jeudi 17 novembre 2016

La Queue en Trumpette.

Good Morning Lecteur…

Oui. Je sais. Cette introduction, c’est pas du Ronsard, c’est de l’Amerloque… C’est même de l’Amer Loque si tu veux tout savoir… Parce qu’Amer je suis et Loque pas loin de l’être tant tellement j’ai l’impression de vivre un jour sans fin de gueule de bois… Une gueule de bois qui ne doit rien à la consommation sans modération (et puis quoi encore ?) de ses délicats nectars amoureusement distillés par mes amis Ecossais… Une GdB (Pour Gueule de Bois… hein… Pas pour Girondins de Bordeaux, autre sympathique contrée où l’on élève, quoi que pas aussi bien qu’en Rhône et Bourgogne, quelques crus millésimés susceptibles d’engendrer d’autre GdB de bon aloi…) Une GdB de merde quoi…  Une GdB durable surtout… C’est même là son seul intérêt (le coté durable) en ces heures où le négationnisme-climatique vient de se trouver un nouveau champion… Mais j’m’égare…

Alors… Moi, tu me connais, tu sais de quoi je veux te parler… D’ailleurs, ça fait huit jours que je me dis qu’il faut vraiment que je reprenne mon clavier pour venir te causer de la chose… Le moyen de faire autrement ? Je vais même te dire, ami lecteur, si je ne me remettais pas au turbin à cette occasion, autant fermer mon modeste établissement… à ton plus grand dam, certes…
Mais bon, il y a souvent loin des intentions à la réalisation et j’avais beau tourner la chose dans tous les sens, je ne savais pas trop comment l’aborder… Une Loque je te dis… Etat de sidération pareil à ceux qui terrassaient nos braves Poilus… Ou, plus près de nous, les afficionados d’Hanouna…

Sidéré je fus lorsque j’allumais ma radio en ce matin du 9 Novembre… Oh, j’avais vaguement redouté la chose, ayant encore moins de doutes sur l’étendue de la connerie humaine que mon ami Albert… Mais à la vivre vraiment je ne m’étais finalement pas si bien préparé que cela. Du coup, je ne suis pas allé plus loin que cette funeste annonce. J’ai coupé la chique au speaker… et je me suis passé un petit Napalm Death des familles histoire de noyer mon chagrin dans les décibels…
Sidéré je reste depuis (sidéré par la chose, hein, pas par l’écoute des ritournelles de la bande à Barney…) Mais moi, tu me connais, même dans le coma mon cerveau n’en finit pas de tourner… Un peu comme les cons dans une réplique d’Audiard…

Les Cons ! C’est d’ailleurs le premier mot qui m’est venu en tête ce matin-là… Les Cons ! Ils l’ont Fait ! Il est donc vrai qu’ils osent tout… Un visionnaire le Audiard…
Puis petit à petit et à force d’à force… Partant du principe qu’on est toujours le con de quelqu’un, je me suis rendu compte que, les choses étant ce qu’elles étaient, je devais bien me rendre à l’évidence : je me trouvais dans la délicate situation d’être le Con d’une majorité de Cons… Un genre de Con Suprême quoi… Et pour dire le vrai, une fois fait ce terrible constat, il me fallut bien reconnaitre que je méritais ce peu enviable qualificatif…

Parce que bon, aberrations d’un système électoral un peu désuet mises à part et à défaut d’une vraie majorité, il y a quand même un nombre incroyable de cons qui ont participé à cette granguignolade… Il y en a même tellement qu’il est peut-être temps d’arrêter de vouloir tous les mettre dans le même sac ou le même panier comme le disait encore récemment la mère Clinton… Un de ses rares éclairs de lucidité dans cette campagne d’ailleurs…
Là est ma faute, ma très grande faute, celle d’avoir longtemps pensé qu’à moins d’être Raciste, Islamophobe, Homophobe ET misogyne, on ne pouvait pas penser un seul instant voter pour Trump… Et encore moins passer des idées aux actes… J’avais tort…

