me déposèrent à Washington-Dulles… Je pensais savoir à quoi m’attendre…et quelque part, c’est vrai que mes promenades dans la Capitale me menèrent d’abord en terre connue, Wall of DC, le Capitole, la Maison-Blanche… avant que je m’aventure hors des sentiers balisés par les souvenirs des films et séries qui me servaient de guide touristique… Le Smithsonian Institute… Extraordinaire ensemble de Musées…Entièrement Gratuits ! Quand le Mécénat met la Culture à la portée de tous… Washington et la Virginie donc pour un premier contact…
Avant de revenir… New York ! Manhattan ! Là, dès l’Aérogare, j’ai senti le choc… quoique non… Le choc il vint après… Dans le taxi conduit par un Haïtien tout heureux de jacter en Français… Le choc, ce fut la découverte soudaine d’un skyline de légende surgit de la brume d’un après-midi d’automne…
Depuis, j’ai fait souvent l’aller-retour… Douze fois, si j’en crois les tampons sur mon passeport… Et mon Amérique fantasmée s’est faite plus concrète…
Mon Amérique, à présent, ce sont des lieux toujours magiques… Manhattan bien sûr… J’ai marché Madison, la 5ème et Central Park… et j’ai presque découvert que le monde avait trois dimensions… J’ai appris la verticalité… Mon Amérique, c’est un Bagel acheté au coin de Park Avenue et partagé avec ma douce sur un banc de Central Park… C’est Broadway et ses Musicals… C’est des soirées au Terra Blues… Une messe à Saint-Patrick…et la Saint-Patrick tout court d’ailleurs… C’est le Moma, mais surtout la Frick Collection…  
San-Francisco aussi, quand les lumières de la ville s’éteignent et que le soleil éclate sur la baie…Market Street, Presidio, Twin Peaks…et Le Castro !
Et Cleveland, la mal-aimée, la mal-connue… Les rives de l’Erié… Le Canada de l’autre côté… L’automobile en crise… Cauchemar on Main Street… Main Street contre Wall Street… Cette Amérique est de Gauche…
Douze fois déjà que j'ai traversé l'Atlantique… et que de rencontres !

Parce que au final, mon Amérique ce sont aussi tous ces gens…en chair et en os… pas les fantasmes imbéciles et les généralités rastèques des mous de la coiffe qui s’arrêtent à la surface des choses… Les ceusses qui te parlent des Américains sans jamais avoir mis les pieds là-bas… Oh, des côtés sombres, les Etats-Unis en ont pleins… Mais ce n’est pas comme si nous, les Français, citoyens de la vieille Europe, ont étaient tout bien, tout blanc… Mais je m’égare là… Je te parlais de mon Amérique à moi… Pas celle des journaleux idiots qui servent la soupe aux blaireaux… Et mon Amérique donc, c’est surtout toutes ces rencontres, Jack, Bill, Bob, Melissa, Suzanne, Jim… et tant d’autres… Quelques anonymes aussi… Au hasard d’un café pris au coin d’un bar dans un Aéroport… dans le Lobby d’un hôtel… Des vrais gens avec une vraie vie… Des gens normaux n’ayant sans doute rien d’exceptionnel… Des gens extra-super-ordinaires quoi… Comme moi… Comme toi peut-être ami lecteur…

Bref, je pourrais sans doute en écrire encore et encore sur le sujet, te parler de mon Amérique pendant des heures… Mais je voulais aussi te laisser la place… T’as peut-être toi aussi des choses à dire…  

Mais avant ça: une dernière chose…
Demain matin… nous nous éveillerons dans notre bonne vieille Europe…et peut-être que pour la deuxième fois en 4 ans… le soleil se lèvera à l’Ouest…