mercredi 30 octobre 2013

Les Anges se font Plumer.


Bonjour ami lecteur. Une petite anecdote à te livrer céans. Une autre des riches heures d’Ytse à te faire partager.

Il y a quelques jours, j’avais rendez-vous avec quelques miennes relations vaguement professionnelles, dans un sympathique établissement Genevois que je ne nommerai point afin de ne pas lui faire trop de publicité qui pourrait nuire à la tranquillité des lieux.
Fidèle à mon habitude, et malgré le petit crachin qui arrosait les riantes rives lacustres, j’avais laissé mon véhicule dans le Parking souterrain situé à quelques centaines de mètres de ma destination.
Et c’est donc d’un pas un peu précipité que je remontais le quai afin de ne pas laisser le lainage délicat de mon costume souffrir trop longtemps de l’imprévoyance qui m’avait vu quitter mon domicile sans me munir d’un parapluie. Comme j’arrivais directement du bureau, je n’avais même pas pu passer chez un quelconque ami afin de lui en dérober un susceptible de m’abriter, voire même, avec un peu de chance, de me gagner une place pour un petit coin de paradis… Mais là n’est pas l’objet de mon récit.
Comme je marchais, j’entendis qu’on me hélait depuis le trottoir d’en face et j’eu la désagréable surprise de voir là le sinistre Eric T. dont je t’ai déjà parlé (ce qui m’avait valu l’ire d’un fâcheux qui avait cru se reconnaitre en ce vil personnage dépeint avec tant de talent par votre serviteur).
Ici, mes penchants littéraires auraient tendance à me pousser à te livrer au débotté une petite description de l’individu qui serait d’autant plus croquignolesque que l’allure du gugusse peut facilement prêter à moult moqueries et autres quolibets à tel point que le moindre petit écrivaillon pourrait trouver matière à disserter des heures. Mais je connais ta capacité d’attention et de concentration proche du néant et vais en conséquence faire dans la concision et t’épargner ce qui pourtant aurait pu être source de quelques marrades. Rien que sa frime en forme de catastrophe naturelle offrirait pourtant à qui saurait les saisir les bases à de plaisants sarcasmes évoquant par exemple quelques gallinacées et la partie charnue de leur anatomie… Mais bref…

La bonne éducation est parfois un fardeau lourd à porter mais elle reste la marque de l’homme de bon goût et de bonne tenue, aussi répondis-je au salut que l’horrible m’adressait et mis un point d’honneur à l’attendre, dussé-je pour se faire porter une atteinte irrémédiable à mon costume dont je pouvais presque entendre les cris de souffrance sous l’assaut de cette petite pluie persistante.
M. T. prit soin de vérifier que son véhicule était correctement fermé en tirant plusieurs fois sur la poignée de sa portière signe évident que sa confiance en la technologie germanique était inférieure à ses craintes de voir son véhicule être la cible des nombreux pillards dont son journal favori s’acharnait à dénoncer l’augmentation de la recrudescence.
Il traversa ensuite la route pour s’en venir me tendre une main moite et molle que je serrais, ressentant, pourquoi le taire, un petit plaisir sadique en le voyant grimacer de douleur alors que je lui broyais la dextre d’une poigne virile.
Nous nous mimes alors à marcher de conserve vers l’établissement où nous étions attendus.

Comme nous tournions l’angle de la rue, nous fumes abordés par un quidam un peu dépenaillé qui se mit à nous expliquer dans un mauvais Suisse qu’il nous serrait infiniment reconnaissant si nous avions le bon cœur de le dépanner de quelques francs afin qu’il puisse aller se sustenter d’une bonne soupe chaude dans l’estaminet voisin.
Je fouillais mes poches et lui tendis le résultat de mes investigations, soit environ 7frs50, en lui adressant un sourire un peu gêné qu’il ne vit pas, trop occupé qu’il était à s’emparer du maigre pécule dont je lui faisais don.
Mon compagnon, avait poursuivi sa route de quelques pas, et m’attendait, me lançant des regards courroucés.
Abandonnant l’autre à son infortune, je rejoignis M. T. qui partit aussitôt dans une diatribe acide fustigeant l’inconstance qui me voyait faire l’aumône à « ces gens-là » pour reprendre son expression. Je me contentais de hausser les épaules en me mordant la langue pour ne pas lui dire son fait ce qui aurait certainement porté une atteinte irrémédiable à nos relations déjà passablement entamées suite à nos précédents échanges que je t’avais d’ailleurs rapportés tantôt.
Encouragé par mon silence, il se laissa aller à une longue tirade sur tous les bien-pensants, comme il aimait à les appeler, qui, en se préoccupant du sort de ces traine-savates, en leur apportant aide et réconfort, ne faisaient que les encourager dans leurs vices et leur paresse. Il m’affirma haut et fort que si les gens comme moi, ou pire, les associations, arrêtaient de subvenir aux besoins de ces loqueteux, il faudrait bien alors que lesdits se mettent au travail plutôt que de se complaire dans cet assistanat facile.
Comme si tous les gens dans le besoin y étaient par un choix objectif. Comme si la misère et le dénuement ne s’abattaient pas aveuglément. Comme si ceux qu’ils frappent l’avaient tous mérité d’une manière ou d’une autre.

