Depuis hier, la neige tombe en abondance sur les rives du Léman comme si
mon divin ami voulait jeter un voile pudique sur les récents errements
communautaires de mes hôtes Helvètes. Certes les cantons francophones se sont
illustrés par leur farouche rejet des élucubrations de l’UDC, mais la
fédération dans son ensemble a approuvé ses lois iniques. Cela montre toutes
les limites de cette démocratie directe que certain(e)s ahuri(e)s voudraient
voir adopter en France… Si tous les électeurs disposaient de la capacité
nécessaire à l’exercice d’un bon jugement…Cela se saurait… Et il ne faut donc
pas s’étonner que de telles votations imbéciles produisent des résultats qui le
sont encore plus… Faut être logique!
Mais tel n’était pas mon propos en venant ici… Parce qu’au détour de mes
lectures sur divers blogs, j’ai cru voir passer certains échanges revenant sur
le bon (ou mauvais) usage de la Marseillaise sur les terrains de sports.
Et ça me fait marrer de lire tous les tenants d’un patriotisme de mes
belles deux nous livrer leurs théories hallucinantes sur la corrélation entre
les performances de nos sportifs et le fait qu’ils aient chanté ou non la
Marseillaise… Mais ça, j’y reviendrai un autre jour… Pour l’heure, c’est plus
l’Hymne lui-même que je voulais évoquer et surtout ce qu’il est par
opposition à ce que certains décalcifiés du bulbe voudraient en faire…
En prenant soin de commencer par affirmer qu’un hymne national à tout
prendre qu’est-ce ? Une musique certes ! Des paroles souvent !
Mais, faut être logique: c’est surtout un symbole.
Parce déjà le texte, les paroles, par exemple… Benh faut pas non plus trop y
attacher d’importance… Je veux dire, imaginons que je me mette à entonner les
célèbres couplets… Cela ne voudrait pas dire pour autant que j’attende avec
impatience un quelconque jour de gloire, où que je craigne quelque étendard
tout sanglant qu’il fut.
Ma campagne résonne plus des cloches des vaches helvétiques que des
mugissements de soldats…De soldats féroces qui plus est !
Je n’ouvre mes bras qu’à mes ami(e)s et ils sont terminés (mes bras, pas mes amis) par des
protubérances cartilagineuses susceptibles de faire entendre raison à tout
apprenti égorgeur.
Je n’ai point gout pour les armes et encore moins pour marcher au pas
cadencé de quelques bataillons que ce soit. Pas plus que je n’ai de
disposition agraire me laissant supposer que le sang puisse être un engrais
efficace…
Autant dire que ce ne sont pas les mots eux-mêmes qui m’entrainent à
pousser la chansonnette de ma voix mâle et altière. Tu mords la Logique du
truc ?
D’ailleurs, la polémique récurrente sur les paroles même de la
Marseillaise me fait souvent sourire. Oh certes elles sont un brin martiales et
quelques peu violentes mais là n’est point le sujet puisque c’est avant tout un
contexte historique qui a prévalu au choix de cette chanson pour hymne national
de notre belle France.
Parce que, faut être logique: si un certain Général avait entonné
« La Digue du Cul » plutôt que le « Chant de Guerre pour l’Armée
du Rhin » lors du rassemblement des volontaires du midi par un beau jour
de juin 1792, notre hymne aurait été certes un brin plus primesautier mais, avouons-le,
un tantinet moins présentable. Et pourtant, pourquoi le taire, si ledit Général
avait eu cette lumineuse idée, c’est bien cette gaillarde chanson évoquant les
quelques péripéties émaillant un périple entre Nantes et Montaigu, qui serait
aujourd’hui notre hymne.
De même pour la musique, quel que soit son compositeur, de Rouget de
Lisle à Playel, ou quelle qu’en soit sa valeur harmonique, ni l’un ni l’autre ne
furent la raison principale du choix de cette ritournelle comme hymne national.
Personnellement d’ailleurs je ne trouve pas que l’œuvre musicale en
elle-même soit mémorable, manquant singulièrement de variations rythmiques et
autres complexités harmoniques de bon aloi…Tout au plus a t'elle le mérite de sonner agréablement lorsque,
reprise en chœur par de vaillantes poitrines, elle résonne dans les stades du
monde entier. Parce que, faut être logique, c’est sans doute plus un chant fait
pour être repris à l’unisson par une foule en délire qu’une musique savamment
orchestrée que l’on écoute au casque en savourant un délicieux Porto.
Bref, le contexte, plutôt que les paroles ou la musique présidèrent donc
au choix de la Marseillaise et ainsi le morceau n’est-il sans doute pas pire
qu’un autre pour symboliser notre vaillante patrie.
Si on y réfléchit d’ailleurs il est amusant de voir que les détracteurs
de la Marseillaise lui reprochent des paroles jugées trop violentes se basant
sur leur unique connaissance du premier couplet, auquel on résume certes très
souvent l’ensemble de l’œuvre. Je les invites cependant à lire le reste des
couplets et particulièrement le cinquième qui atténue immédiatement l’ensemble
des volontés guerrières affichées en ouverture.
Mais encore une fois les paroles ne sont pas le plus important. Le
contexte l’est beaucoup plus. Tiens, à tous les hemoimpurophobes, je pose cette
question un brin provocatrice : que penseraient-ils de remplacer les
paroles honnies et l’hymne lui-même par un « Maréchal nous voilà »
aux paroles autrement plus pacifiques…Hein ?
Levée de bouclier en perspective, preuve s’il en fallait une que le
contexte est bien le plus important.
Ainsi, il convient d’être logique et de ne voir en la Marseillaise que
la simple et nécessaire célébration d’une révolution qui, comme je l’ai déjà
dit (et d’autres avants moi que les initiés reconnaitront), n’a peut-être pas
éliminé la misère et l’exploitation mais a sans doute contribué à les réduire.
Une révolution bourgeoise plus que populaire et une révolution, somme toute
plus efficace que celles qui suivirent…Une révolution qu’il n’est donc pas
forcément déplacé de vouloir célébrer… Fut-ce au travers d’un Hymne National…