Parce que si les cumulards (les multi-phobes…) ont bel et bien voté pour Trump, ils ne sont pas assez nombreux pour avoir fait pencher la balance… Non… Le problème, ce que je n’avais pas perçu, c’est qu’une seule des conditions était à présent devenue suffisante… Qu’il suffisait d’être raciste OU Homophobe OU sexiste OU islamophobe pour porter ce frapadingue au pouvoir… Et là… Ca étend considérablement l’échantillon… Et c’est sans doute comme ça et pour ça que des femmes ont voté Trump, que des Hispaniques ont fait de même… Après tout, la connerie n’est pas l’apanage du Male Blanc…

Et puis il y a une autre catégorie de cons, peut-être même encore plus importante celle-là… Les ceusses qui ne voient le mal nul part… Pas franchement racistes, pas vraiment homophobes et encore moins misogynes… Mais qui s’disent que oui le Trump, il exagère un peu sur ceci, voire même beaucoup sur cela mais que pour le reste il a raison…
Pour eux, le Trump, il est un peu comme ce brave tonton qui est quand même un peu con avec ses blagues racistes ou sexistes mais qu’on invite quand même parce qu’il chante bien ou qu’il fait bien la cuisine… Ah non… Pas la cuisine… Ca c’est un truc de bonne femme…
Alors ils ferment les yeux et les oreilles… Ils oublient le coté obscur et ne retiennent que ce qui les arrange… Les cons…

Enfin et surtout… Il y a tous ceux qui honnissent Trump et ses idées mais qui n’ont pas vu en Clinton une alternative acceptable. Ceux qui n’ont pas voulu non plus créer ce Front Républicain qu’on aime tant tellement opposer chez nous à l’autre Front… Ceux qui sont restés chez eux… Ceux qui ont voté blanc (ou plutôt voté Nul devrais-je écrire parce que il y en a qui interprètent un peu trop au pied de la lettre ce fameux vote blanc tant tellement respectable…). Eux aussi ont participé à la chose… Les cons… Et eux plus que les autres me montrent ma propre connerie moi qui aurait peut-être fait comme eux si j’avais été appelé à voter aux Americaines…

Bon… A toute chose malheur est bon… Dit-on… Et on peut espérer que nous… Enfin quand je dis « nous »… j’veux dire… « nous les cons », ceux vus comme tels par la majorité des autres cons (les vrais, les cons garantis 100% naturels…). On peut espérer que nous, donc, saurons tirer les leçons de ce triste événement pour éviter que chez nous (En Frousie comme en Suissaga) un pareil sort nous échoit…
Et je dis bien « nous »… Pas les Z’élites que les médias nous désignent comme seuls responsables de la chose… Parce que si on compte sur les fameuses Z’élites pour nous sortir le cul des ronces… On n’a pas fini d’avoir mal à ce délicat endroit de notre anatomie…

Voilà… J’ai complété la première étape : j’ai admis que j’étais impuissant devant la connerie et que j’avais perdu la maîtrise de mon destin... quoi que pour cette dernière affirmation… J’ai un doute… Mais admettons… C’est quoi déjà les prochaines étapes ? 
« Croire qu'une puissance supérieure à moi-même pouvait me rendre la raison »… Euh… Supérieure au Ytse… Putain… C’est pas gagné ce truc… et ensuite ?
« Confier ma volonté et ma vie aux soins de Dieu… » Et mon cul ? C’est du Poulet ?
« … de Dieu tel que je le conçois. »… Ah… Là… Eventuellement… Il est où d’ailleurs mon Divin Ami que j’ai ? Un bail que je ne l’ai pas vu… Il faut peut-être que je me réapprovisionne en Cognac… J’y vais de ce pas… A plus ami lecteur.


PS : Pinailleur comme je te sais, ami lecteur, tu ne vas sans doute pas manquer de faire remarquer que j’use et abuse un peu de la locution « la chose » dans mon petit texte ci-dessus… Je n’y peux mais… Je n’arrive pas à écrire : « l’élechose de Trump» … Je n’y arrive pas…

jeudi 1 septembre 2016

Emballage Cadeau.