Nous poursuivîmes notre route, lui pérorant toujours sur les parasites de notre société, et moi perdu dans des pensées de plus en plus sombres alors que je me disais que les idées fétides de l’autre con n’étaient pas loin d’être hélas partagées par une majorité du même acabit.
De fil en aiguille je repensais à cet article que j’avais lu au lendemain de la tragédie de Lampedusa et qui expliquait comment les pêcheurs locaux se tenaient aussi loin que possible des embarcations de fortunes chargées de migrants lorsque d’aventure ils en croisaient.
Et ce n’est pas parce qu’ils craignent de se faire attaquer ou agresser par les passagers de ces esquifs improvisées qu’ils ne les approchent pas. Non. C’est pour ne pas avoir à résoudre l’effroyable choix de leur porter secours en cas de naufrage pour se voir ensuite inquiétés par les autorités, voir même embastillés, accusés d’encourager l’immigration clandestine.
Parce que c’est arrivé. Comble de la stupidité bureaucratique infiniment conne quand elle veut. Oui, mon cher lecteur, tu lis bien, de braves marins italiens se sont vus mettre aux fers par des pandores mal avisés pour avoir secouru des clandestins en passe de se noyer. Tout juste si ils n’ont pas failli se retrouver pendus par le cou à une vergue idoine. La honte.
La honte et le dégout quand notre belle justice de plus en plus aveugle se plait à couper la main de ceux qui n’ont fait que la tendre à des hommes en détresse.
Et ne va pas croire que nos voisins et amis ultra-alpins sont les seuls à se laisser aller à ces extrémités.
En France itou. Combien de bons samaritains, combien d’associations, furent l’objet de représailles que je qualifierais de ridicules si elles n’étaient pas aussi sinistres. Celles et ceux à qui on a reproché, là d’organiser des distributions de nourriture ou de vêtements à des réfugiés sans papier, ici de leur avoir offert le gite et le couvert. Comment qu’ils te l’auraient trainé vers le plus proche gibet l’Auvergnat de la chanson tous ces infâmes salauds qui ne voient que périls et mauvaisetés dans l’étranger qui passe par chez nous en quête de sa terre promise. Les ceusses qui te considèrent comme traitre à la patrie parce que toi tu vois aussi le désespoir dans leurs yeux et que si tu ne peux pas faire grand-chose contre la misère du monde, tu ne veux pas non-plus fermer les yeux, fermer tes bras, fermer ton cœur…

Oh, la justice et ses représentants font sans doute là ni plus ni moins que leur travail… La loi est dure mais c’est la loi et nul n’est censé l’ignorer…blablabla…
Alors haro sur le brave mec qui partage son sandwich comme Martin son manteau. C’est toujours plus facile que de s’en prendre aux filières organisées, marchands de rêves, dealers de poudre aux yeux, salauds de première…
Et les braves gens d’applaudir quand les gendarmes s’en viennent prendre l’hurluberlu qui a eu le malheur d’avoir pour un instant fait montre d’un peu de cœur et de compassion… Ou plus simplement d’avoir eu la conscience prégnante que, ce clandestin de passage dans ta ville, ce sans-abri qui dort sur ton banc dans ton parc, cet autre qui t’incommode, pourrait un jour être toi si les aléas de la vie venaient à tourner du mauvais côté.
Je ne sais pas si charité bien ordonnée commence par soi-même, mais il semble bien qu’une charité mal dirigée au regard de la loi puisse être source de beaucoup d’ennuis.
Et tout en continuant de marcher, je me mis à penser à ce brave Jésus ben Joseph en me disant que de nos jours, il n’aurait sans doute jamais eu le temps de devenir culte. Tu parles. Crucifié au premier acte charitable le mec. La première pierre il se la serait prise en pleine poire le pauvre à vouloir défendre la pute et voleur de pomme.
Et tous ces cons qui se disent bon chrétiens, bien pratiquants, la croix et la bannière du christ tendues bien haut… et qui s’en vont voter FN à la sortie de leur messe dominicale… Je suis sûr qu’ils auraient été les premiers à courir jusqu’au Sanhédrin pour aller porter le pet comme quoi il y avait un type chelou qui prêchait en dehors des clous…
Et les Anges… Bien longtemps qu’ils ne font plus acte de charité, les anges. Pas cons. Ils savent combien c’est dangereux. Ils ont bien trop peur de se faire plumer par la populace en colère… De nos jours ils préfèrent montrer leur cul à la télé-réalité… Servir la soupe plutôt que de modèle… Mais je m’égare… Revenons-en à nos moutons et à ce soir de pluie sur les quais Genevois.

