Je suis un Idolâtre de la Perversité… Et j’en suis
fier oserais-je même ajouter comme un doigt tendu bien haut à la face de ceux
qui voudraient essayer de me culpabiliser, de me montrer du doigt, de me
désigner au courroux d’un dieu qui n’existe même pas… Pas le leur en tout cas,
idole de carton-pâte pour décérébrés…
Oui, ami lecteur, je n’ai pas d’autre choix que de
confesser ce terrible penchant, cette inclinaison funeste, ce péché
capital: j’aime la vie. J'aime la vie et les coquillettes, la musette, la bière, écouter
chanter qui tu veux, sans la bonne vieille goldo parce que je ne fume pas…
enfin pas trop… et jamais de cigarettes.
J’aime aussi paresser à la terrasse d’un troquet,
lorsque l’Automne se fait étonnamment clément et baigne nos journées d’une
douceur qui n’a rien de monotone. J’aime cette mousse légère qui coiffe mon
petit noir ou ma pinte de bière comme une sainte auréole… J’aime ligoter mon
journal ou un bon polar en écoutant la vie qui bouillonne autour de moi. Les
serveurs qui s’activent ; ce petit couple d'amoureux qui se bécotent ; ce petit vieux
qui râle contre la pluie, le beau temps, les impôts, les migrants ; ces 3
mecs qui parlent football, de ce joueur aux pieds carrés, de cette équipe de
caprinés surpayés, de l’OM et du PSG… J’aime m’asseoir à une table avec
quelques vieux potes, parler, refaire le monde, discuter, s’engueuler, n’être
d’accord sur rien et se foutre de tout… Et s’en n’y être jamais allé, j’aime Le Carillon et Le Petit Cambodge, j’aime A
La Bonne Bière et le Casa Nostra,
J’aime La Belle Equipe…
J’aime la musique aussi. Lorsqu’elle est
subversive, corruptrice de jeunesse, blasphématoire… Surtout lorsqu’elle
emmerde les cons en fait. J’aime l’esprit de liberté du Rock et la douleur du
Blues, j’aime la rébellion du Punk et la provocation du Metal, les accords de
guitares, le groove de la basse, les battements de la batterie comme un cœur
qui fait couler en moi cette énergie vitale. Et le temps d’un concert, se
retrouver ensemble. Hommes, femmes, de tous les horizons, de toutes les
conditions, de toutes les religions mais plus souvent d’aucune, l’opium du
peuple ne vaudra jamais un bon cône pour se croire éternel… Tous rassemblés ici
par le même goût pour la musique, par cette même joie de vivre, par ce même
amour de la liberté. De concerts en festivals, comme autant d’instants où le
temps suspend son vol ou rien n’a d’importance que le son qui tombe des
enceintes et les potes qui t’entourent… J’aime ces quelques heures de bonheur,
dans la chaleur d’une salle obscure… et j’aime Le Bataclan…
J’aime le football aussi un peu et le sport en
général, quand il rassemble, quand il se fait spectacle, fête, instant de
partage… Comme ce Flowers Of Scotland
entonné au milieu de mes frères Ecossais par un après-midi de Mars, là-bas, à
Saint-Denis… J’aime ces tribunes où tous se mélangent sous les mêmes couleurs…
Ô il est bien sûr des moments où la connerie se glisse dans les travées, où
quelques mous du bulbe viennent s’agiter et vomir leur haine… Cela arrive et
c’est bien triste, mais cela ne m’empêchera jamais de venir de temps en temps
gouter au plaisir simple d’apprécier une belle partie de ballon, au milieu de
la foule, chantant, dansant, riant, pleurant peut-être si le spectacle est par
trop désolant (toute ressemblance avec une certaine équipe de Rugby…), mais
vivant des émotions que le partage rend encore plus fortes… J’aime mon vieux
Geoffroy Guichard, chaudron magique de mes premiers émois footballistiques… Et
Jean Bouin, Marcel Michelin, Le Parc des Princes, le Vélodrome et même ce
Gerland si tant tellement mal fréquenté… Et tous les autres que je n’ai pas
encore eu la joie de visiter… Et j’aime le Stade de France…
Oui, ami lecteur, j’aime tout ce dont ces empêchés
de la pensarde voudraient nous priver… J’aime la vie quand ils n’aiment que la
mort, la Liberté quand ils ne rêvent que d’oppression, l’Egalité entre tous les
hommes et les femmes quand ils ne parlent que de haine, la Fraternité quand ils
ne sont que division… Aujourd’hui, on a le droit d’avoir peur, la peur n’est
pas synonyme de lâcheté, elle est encore moins un renoncement… On peut la
vaincre, passer outre, l’oublier pour, demain, dans une semaine, un mois ou un
an, venir s’asseoir à la terrasse d’un café, boire une bière en attendant
d’aller s’écouter un bon concert ou avant d’aller suivre un bon match… Au nez
et à la barbe des barbares rétrogrades… On les emmerde !