Bonjour ami lecteur et toutes mes excuses pour t’avoir laissé quimper pendant quelques mois et des… Deux cent cinq jours exactement depuis que j’ai pondu ma dernière oeuvrette en ce lieu… Et toi pendant c’temps tu erres dans le désert blogosphérique et tu demandes à qui ça sert tous ces blogs un peu pourris qu’on voudrait te faire lire les yeux bandés… (Oui, j’sais bien que cette dernière phrase ne veut rien dire mais c’était juste pour rendre un p’tit hommage au passage… Vous l’avez r’connu…)

Pourtant c’était pas l’actualité qui manquait, ni l’inspiration et encore moins l’envie… C’est juste que j’avais pas vraiment le temps occupé que j’étais à autre chose… Faut dire que les riches heures du Ytse… Tu les connais… Depuis le temps qu’on se fréquente. Tu sais qu’entre la famille, les aminches, les concerts, la lecture, le sport et ceci et encore cela, tu sais que ce ne sont pas les occupations qui manquent… Et l’écriture, de ce petit bout de blog en a d’ailleurs toujours fait partie… Sauf que…

Sauf que j’ai formé depuis longtemps une entreprise qui pour avoir eu beaucoup d’exemples n’en reste pas moins assez unique lorsqu’on se l’approprie personnellement soi-même… Et ça, ça ma pris du temps… du temps et de la sueur… Pour te la faire courte, tu sais (ou pas) qu’en plus de ce petit espace, je scribouille aussi quelques petites novelettes que je publie de loin en loin sur Atramenta, excellent site offrant ces pages virginales au bon vouloir des écrivaillons en herbes dont je… Bon, si tu vas t’y baguenauder, tu reconnaitras certaines de ces histoires que j’avais plus ou moins aussi publiées ici… Mais tu trouveras aussi quelques inédits…  Bref, jusqu’ici, j’m’en étais tenu au demi-fond de la chose, au 10.000 mots tout pareil aux 10 bornes que se colletine chaque semaine tout quadra sup’ soucieux de garder ligne et forme… Et si t’en fais partie, tu sais que du jogging de père de famille au Marathon, y’a comme une marche un peu haute… Ben là… C’est pareil…

Parce qu’après de longues années d’entrainement et autres essais infructueux, le Ytse a pris son courage à deux mains et c’est lancé dans le Marathon littéraire… Le Roman ! Le vrai… Le pavé dans la marre en espérant qu’il fasse quelques vagues sur lesquelles un éditeur peu regardant voudrait bien surfer…
Des années de labeur… Pis un gros coup de collier plus tard… Hop… J’tenais la chose en main…  Entre temps le Marathon avait plutôt tourné à l’Ultra Trail (Diagonale des Ouf’ de mes belles deux pour azimutés du bocal) et je me suis retrouvé avec pas moins de 374 pages (Arial 9, interligne 1.5, marges doubles)… Ca n’a l’air de rien, mais ça fait dans les 1,272,000 signes et des, ce qui représente pas loin de 800 pages d’un book classique… Faut dire que, toi qui me pratique depuis lulurre le sais bien, j’aime bien les détours et les circonvolutions… Pas de bête ligne droite, plus court chemin vers le néant si tu veux mon avis… Sujet, verbe, complément mon cul… Mais bref…

Alors donc me v’la avec mon pavé sous le bras à battre ceux qui ne couvrent plus nos chères rues depuis que ce con de MacAdam…  De maison d’édition en maison d’édition toutes plus closes les unes que les autres… A faire se relever Marthe et sa clique d’entre les morts… Jusqu’à ce qu’enfin…

Et voilà… Après quelques retouches et autres aménagements… La ligne est franchie… J’ai ma médaille en chocolat… Mon bouquin est disponible dans toutes les bonnes librairies (enfin… dispo sur commande parce qu’en ces temps de rentrée littéraire, tu te doutes bien que les libraires ils font plus la place à Musso et consors…) et sur les sites ad-hoc dans sa version papier (très belle et magnifique à mon humble avis tout à fait impartial) ou dans sa version électronique pour les ceusses qui vivent avec leur temps et leur tablette.

Alors si tu veux ta dose de Ytse à demeure et sans modération… Ben tu sais ce qu’il te reste à faire… Moi de mon côté… J’vais me reposer un brin… et p’t’être que j’en profiterais pour poster un truc ou deux ici si le cœur et l’inspiration m’en disent… Alors viens faire un tour de temps en temps… On ne sait jamais…


mardi 9 février 2016

C'est mort et ça ne sait pas.