Comme nous arrivions devant la porte de bois noir de mon lieu de perdition favori, je jetais un regard à la face de carême de l’autre buse d’E.T. et lui trouvais un air encore plus con qu’à l’habitude ce qui pour lui participe d’un exploit conséquent. Et je ne me sentis plus la force d’en supporter d’avantage. Comme il descendait les marches menant au bar, je le plantais là et m’en retournais à ma voiture pour finalement rentrer chez moi.
En roulant vers ma paisible retraite vaudoise, je me sentais partagé entre la satisfaction de ne pas avoir eu à supporter l’autre gland et la déception de ne pas avoir pu passer une agréable soirée avec les deux autres potes qui nous attendait et qui sont, eux, de fort agréable compagnie. Choix cornélien s’il en est que de devoir choisir entre la fréquentation des cons et celles des autres quand d’aventure ils se trouvent rassemblés en un même lieu. Qu’aurais-tu fait, toi, à ma place, ami lecteur ?

samedi 26 octobre 2013

On dirait le Sud.


Bonjour ami lecteur. La nuit dernière j’ai fait un rêve étrange et pénétrant. Je chevauchais une magnifique Harley Davidson Softail Classic CVO. La route s’élançait devant moi, droite, rectiligne, jusqu’à l’horizon incertain qui tremblait dans l’air enfiévré.
Là-bas, dans le lointain, le soleil s’effondrait lentement dans les sables ocre de ce coin de désert.
Un vent léger balayait la plaine, faisant voleter quelques grains de silice scélérats jusque sur la route. Fallait que je fasse gaffe de ne pas me laisser surprendre et me vautrer lamentablement. Avoue que ça aurait fait tâche dans ce tableau idyllique.

Tout à coup, venant du sud, je vis se former les rouleaux menaçants d’une tempête, un de ces Dust Bowl qui rodent parfois dans ces contrées, ravageant les récoltes et jetant quelques malheureux fermiers sur les routes pour les plus belles heures de la littérature américaine.
A vue de nez, il allait être sur moi d’ici moins d’une heure. Fallait que je m’arrête et me mette à l’abri.
Le hasard faisant alors bien les choses - je te rappelle que je rêve et que ça se passe comme ça dans les rêves – j’aperçus une longue bâtisse sombre et décatie un peu plus loin au bord de la route.
Je la crus d’abord abandonnée, vestige d’un passé qui avait vu cette route de traverse beaucoup plus fréquentée. Et puis je vis les deux motos, le pick-up et le semi-remorque assoupis sur le parking. Et comme l’obscurité s’abattait, je vis aussi les néons de l’enseigne s’éclairer dans un clignotement stroboscopique qui finit par se stabiliser.
Je laissais ma Harley s’engager sur l’esplanade en terre battue.
Le vent forcissait et l’éolienne rouillée se lança alors dans une sarabande endiablée accompagnée de grincements sinistres tels des cris de damnés. La poussière et le sable arrivaient du désert comme une houle déchainée.
Je coupais le contact et abandonnais ma monture pour me précipiter vers le bâtiment. Kooper’s Desert Inn, disait l’enseigne.

Je poussais les portes de bois aux carreaux de verre encrassés. Il faisait sombre. Une timide lumière tombait des lustres où quelques courageuses ampoules, rares survivantes d’une hécatombe passée, s’essayaient tant bien que mal à remplir leur office.
Mes yeux durent rapidement s’adapter à la faible luminosité ambiante car il me sembla bientôt distinguer de mieux en mieux les contours de la salle.
Alors qu’en entrant, j’avais cru l’établissement définitivement désert, je vis qu’il n’en était rien. Quatre personnes se tenaient près du long bar de bois dans le fond de la pièce.
Je m’avançais entre les tables et leurs chaises qui ne semblaient pas avoir vu de client depuis lulurre.
Le barman, un gros mec en bras de chemise, semblait avoir passé les dix dernières années à astiquer ce même verre avec ce même torchon douteux. Il releva lentement la tête et regarda vaguement dans ma direction.
Un des trois types accoudés au comptoir se retourna pour suivre le regard du louffia. Il m’adressa un vague salut d’un bref hochement de tête.
J’avançais toujours, il ne devait pas y avoir plus de vingt mètres entre l’entrée et le bar mais le temps paraissait être suspendu de sorte que j’eu tout loisir de détailler les quatre mecs avant de les rejoindre.
Le barman, le seul qui me faisait face, les autres s’en étant retournés à leur conversation, m’apparut plus jeune que je ne l’avais cru de prime abord. Un peu moins gros aussi. Il portait une chemise en jean ornée d’une broderie en noir et blanc, de longs cheveux fillasses rassemblés en une queue de cheval et une veille paire de lunettes rafistolées par du scotch et qu’il avait remontées sur le haut de son front.
Les trois gars me tournaient toujours le dos.

