« Qu’est-ce que tu fais ? ».
Question indiscrète tôt le matin devant mon ordinateur. Pas moyen de bloguer en
Paix*…
« De
l’ordinateur. ». Répondis-je avec le sens de l’à-propos et la sincérité
qui me caractérisent.
« Oui
mais tu fais quoi ? ». Insiste Miss Couette avec toute la conviction
de ses bientôt cinq ans…
« Benh
j’écris… ». Tentais-je d’éluder avant de céder devant ses grands yeux
bleus qui imploraient une réponse plus consistante, et de préciser donc :
« J’écris sur mon blog. ».
Et
elle de relancer : « C’est quoi un Blog ? ».
Poum.
Question foudroyante, incisive et percutante comme seuls les enfants savent en
poser et à laquelle tu t’apprêtes généralement à répondre plein d’assurance et
de sagesse avant de rester bêtement la bouche ouverte et la pensarde en roue
libre en t’apercevant que… de réponse claire et précise tu n’as pas… Alors,
comme le Ytse est un père modèle, il ne saurait évidemment pas tomber dans la
facilité consistant à proposer à l’enfant d’aller voir ailleurs, dans sa chambre
par exemple, si il y est ou, encore plus connement, de lui affirmer qu’il est
trop jeune et qu’on lui expliquera plus tard en priant pour que le temps fasse
son œuvre et que l’embarrassante question se dissipe dans les limbes de
l’oubli… Non. Pas de ça… Responsable le Ytse. Soucieux de répondre aux attentes
de sa progéniture.
Je
repoussais donc ma chaise, caressais ma barbe pour me donner contenance et le
temps de réfléchir, avant de me lancer dans une explication que je te livre ici
en la simplifiant à l’extrême, conscient que tu ne jouis pas des remarquables capacités
cognitives de ma petite Princesse.
Or
donc, un Blog à tout prendre qu’est-ce ? Je t’épargnerai bien évidemment
la simple définition du mot que même toi dois pouvoir trouver dans le premier
dictionnaire venu… Ou plutôt sur Wikipédia devrais-je écrire pour ne pas me
faire traiter de ringard.
Parce qu’aller
te dire qu’un blog est « …un type de site web – ou une
partie d'un site web – utilisé pour la publication
périodique et régulière de nouveaux articles, généralement succincts, et
rendant compte d'une actualité autour d'un sujet donné… »… Ça t’avancerait à quoi ? Et puis
c’est quoi cette définition qui pose qu’un blog se doive d’être « … généralement succinct(s)… ». Et
puis quoi encore ? Ou alors il conviendrait de définir la longueur ad-hoc,
la métrique parfaite, la mesure en toute chose qui fait d’un blog un blog…
Parce que moi tu me connais, si je ne peux pas digresser à l’envie, point de
plaisir dans l’écriture… Donc succinct… Mon cul… Si je puis me permettre…
Mais bref, la
définition wikipedesque n’apportant rien au débat, elle est de celle qu’on
écarte, comme toutes les autres qui se contentent de n’évoquer que le
contenant.
D’un autre
côté, vouloir définir les blogs par leur contenu relève de la véritable gageure
tant tellement la forme comme le fond desdits contenus sont nombreux et variés.
En fait, il m’est vite apparu plus judicieux d’expliquer à ma Titounette
pourquoi je passais chaque semaine quelques heures de mon précieux temps à
pondre mes inénarrables articles et à répondre aux commentaires qu’ils
suscitent parfois.
D’ailleurs, j’ai
déjà levé un coin de voile sur ladite explication dans le paragraphe ci-dessus
que tu as déjà dû oublier mais que tu peux relire si besoin…
Le Plaisir de
l’Ecriture, avec les Majuscules pour bien te faire comprendre l’importance de
la chose…
Le Plaisir
d’abord. Le plaisir comme seul et unique moteur pour s’atteler à la tâche. Un
parmi tant d’autres dans les riches heures de la vie d’Ytse le magnifique…
Entre l’amour des miens, la famille, les amis… Tous ces moments de partage qui
font la vie plus belle… Je m’adonne aussi à quelques plaisirs solitaires que la
morale ne réprouve pas et que quand bien même je m’en tamponnerais le
coquillard vu que la Morale… Tu sais où je me la mets.