Bonjour ami lecteur, et voici le quatre-vingt-treizième article que je t’offre sans que tu n’ais à ouvrir ton portemonnaie. Et pourtant je sais bien à quel point chacune de mes petites scribouilles qui parait est un évènement pour toi.
Alors je pourrais être tenté d’en tirer avantage, de m’enrichir et qui sait, peut-être bien que je pourrais ainsi rejoindre le cercle très fermé des 62 enfoirés qui accaparent 50% des richesses mondiales. Mais moi, tu me connais, toujours le cœur sur la main et des principes plein les fouilles : Gratos le blog à Ytse. Gratuit, mais de qualité hein ? Tu conviens ? Parce que je m’applique, je m’investis, j’y passe du temps, des après-midis entiers, des weekends complets, ne déjeunant parfois que de quelques maigres sandwichs.
Tout ça pour que tu trouves ici une corole d’articles de haute volée où tu peux te délecter à l’envie de mon style inimitable, de mon sens de la formule, de mes analyses aigües et pertinentes et autres qualités indéniables. Mais bon, ce n’est point pour t’énoncer ces vérités bien établies que je t’écris ce jour. Non, je voulais te parler des apôtres de l’orthodoxie orthographique qui se postent vent debout contre la soi-disant réforme de l’orthographe dont te causent les journaux.

Ah les cons. Ah les sinistres personnages que voilà. Des criminels ! Ni plus ni moins. Des assassins qui voudraient faire passer notre belle langue de vie à trépas et qui en sont fiers les bougres. Les mêmes fâcheux qui crient, qui pleurent et qui s’indignent chaque fois qu’un mot venu d’ailleurs s’invite dans notre dictionnaire. Ce mot d’origine étrangère, et par là même, douteuse, encore moins bienvenu chez nous qu’un migrant Syrien. Je les hais ces horribles qui ne veulent pas comprendre que notre langue n’est belle que parce qu’elle est vivante et qu’elle n’est vivante que parce qu’elle évolue, mue et se développe…

Attention, il ne s’agit pas ici de balayer d’un geste les us, les coutumes et autres règles orthographiques. Etre vivant implique nécessairement d’avoir un passé, un présent, un avenir.
Un passé puisque rien ne se crée ex-nihilo. Un passé et un patrimoine dont il faut être fier, un passé qu’il faut respecter, mais un passé qu’il faut aussi savoir regarder dans les yeux et le juger à l’aulne du temps présent.
Le présent d’ailleurs, le présent et son contexte : le vaste monde qui nous entoure, cette branloire pérenne dont nous parlait qui tu sais. Un monde qui vit lui, qui change donc et de plus en plus vite.
Et l’avenir donc, un avenir peut-être, un avenir si… Si et seulement si on sait s’adapter, se préparer, évoluer. Tu as lu Darwin ?
Un passé et un présent notre belle langue en dispose sans conteste mais pour qu’elle ait un avenir, il nous faut faire la chérir, la couver, la protéger comme si elle était un petit être fragile et sans défense. Un enfant. Notre enfant à tous et envers lequel nous avons des devoirs. Et comme pour un enfant, il faut lui donner un cadre et des règles. Mais pour qu’ils soient efficaces, il faut qu’ils soient adaptés, qu’ils sachent évoluer avec l’enfant qui grandit et son univers qui change.

Et c’est là où les chantres de l’orthographe selon grand-papa se trompent, pire, c’est là qu’ils te trompent ami lecteur de peu de jugement. Ils nous mentent tout autant que les fâcheux populistes qui nous sortent les statistiques les plus improbables, et les plus imaginaires, à l’appui de leurs diatribes contre les étrangers, les musulmans, les homos ou tous ceux qui ont le malheur de différer quelques peu de leurs normes imbéciles.
Ils nous mentent en présentant ce qu’ils nomment réforme de l’orthographe comme une gabegie totale et la porte ouverte à toutes les fenêtres de l’acculturation. Acculturation d’ailleurs. Un autre mot qui sert bien souvent les intentions malsaines des populistes dont je te causais plus haut. Mais c’est une autre histoire sur laquelle mon excellent article sobrement intitulé Ca Tourne au Vinaigre t’apportera tous les éclaircissements nécessaires.
Ils nous mentent parce qu’au contraire, les corrections apportées ne font que renforcer les règles, les clarifier, les homogénéiser et par là même, ne font que les rendre plus facilement mémorisables et par là même, plus facilement applicables.