J’arrivais enfin au comptoir et demandais une bière au patron qui s’enquit de ma commande. Il plaça le verre qu’il venait d’essuyer sous la tireuse et baissa la manette. Un liquide ambré à la mousse onctueuse cascada dans le verre dans un glouglou rafraichissant.
-       Sale temps. Hein ? – Me lança soudain le gars à ma droite.
C’était un type plutôt mince arborant une ahurissante tignasse rousse et bouclée. Il portait une chemise blanche ouverte sur son torse maigre, un pantalon noir dont la coupe en pattes d’éléphant annonçait le soixante-huitard décomplexé et des bottes de cuirs marrons et blanches.
-       Oui. J’ai eu de la chance de trouver cet endroit pour m’arrêter – répondis-je en remerciant le barman d’un signe de tête pour la bière qu’il venait de déposer devant moi.
Le mec sourit et haussa les épaules en lâchant :
-       Y’a toujours un endroit comme ici dans le désert.
Puis il me tendit la main en se présentant :
-       Moi c’est Allen. Et voici Ron…
Il désigna son voisin, un jeune gars au visage poupin sous son chapeau de cowboy blanc orné d’un ruban qui pouvait tout aussi bien avoir été fait dans une peau de crotale. Le mec portait un tee-shirt noir et un jean retenu par une large ceinture dont la boucle d’argent étincelait.
-       Et là c’est Stevie.
Le type, chemise à motifs bleus et blancs et manches courtes, pantalon blanc et la même chevelure abondante que ses comparses, m’adressa un signe de tête appuyé et un demi-sourire.
-       Vous prenez quelque chose ? - Je demandais, histoire de faire bonne figure.
Ils se concertèrent en silence, échangeant quelques regards rapides, puis le dénommé Ron hocha la tête :
-       Pourquoi pas. La même chose que vous.

Le Barman s’activa pour préparer les trois boissons tandis qu’Allen me demandait :
-       Vous arrivez d’où ? Sûr que vous n’êtes pas d’ici.
J’acquiesçais :
-       Non. Je ne suis pas d’ici ni même très sûr d’y être d’ailleurs. Vu qu’il me semble bien que je suis en train de rêver. Et vous ?
-       On n’est pas d’ici non plus…
Je m’attendais à ce qu’il en dise plus mais il en resta là et un silence s’installa que j’occupais à siroter ma bière.
L’homme au chapeau finit par demander :
-       Vous comptez aller jusqu’où ?
-       Benh jusqu’à San Francisco si possible.
J’hésitais un instant puis finalement questionnais :
-       Et vous ? Vous allez où ?
Ron, esquissa un vague sourire teinté de ce qui me sembla être une sombre nostalgie :
-       On rentre à la maison. Il est temps je crois.
-       Home sweet, home – Lâchais-je sans trop savoir pourquoi.
Allen opina et se lança dans un étrange discours curieusement évocateur :
-       Ouaip. On veut tous penser que l’on est libre comme l’air, qu’il y a tellement d’endroits que l’on doit voir et connaitre. On a tous senti un jour ce besoin irrépressible de déployer nos ailes pour s’envoler comme ces oiseaux infiniment libres de se laisser porter par les vents vers d’autres horizons.  D’ailleurs tu sais de quoi je parle puisque tu es là, toi aussi, loin des tiens et de tes terres. Tu connais cette impression, ce sentiment diffus qui te pousse à partir. A embrasser ta belle en lui disant : « Salut bébé, ce fut une belle histoire, le prends pas mal mais je dois m’en aller » car rien n’est immuable, rien ne peut perdurer. Les choses ne peuvent simplement pas rester les mêmes indéfiniment…
Il se tut paraissant s’abandonner à un lourd vague à l’âme.
-       Mais tu sais. Il faut aussi savoir rentrer chez soi – lança soudain mon nouvel ami en posant sa main sur mon épaule. – La roue tourne mon ami. Il arrive le temps où tu ne veux rien d’autre que t’en retourner près des tiens. Il arrive un temps où aucun ciel ne te parait aussi bleu que celui sous lequel tu as grandi…
Ron le coupa :
-       Ouaip. Tu lèves les yeux vers les nuées et, même si tu te dis qu’il n’y a qu’un seul ciel unique et infini au-dessus de nos têtes, tu n’arrives pas à oublier celui que tu voyais depuis la fenêtre de ta chambre d’enfant. Chacun le sien d’ailleurs. Missouri et Oklahoma pour l’ami Stevie, la Floride pour nous, l’Alabama pour d’autres… Tu vois ce que je veux dire.
J’affirmais que je, et il reprit :
-       Tu vois mec, ça fait si longtemps qu’on est partis sur les routes que je ne sais plus si ça fait sept ans ou septante ans… Mais ça fait un bail c’est sûr. Et toutes ces années commencent à peser comme un fardeau de plus en plus lourd. On porte la croix de nos errances même si elles furent fastes et grandioses.
Il s’interrompit et j’en profitais pour demander une autre bière au barman.