Ils nous mentent aussi en voulant nous faire croire que de vieux principes du XVIème siècles et des traditions imbéciles puissent être garantes d’un bon usage des mots et de leur sens. Mensonge quand justement, certains de ces usages n’avaient de sens aucun. Je te prends un exemple : on écrivait événement et on prononçait évènement, tu parles d’une logique à la con. A part rendre l’apprentissage du français inutilement abscons et compliqué à aborder pour les malheureux barbares (je t’invite à aller voir l’étymologie du mot avant de te rependre en inutiles harangues à mon endroit) qui voudraient faire l’effort méritoire d’apprendre notre langue.
Alors, j’en entends qui vont me dire que de parler français, ça se mérite, que l’effort d’apprentissage est au moins aussi nécessaire que l’effort d’intégration demandé à tout individu exogène désirant se métamorphoser en un indigène de bon aloi. Moi je veux bien. A condition que ce ne soient pas les mêmes qui viennent chouiner régulièrement parce que l’usage de notre bel idiome se perdrait sur la scène internationale. Parce que faut pas s’étonner mes cons. Moi j’vais te dire, je suis né français et j’en parle conséquemment la langue mais si tel n’avait pas été le cas, je ne suis pas certain que je me serrais cassé la nénette à essayer de maitriser les règles biscornues qui en régissent l’usage.

Et puis, ne sont-ils pas ridicules jusque dans le choix de leur bannière nos thuriféraires de la rigueur orthographique. Je suis circonflexe ! Tu parles d’un crédo. Alors, moi, je n’ai rien contre cet accent qui n’est pas plus con qu’un autre au ton grave ou à la voix aigüe, mais avoue quand même que bien souvent on se demande ce qu’il vient faire ici. Je veux dire, à part apporter ici ou là une distinction de sens plus ou moins utile, à quoi sert-il ce bon vieux chapeau chinetoque. Hein ? Il était grand temps de s’en débarrasser si tu veux mon avis.
Mais le pire dans l’adoption de l’ami circonflexe comme drapeau lorsque l’on entend s’opposer à un dépoussiérage du français, c’est qu’il est surtout lui même un symbole de l’évolution de la langue, qu’il est aussi la marque d’infamie d’une précédente réforme et que ce bon vieux « S » pourrait très bien manifester à son tour : « Circonflexe m’a tuer » pourrait-il scander en manifestant son courroux en défilant avec les mots qui se virent privés de sa présence. Je te prends le fenestre d’antan, si mignon, si parfait avec son « S » précédent élégamment le « T ». Il ne demandait rien à personne et poum : supprimé, effacé, désintégré. A tout prendre, je n’ai rien contre. Pourquoi pas. Mais alors pourquoi aller rajouter ce putain d’accent de mes belles deux au dessus du « E » ? Pourquoi ? Ils n’assumaient pas leurs élisions les censeurs d’alors ? Ils regrettaient leurs coups de ciseaux ? Tu parles d’une bande d’éburnés. Ils en étaient tellement honteux d’avoir coupé du « S » en pagaille qu’ils en oublièrent toute logique et laissèrent perdurer un curieux défenestré. C’est eux qu’on aurait dû vaguer par la fenestre, moi je dis, et leur nouveau dictionnaire avec.

Un dernier détail, lecteur éclairé, ce qui donne vie à une langue, n’est-ce pas le Verbe. Non, pas le verbe, partie du discours désignant le processus évoqué mais le discours lui même. Le Verbe. La Parole quoi. Celui qui était au commencement de tout. Et là, seule la syntaxe compte et la grammaire aussi un peu, mais l’orthographe ? Hein ? A quoi sert-elle cette orthographe dans le discours ? Dès lors, sans bien entendu nier l’importance de l’écrit, on peut concevoir que, dans l’usage courant de notre langue, lorsqu’on la parle, la murmure, la crie ou la chante, on n’a pas à se préoccuper de la bien orthographier. Les combats d’arrière-garde menés par les conservateurs prennent tout de suite une importance plus relative.