Je réalisais alors qu’aucun d’entre eux n’avait encore touché la sienne. Ils semblaient tous errer dans leurs souvenirs. Ron, soupira :
-       Je ne sais même plus si c’était en ’68 ou ’69 qu’on a gagné ce putain de concours qui nous a pour la première fois lancés sur les routes. On ouvrait pour ce groupe. Je ne sais même plus son nom…
-       Strawberry Alarm Clock – précisa Allen.
-       C’est ça ouaip. Puis y’a eu ce gars. Ce con de Yankee qui nous a signé notre premier contrat.
-       Vous êtes musiciens – devinais-je avec toute la sagacité qui te fait tant défaut.
Ils ne répondirent pas tout de suite et moi, je me disais qu’il y avait un truc qui clochait dans tout ce qu’il m’avait dit sans vraiment pouvoir mettre le doigt dessus.
-       Neuf Mille putains de malheureux dollars qu’il nous a offerts pour ce contrat. Ces Yank’ c’est des malins. Il faut leur reconnaitre ça. Et puis nous on s’en foutait. On pouvait enfin s’arracher de notre bled et parcourir le monde. La belle vie quoi. Qu’on croyait… Et ça l’a été d’ailleurs. Au moins au début…
Il baissa la tête plongeant son regard dans les reflets d’or du houblon qui emplissait toujours son verre.
Le troisième larron, celui qui s’appelait Stevie et qui n’avait rien dit jusqu’ici, se tourna vers moi :
-       Tu sais mec. Le pire dans les rêves c’est quand ils se réalisent.

Il n’ajouta rien me laissant sur cette mystérieuse sentence. Allen et Ron le regardèrent un instant affichant tous les deux un sourire un peu triste. Ron posa la main sur l’épaule de son ami et s’adressant à moi précisa :
-       Tu vois, quand j’étais jeune et qu’on écumait les rades du coin, jouant pour quelques dollars, je me couchais tous les soirs au chant du coq. Je rentrais chez moi marchant comme un zombie vaudou dans les rues de Jacksonville aux premières lueurs de l’aube après avoir joué toute la nuit dans des bouges sans nom…
Allen hochait la tête, approuvant chaque mot de son ami, les yeux dans le vague, il semblait revivre un temps depuis longtemps enfuit. Soudain, il se mit à rire apparemment sans raison puis se tourna vers Ron :
-       Hey Ronnie, tu te souviens de ce gamin qu’on croisait au petit jour. Celui qui ramassait les cannettes de coke consignées pour aller les revendre au Country Store ?
-       Oui. Tu parles que je me rappelle… Il y en a eu de ces matins blêmes… Jusqu’au jour, ou plutôt jusqu’à cette nuit. Tu te souviens ?
Allen eu un frisson et une ombre sinistre passa sur son visage. Il ne répondit pas et un lourd silence s’installa.
Je ne pus retenir ma curiosité :
-       Qu’est-ce qui est arrivé ?
Allen voulu parler mais aucun mot ne parut pouvoir sortir de sa bouche. C’est finalement Ron qui répondit par une question à mon intention :
-       Tu connais l’histoire de Robert Johnston ? Comment il a vécu et comment il est mort ?
J’acquiesçais d’un signe de tête :
-       Tu as sans doute entendu parler de la mystérieuse rencontre qu’il aurait fait par un soir, à minuit, à ce carrefour près de Dockery ? De comment il y gagna son incroyable talent… Et y perdit son âme…
-       Oui. J’en ai entendu parler. Ça fait partie de la légende du rock…
Il émit une espèce de petit rire cynique :
-       Peut-être. Mais toutes légendes à son fond de vérité. Tu ne penses pas ?
J’admis que je n’en savais rien et il poursuivit.
-       Une nuit, nous jouions au One Percent, une boite de Jazz/Blues miteuse dans la banlieue de Jackson… Comme souvent, y’avait pas lerche de spectateurs. A peine une dizaine des poivrots du coin qui n’écoutaient que d’une demi-oreille ce que nous jouions. Allez, y’avait bien deux ou trois mecs qui étaient venus pour nous… Et puis y avait ce type dans le fond. Un grand balaise, tout de noir vêtu, des santiags au stetson… Comme on remballait le matos, le gars est venu nous voir. Allen était là bien sûr et il y avait Gary aussi et Bob, et Léon… C’était juste avant qu’Ed ne nous rejoigne… Et l’ami Stevie n’était pas là non plus… Mais pour ce que ça a changé pour lui au final…
Son pote haussa les épaules comme pour dire que ça n’avait pas d’importance et Ron reprit :
-       Donc le gars vient et reste là un moment à nous regarder ranger notre matos, puis, comme Allen et moi étions un peu à l’écart des autres, il est venu nous voir et nous a proposé le deal…
Il s’interrompit une nouvelle fois et je fus saisi, presque glacé, par la furtive impression d’horreur absolue qui perça dans son regard l’espace d’une micro-seconde.
C’est Allen qui poursuivit l’histoire que son ami avait entrepris de me conter.
-       On a vendu notre âme ce jour contre le succès et la reconnaissance… Faut dire, qu’on pensait bien pouvoir le baiser le gars. On s’était dit qu’une fois qu’on serait connus et reconnus on pourrait l’envoyer chez plumeau lui et son contrat. Et on l’a fait d’ailleurs. Pour notre malheur on l’a fait. On n’a pas respecté notre part du deal…
Il se tut et aucun ne sembla vouloir reprendre la parole.