Pour finir, je vais t’avouer une chose, cette modification de l’orthographe, je ne suis ni pour, ni contre. Bien au contraire. Mais si j’ai commis ce petit papier, c’est sous le coup d’une saine colère à force d’à force d’entendre les cris d’orfraies des sectateurs de la tradition orthographique. Ils finiraient presque par me faire prendre parti, ces cons, moi qui aurais plutôt une tendance naturelle à la neutralité dans ce domaine. Moi qui aimerais en l’espèce pouvoir faire cohabiter mon attachement viscéral à ce trésor patrimonial qu’est notre beau français si tellement mélodieux et harmonieux et ma passion pour la liberté. J’avais toujours pensé qu’une maitrise minimale des normes orthographiques ne devait être que le socle sur lequel on bâtissait ensuite la rampe de lancement de notre créativité, que tordre notre langue à des fins littéraires, qu’en briser les règles, se faisait d’autant mieux lorsque l’on maitrisait ces dernières. Je le pense toujours d’ailleurs, mais je me demande si je ne vais pas laisser encore plus la bride sur le cou à mon inventivité et que s’il faut appeler un chat un chat, pourquoi ne pas écrire un chien un chiain ?



PS : Dans le premier paragraphe de cette œuvre ébouriffante, j’ai mis en pratique l’essentiel des modifications apportées par la pseudo-réforme. Je te laisse trouver lesquelles.

vendredi 15 janvier 2016

Trois petits mots...

7h12 affiche mon réveil d’un air moqueur alors que mon fils pénètre dans notre chambre après avoir semble-t-il enfoncé la porte… Peut-être n’a-t-il d’ailleurs fait que l’ouvrir un peu violement parce qu’à la voir, là, encore bien posée sur ses gonds, je me dis qu’elle ne parait pas avoir tant que ça souffert de l’outrage. Le bougre saute dans notre lit. Réveil en fanfare et sourire de ma femme qui s’étire avant de se tourner sur le côté pour me regarder avec un air qui ne me dit rien qui vaille.
— On est le 31, me lance-t-elle en guise de bonjour.
Je me dis que oui, nous sommes, certes, on est, mais encore ? Devant mon air perplexe, elle se contente de préciser :
— Il te reste moins de Dix-sept heures…
Ah. Me voilà bien avancé. Il semblerait qu’un ultimatum quelconque vient de m’échoir mais je n’ai pas le moindre début d’une idée quant à son contenu et par là même quant à ce que je dois faire pour m’y conformer.
— Je sais, hasardai-je pour donner le change avant de me lever pour aller me réfugier dans les toilettes histoire de méditer un peu sur le sujet.

Connaissant ma femme, à la façon qu’elle a eut de me balancer sa petite phrase en forme d’éphéméride, je ne me fais aucune illusion. Je dois résoudre l’énigme. Il en va de ma quiétude et de ma sérénité pour l’année qui s’annonce pas plus tard que dans… Dix-sept heures justement. Cette pensée m’éclaire soudain : « On est le 31 » a-t’elle dit et « Il te reste dix-sept heures » a-t’elle ajouté. Il y a sans doute bien des choses pour lesquelles le 31 décembre est une échéance impérieuse mais parmi celles-ci, les bonnes résolutions prises au crépuscule de l’année précédente arrivent souvent en tête.
Bon, m’interpelai-je en sortant des toilettes, quelle promesse inconsidérée ai-je bien pu énoncer au soir du 31 décembre dernier ? Une promesse que je me serais donc empresser d’oublier. Je peux déjà rayer le mariage de la liste. Nous nous sommes effectivement passés la bague au doigt au mois d’aout après 11 ans de vie commune et deux enfants, mais nous travaillions à la chose depuis près de 18 mois et ma demande, en bonne et due forme, remontait à décembre… 2013. Putain deux ans !
Je doutais aussi qu’il ne puisse s’agir de la paire de boucles d’oreille en diamants que je lui avais offertes en janvier. Elles m’avaient coûté un bras et les deux reins mais c’était une surprise. Ma femme m’avait certes laissé moult fois entendre qu’un tel présent la comblerait et ce n’était point tombé dans l’oreille d’une sourd, mais je ne m’étais engagé à rien. J’avais d’ailleurs hésité jusqu’au dernier moment comme le montrait la course lente de mes doigts tremblants sur le clavier de la machine au moment d’entrer mon code de CB, pour soulager mon compte bancaire d’une somme astronomique. Il ne pouvait s’agir de cela.

Le petit déjeuner passa sans que je sois plus avancé. J’avais beau me creuser les méninges, je ne trouvais pas. Je ne me rappelais d’ailleurs tout simplement pas avoir formulé la moindre résolution. Même la plus banale. Je ne fume pas, je bois avec modération, je fais du sport, il ne fallait donc pas chercher en direction du traditionnel triptyque.
Sous la douche, il revint à ma mémoire le souvenir d’une promesse de surveiller mon langage qui peut effectivement s’orner parfois de quelques vulgarités, particulièrement lorsque je conduis et qu’un sombre connard me coupe la route ou qu’une pétasse se gare en double-file pour épargner à ses lardons les deux cent mètres entre la place disponible la plus proche et le portail de l’école… Mais cet engagement datait de l’année d’avant et je l’avais foiré dans les grandes largeurs. Il ne pouvait s’agir de cela non plus.

En parlant de voiture, il est temps d’aller chercher chez le traiteur la dinde farcie à je ne sais quoi que ma femme a commandée pour le réveillon. Les courses ? Non. Ca fait un bail que je les fais presque autant qu’elle et les tâches ménagères restent dévolues à notre femme de ménage brésilienne, experte en la matière. Merde, impossible de se garer dans cette putain de ville… Oui, je sais, mon langage… Mais bon. Il ne me reste plus qu’à aller jusqu’au parking en priant pour que le traiteur ait bien emballé la dinde et sa garniture pour que je puisse me la trimballer sans encombre depuis l’autre bout de la ville… Enfin presque.
Retour maison et la dinde au réfrigérateur. Toujours pas la moindre idée et il est midi pile. Douze heures. Pas une de plus pour me souvenir de ma résolution en espérant qu’elle soit de celles qui puissent se réaliser en un laps de temps très court.
Le déjeuner se passe et je surprends encore le petit regard en coin de ma femme alors que nous buvons notre café. J’suis dans la panade. J’en ai jusqu’aux genoux et cette bonne vieille horloge continue d’avancer.

Tiens, si j’allais jouer un peu de guitare. Ma femme se fait couler son bain, première étape du complexe process de sa mise en beauté en perspective de la soirée à venir. Baumes divers, maquillage, strass et paillettes, je me tue à lui dire qu’elle est mieux sans tout ça… Vous connaissez la chanson. Le petit dernier est à la sieste et la grande a entrepris de combler son retard dans les épisodes de Chica Vampiro. J’ai donc un peu de temps libre. J’allume l’ampli et envoie quelques gammes histoires de me chauffer les doigts. Des penta mineures… J’ai le blues… Il me reste moins de dix heures. Au bout d’une demi-heure de cette activité solitaire, l’idée m’effleure que j’ai pu m’engager à passer plus de temps avec elle et les enfants et moins avec mes potes, mes guitares et mes bouquins. Pour les potes, elle n’a pas à se plaindre, je n’ai fait que deux concerts… et le Hellfest bien sûr. Mais ça, ça ne compte pas. Un bel effort par rapport aux années précédentes. Pour la guitare, je ne pense pas avoir abusé et quant aux bouquins, elle m’en a offert trois pour Noël, que j’ai certes dévorés illico, mais elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même : un de Frédéric Dard et deux de Thierry Jonquet, elle prenait de sacrés risques. Ca ne peut pas être ça non plus.
Bon, le petit doit être réveillé maintenant. Je remonte. Il dort toujours en fait, et ma femme est passée à la séance coiffure alambiquée avec force bigoudis chauffants et autres peignes soufflants. La grande bouquine dans sa piaule. Tout est sous contrôle. Sauf ce satané truc que je dois faire dans les… huit prochaines heures. La Panade. J’en ai jusqu’à la ceinture et cette bonne vieille horloge continue d’avancer.