J’aurais bien voulu en savoir plus mais je ne sais quelle force supérieure m’en empêcha. Finalement, après un silence qui parut durer une éternité, Ron se tourna vers moi et me dit :
-       Tu sais le pire dans tout ça. C’est que quand je suis rentré chez moi ce matin-là, ma mère était dans la cuisine en train d’éplucher quelques patates douces. Comme je passais près d’elle pour aller me chercher un verre d’eau, elle me dit de venir m’assoir près d’elle et d’écouter avec attention ce qu’elle allait me dire. Je ne sais pas si elle se doutait de quelque chose mais je ne l’avais jamais vue aussi sérieuse. Elle me dit simplement que je devais savoir attendre, prendre mon temps, ne pas vouloir vivre trop vite. Elle me dit que tout viendrait en son temps, que je trouverai une femme, l’amour et tout ce dont je pouvais avoir besoin. Et surtout que je ne devais pas oublier qu’il y avait quelqu’un là-haut qui veillait à tout ça.
Elle me dit que je devais rester un homme simple et simplement un homme. Etre quelqu’un que je pourrais aimer et comprendre. Et elle me demanda si je pensais pouvoir le faire. Et bien qu’il était déjà trop tard pour moi, même si je ne savais pas encore à quel point, je lui répondis que oui. Je le pouvais.
Elle a continué encore et encore. Elle m’a dit de ne pas envier l’or des riches car le seul bien dont j’avais besoin était mon âme, que je devais suivre mon cœur et rien d’autre. Etre et rester un homme simple et simplement un homme…
On devrait toujours écouter sa mère… Toujours…
Il se tut. Comme j’essayais de réfléchir à tout ça, un bruit soudain me fit faire volte-face, le craquement puissant d’un coup de tonnerre puis la porte qui s’ouvre et une énorme bourrasque qui balaye la salle me jetant presque à bas de mon tabouret. Je me retins in-extemis au bar.
Comme je me redressais et me tournais de nouveau, mon cœur fit un bon dans ma poitrine. Il n’y avait plus personne. Ni les trois clients, ni le barman. Et à en juger par l’état de délabrement du lieu, les tonnes de crasses et de poussières qui s’accumulaient sur les planches disjointes, les étagères vides derrières le bar, la salle elle-même que plus aucune table ou chaise n’encombrait, personne n’avait dû venir ici depuis des années.

Un peu parti, un peu naze, je sortis du bar abandonné. Le parking était désert bien sûr. Pas d’autre véhicule que ma Harley. Je restais un instant sous le porche à fixer le panneau accroché contre la façade. Il annoncait le menu et les spécialités. A voir les prix affichés, je dirais bien qu’en fait cela devait bien faire au moins vingt ans que l’endroit était fermé.
La nuit avait fini de tombé mais plus aucun souffle de vent ne faisait frémir les Colitas qui avaient envahi le parking. Je marchais vers ma moto.
Comme je passais près de l’éolienne qui s’était tue, je remarquais une affiche blanche bordée de rouge, qui annonçait en énormes lettres bleues:
20 Octobre
A night with Curtis Law and his Dobro
Il y avait la photo d’un home. Un vieux noir aux cheveux crépus et blancs. Il tenait effectivement une Dobro posée sur ses genoux. Je le reconnaissais immédiatement et du même coup, dans un éclair de lucidité, je comprenais qui étaient les trois hommes accoudés au comptoir dans le rade.

Et toi ami lecteur ? Une petite idée de ce qui se cache derrière ce petit texte de ton Ytse préféré ?

mardi 15 octobre 2013

J'ai Peur des Mouches.


Bonjour ami lecteur. Consternant cette pantalonnade Brignolaise. Non pas tant en regard du résultat, qui est ce qu’il est, mais par le tintamarre assourdissant qui est fait autour de ce non-événement. T’es pas d’accord ?

Parce que ce scrutin, à tout prendre qu’est-ce ? L’élection d’un obscur, d’un sans-grade, petit Conseiller Général d’un Canton sans importance. La troisième mouture d’une élection en plus après que les deux premières ont été annulées par les juridictions ad-hoc. Et lorsqu’on se rappelle qu’en 2011 c’est déjà le FN qui l’avait emporté, certes avec beaucoup moins de marge, cela relativise quand même les choses.
Le plus croquignolesque dans l’affaire restant bien sûr que le Front National se réjouisse que l’un des siens s’en aille ainsi grossir les rangs de ceux qu’il nomme lui-même « des roitelets entourés d’une cour pléthorique ». Mais bon ils n’en sont pas à une contradiction près les gueux.
Enfin bref, pas de quoi se mettre Martel en tête comme disait Charles l’ami de Lorant Deutsch.

Et pourtant… Pourtant nos chers médias nous font des Unes, des gros titres, et autres Flashes spéciaux de cette historiette. Glosant à l’envie sur les circonstances ceci et les conséquences cela. A croire qu’ils n’ont rien d’autre à dire… Ou qu’ils pensent avoir trouvé là le nouveau filon qui attirera le chaland et fera vendre du papier ?
Parce que tu comprends, après avoir bien fait flipper tout le monde avec l’insécurité par-ci, la crise par là et les étrangers partout ! Après avoir fait ainsi le lit du FN et même s’y être vautré comme des porcs dans la fange. Ces petits malins de journaleux nous font le coup de la deuxième lame en jouant sur la peur du monstre qu’ils se sont employés à créer… F(rankeinstei)N où le putain de Prométhée Moderne créé de toutes pièces en un assemblage hétéroclite d’idées populassières.
T’as vu le coup de Jarnac ami lecteur ? T’as admiré la manœuvre ? Du grand art !

Ah ça, ils ont bien compris que la peur, cette émotion primale et prégnante, était pour la propagation de leurs salades, un vecteur tout aussi efficace que la puce du rat pour le regretté Yersinia Pestis.
La peur. Le mot est lâché. Tant tellement présente dans notre société. De plus en plus même à mesure que notre confort augmente. Parce que le premier paradoxe de la Peur est là : moins t’as de raisons de craindre pour ta vie ou ton bien être, plus tu te mets à avoir peur de tout et de rien. De rien surtout. Un luxe que nos lointains ancêtres ne pouvaient pas se payer quand chaque jour était une lutte pour la vie. Pas le temps pour avoir peur de son ombre quand tout un tas de dangers létaux te guettent à chaque pas.
En ces temps-là, la peur était concrète, le fruit d’une expérience, la résultante d’un danger réel qu’il convenait d’ailleurs de traiter le plus souvent par la fuite ou l’évitement  : Courage Fuyons !
Par essence, ces peurs-là pouvaient aussi être surmontées à mesure qu’on les affrontait et nombres de progrès techniques purent ainsi être fait en son nom.
Ces peurs-là, définies, comprises, fondées, agissent d’abord comme un mécanisme de défense, un outil de survie, puis comme un moteur de progrès ou de dépassement de soi. Elles peuvent être bénéfiques en quelque sorte.

Mais l’Homme est par nature un être complexe doté de raison, quoi que pour certains on soit en droit d’en douter fortement… Mais bref… L’Homme raisonne donc et ce raisonnement l’entraine au-delà de ces instincts premiers et des réponses induites aux stimuli extérieurs. Il raisonne et il invente… Des raisons d’avoir peur… Des peurs qui dès lors deviennent plus irrationnelles et par là-même, beaucoup plus insidieuses, beaucoup moins productives.
Tiens ami lecteur, et toi ? Quelle est ta plus grande peur ? Pose la question comme cela, à brule pourpoint à n’importe qui et il est de grandes chances que La Peur de la Mort arrive en tête de la somme de toutes les peurs. Non ?
Et pourtant, si tu y réfléchis, la peur de la mort, de sa propre mort surtout, est assez paradoxale en soi. Pour quelle raison faudrait-il craindre un événement qui ne pourra en aucun cas t’affecter faute de pouvoir le percevoir, le comprendre… Faute de pouvoir le vivre en somme ?
Avoir peur de la mort c’est un peu avoir peur de… Rien… Et même le plus courageux de tous les tarés, il flippe et il balise devant le Grand Vide du Néant absolu. Il n’a peut-être peur de rien mais le Rien lui fait peur.
Alors devant ce vide béant, l’Homme a voulu se rassurer en créant un après ! A travers les diverses religions et autres cultes, il a inventé de toutes pièces un Au-Delà. Et pourquoi pas d’ailleurs si cela permettait d’adresser sa plus grande peur… Sauf que…
Sauf que ce faisant et dans son infini connerie, l’homme a trouvé moyen de se créer d’autres sources de peurs. Il n’a plus peur de mourir, il a peur de ce qui se passe après. Ce qui est très con. Parce que pour le coup, t’as vraiment de quoi baliser si tu crois en l’Enfer, au Purgatoire et autres absurdités religieuses qui te promettent moult tourments après ton trépas si tu n’as pas eu une vie rangée selon certains critères moraux imbéciles.
Moi je vais te dire, je préfère la Mort d’avant les religions. Celle ou après il n’y avait rien, nada, fifre, que-dalle… Parce que là, la mort n’était qu’un mauvais moment à passer. Alors que si on adhère à leurs préceptes ineptes, la mort peut être le commencement d’un tombereau d’emmerdes appelées à durer toujours… Ce qui fait quand même un peu longuet, t’avoueras.
Tu me diras ça peut tout aussi bien être le début de félicités éternelles, 10.000 vierges et autres plaisirs, pour peu que tu ais réussi à gagner ton salut à la loterie de la bonne conduite.
Mais du coup, il y a quand même comme un doute sur ton avenir. Non ? Un vache doute même.
Moi, je vais te dire, dans le doute… Je m’abstiens toujours… C’est pour ça que j’ai décidé de ne pas mourir. Ce serait trop con d’aller bruler pour l’éternité moi qui n’aime pas la chaleur.
En fait, les religions ont remplacé la peur originelle du vide par la peur de l’inconnu face à ton destin post-mortem.