Ma femme me suggère amicalement qu’il serait de bon aloi que je commence à me préoccuper du repas, en dressant la table par exemple et en commençant par préparer les canapés et autres petits-fours qu’elle avait prévus de servir à nos invités. Je m’y attelle donc tout en continuant de cogiter à mon problème. En vain. La table est mise et les amuse-gueules prêts et moi je suis de plus en plus désemparé. Le petit s’est réveillé entre temps et je le fais goûter avec sa sœur : tartines de Nutella. Ma femme étant passée à la séquence maquillage, peu de chance qu’elle ne descende pour nous surprendre en flagrant délit d’entorse à ses prescriptions alimentaires… Le Nutella ? Non. Même si ma vie en dépendait je n’aurais jamais pris le moindre engagement sur le sujet. Il y a des limites à tout.
Ma femme descend, rayonnante, éblouissante, étincelante (les fameuses boucles d’oreilles y participent un peu) même en peignoir. Elle m’invite à aller me préparer moi-même. Les invités, deux couples d’amis et leur descendance, sont attendus pour dans un peu plus d’une heure… Et moi il ne m’en reste plus que six pour ce que vous savez. Panade, jusqu’à la poitrine, vieille pendule qui avance et avance encore…

Deuxième douche de la journée, rasage, after-shave, une touche de Tsar by Van Cleef & Arpels, un coup de peigne. Fin prêt. Ma femme a sorti mon costume. Enfin un costume. Le bleu foncé. Pas celui que j’avais pensé mettre. Tant pis, ce n’est pas le moment de me la jouer rebelle. Va pour le bleu foncé donc. Chemise blanche, cravate bleue. Et voilà. En redescendant, je la croise qui me demande d’habiller le minot et de surveiller que sa sœur mette bien la tenue qu’elle lui a préparée. Elle aurait du être costumière ma femme. Bien évidemment, tous ces préparatifs n’ont pas fait avancer ma réflexion. Coup de sonnette ! Putain de Delalande. Toujours à l’heure. Je dégringole les escaliers et joue mon rôle d’hôte avec attention. L’apéritif se passe, puis l’entrée, la dinde et le fromage… Et le temps itou. Panade. Jusqu’au cou et la bonne vieille horloge qui ronronne au salon que s’en est pénible à la fin de voir avancer ces aiguilles.

Pierre me parle de son dernier procès et Jojo de leur nouvelle maison à Zermatt, et moi je dis que bravo, que c’est super, que je suis content pour eux mais je ne les écoute que d’un œil, l’autre revenant sans cesse à la fameuse pendule. C’est mort. Je le sais. Même si, par un improbable miracle, j’arrivais à me souvenir de ma promesse, je n’aurais sans doute plus le temps de pouvoir la réaliser. Tant pis.
Ma femme revient avec une buche au Cassis et Marrons. Il est 23h25, juste le bon moment pour passer au dessert pour que minuit nous voit prêts à nous embrasser pour se souhaiter tout un tas de chouettes trucs et de beaux machins pour la nouvelle année. La buche est délicieuse même si je ne peux pas l’apprécier à sa juste valeur, mon estomac se nouant à la perspective des douze coups à venir qui scelleront mon destin. Panade. Par dessus la tête… Glouglouglou…

23h52.
— Tu nous sers le Champagne ! suggère ma femme en se dirigeant vers la cuisine pour aller chercher les mignardises sensées accompagner les petites bulles mordorées.
Je la suis, trainant les pieds comme un qui monte à l’échafaud. Cette fois, c’est la fin. J’entre à sa suite dans la cuisine. Elle se retourne, s’adosse au plan de travail et me sourit. Elle est magnifique dans sa robe noire un peu moulante, juste ce qu’il faut. Alors je m’approche d’elle et je la prends par la taille. Je la serre contre moi et dépose un léger baiser sur ses lèvres si douces.
— Je t’aime, susurrai-je à son oreille.
— Ah… Et bien on peut dire que c’était moins une, dit-elle alors en souriant encore plus.


Je ne comprends d’abord pas et puis tout me revient. La soirée du nouvel an l’année dernière, chez Jojo et Margot. Et elle qui m’avait reproché dans la voiture sur le chemin du retour de ne jamais lui dire que je l’aimais. Je ne sais plus comment la conversation avait commencé mais ça n’a pas d’importance. L’important c’est que je m’étais laissé aller à lui promettre qu’en 2015 je lui dirai plus souvent les trois mots attendus. Elle s’était moquée en disant qu’il suffirait d’une fois. J’avais promis plus. Si mon compte était bon, avec celui de ce soir, j’en étais à deux. Bonne résolution 2015 tenue. Ouf !