Or, moi tu me connais ami lecteur, je ne te cache rien. Alors je vais te dire : la peur de l’inconnu : C’est la pire de toutes en fait ! Et c’est justement sur elle que joue tous les manipulateurs de bas étages qui entendent te faire faire ce que tu te garderais bien de faire si tu y réfléchissais à deux fois.
Parce qu’au-delà des réflexes de fuite cités plus haut, de ceux qui font dire que la peur donne des ailes, il ne faut pas oublier que la peur est aussi un inhibiteur de la pensée. Elle ravale l’homme au rang de la bête bien plus que le rire que dénonçait tantôt Jorge de Burgos.
Tu t’es vu quand t’as peur ?
Et c’est bien pour cela que la peur est un instrument de domination des plus potents et puissants. Ils le savent bien les ceusses qui nous gouvernent.
Les dictateurs de tous poils le savent qui usent de la peur de la répression et du châtiment pour contrôler leurs foules.
Mais nos joyeux démocrates, ou supposés tels, ne sont pas en reste qui eux usent de la peur de l’inconnu justement pour te faire marcher au pas et dans les clous… Avec le troupeau… Ils s’appuient sur cette peur de l’inconnu, voire même la bâtissent de toutes pièces, pour assoir leur pouvoir sur les foules crédules qui gobent leurs sornettes et tendent ainsi le bâton pour se faire battre.
Et le FN, est passé maitre dans cet art.

Le Front National est plus un Parti fondé sur la peur qu’un parti fondé sur la haine comme certains le prétendent voyant l’effet avant la cause. Et c’est pire selon moi. Car la haine est généralement raisonnée, fondée sur un élément concret quand bien même fut-il totalement erroné. Mais la peur, la peur de l’inconnu est, elle, plus difficile à combattre faute d’offrir un angle d’attaque. C’est la reine de l’esquive. Insaisissable.
Alors le FN, et cette droite républicaine auto-proclamée qui tente d’en phagocyter les voix et les idées, et même jusqu’à quelques brebis gauchisantes égarées, tous s’en vont en cœur crier haro sur l’inconnu ! Et jouer sur tes peurs.
Ils connaissent tes problèmes, tes inquiétudes légitimes, sur ton avenir, celui des tiens. La peur des lendemains qui déchantent quand la crise est venue, la peur induite que génère notre monde devenu global et aux limites floues, etc… Une peur de l’inconnu qui conduit les individus ou quelques groupes à se réfugier dans des replis sur soi communautaristes.
Ce n’est plus la peur rationnelle qui nait fasse à un danger concret mais une peur-réponse à des événements dont on a l’impression de n’en maitriser ni les causes ni les effets.
Le genre de peur qui ne va pas tarder à s’accompagner de la désignation de boucs émissaires qui devront alors être cloués au pilori dans l’expression d’une hystérie collective ayant conduit bien souvent aux pires exactions.
Repense à ce brave Yersinia Pestis que je te causais tantôt. Serial Killer avant l’heure. Responsable de millions de morts. Sauf qu’on ne l’avait pas identifié ce petit bacille de rien du tout tant tellement mortellement efficace. Alors on cherchait des coupables… Les Juifs par exemple qu’on réputait empoisonneurs de puits… Tu lis ça maintenant et tu te marres ami lecteur, tu te dis que nos ancêtres étaient décidément des couillons de première.
Sauf que t’es prêt à replonger tête la première dans la même piscine de connerie abyssale.
Et si ce n’est plus la Peste que tu crains, c’est l’insécurité, le chômage, la misère… et il te faut des responsables. Et tant pis si ceux qu’on te désigne ne sont pas plus coupables que les Juifs ne l’étaient des épidémies de Peste.
Haro sur les Roms, les Immigrés, les mauvais-français, les Homos, les uns et les autres, tout ce qui est différents et donc un peu inconnu aussi.
Je vais te dire, d’une certaine manière le mouton est un peu con qui se laisse tondre la laine sur le dos et après se les gèle pendant tout l’hiver. Alors les crétins qui ne voient pas plus loin que le bout de leur bulletin de vote, c’est un peu kif-kif. Ils finiront par l’avoir dans l’os et c’est tant pis pour eux. Sauf qu’il y aura peut-être eu un tas de pauvres mecs qui ne demandaient rien à personne qui en auront fait les frais entre temps.

Et moi j’ai envie de Jean-Paul-Deuxiser… De te dire : n’ai pas peur ami lecteur ! La peur est mauvaise conseillère, surtout en matière électorale. Pour paraphraser les Guignols de l’Info de la grande époque je dirais que la peur peut provoquer un Président et/ou un Gouvernement grave !
Un gouvernement à tendance populiste. Un de ceux qui, pour accéder au pouvoir et te la mettre bien profond, se jette sur tes peurs les plus primaires comme des mouches sur de la merde. Et moi… J’ai peur des mouches.