Le plaisir de
quelques bonnes feuilles judicieusement reliées et encore mieux écrites et qui
rendent hommage aux arbres qu’il a fallu abattre pour les imprimer.
Le plaisir de
quelques notes hurlées par une guitare, bien évidemment saturée, ou le gosier
enflammé d’un chanteur à coffre et à voix…
Plaisirs
passifs si l’on peut dire que j’apprécie encore plus lorsque, à mon humble
niveau, je tente de passer de l’autre côté du miroir.
Le plaisir
d’attraper une guitare, de la brancher dans l’ampli ad-hoc et d’envoyer la
sauce…
…et le plaisir
d’écrire donc…
Oh combien de
romans, combien de nouvelles,
Qui sont
sortis joyeux, de ma fertile cervelle,
Dans de mornes
horizons ce sont évanouis !
Combien ont
disparu, dure et triste destinée,
Dans des
tiroirs sans fond, des corbeilles à papiers,
Sous l’abondante
poussière à jamais enfouis.
Longtemps, je
me suis couché tard. Parfois, à peine mon écran allumé, les mots sortaient si
vite que je n’avais pas le temps de me dire : « J’écris ». Et une
demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher un sujet m’éveillait…
Et de sujet j’en avais trop et pas assez de mots pour les aborder tous, ou de
talent pour mettre ces mots en forme… A moins que je ne manquasse de
persistance dans la démarche… Quoi qu’il en soit, ce plaisir d’écrire fut bien
longtemps du domaine de l’éphémère… D’aucuns diraient : de l’inutile… Car
si les écrits restent ils ne le font que pour être lus… Non ? Tu ne penses
pas ?
Alors les
blogs… Les blogs comme une putain de Méthadone… Un palliatif, un ersatz…
Ceux des
autres d’abords où je laissais quelques commentaires au gré de mes humeurs et
de celles des autres contributeurs. Galop d’essai. Pied à l’étrier. Passage
nécessaire avant les grandes envolées…
Quoi qu’alors
déjà, on me reprochait mon style ampoulé, mes tournures de phrases alambiquées,
mes digressions intempestives et tout un tas d’autres défauts aux yeux de ceux
qui pensaient que parler football ne peut se faire qu’avec un vocabulaire
réduit à sa portion congrue et une syntaxe plus mince encore…
Mais très vite
le besoin d’espace se fit sentir… Un peu comme le marin d’eau douce qui en a
quine de cabotiner sur les lacs étals dans son Optimiste en polycarbonate et
rêve d’horizons lointains et d’alizés gonflant les voiles d’un trois mats au
port altier.
Vite, mon
blog… Mon petit espace à moi… Oui mais comment-qu-on-fait ? Tout aussi
technopathe que le Pirate le Ytse…
Alors tu
penses que l’invite qui lui fut faite de rejoindre une communauté créée pour
l’occasion et de pouvoir déposer ses contributions sur un espace mis à sa
disposition, sans avoir à se préoccuper de quelques soucis techniques que ce
soit… La belle aubaine…
Et vogue la
galère… Enfin, j’écris galère mais l’image est impropre, parce que l’aventure
fut belle, riche et poilante, n’en déplaise à quelques mous de la coiffe qui, à
l’heure où ladite aventure s’achevait, certes en eau de boudin, poussèrent
l’orgueil mal placé jusqu’à parler d’esclavagisme et de travail dissimulé…
Parce qu’ils auraient voulu être rémunérés pour leurs œuvres les cons… Bref…
La fin
prématurée, mais finalement bénéfique, de la plateforme en question me poussa vers
l’émancipation et, inspiré par une muse portée disparue depuis lors, je m’en allais
ouvrir mon espace personnel sur une célèbre plateforme… Ce n’était d’ailleurs
pas la mer à boire côté technique et ainsi naquit la première mouture de mon
œuvre bloguesque…
Que de chemin
parcouru depuis lors.
Mais bon,
cette histoire tu la connais puisque tu me suis depuis mes débuts… et si pas,
benh il te suffit de remonter le fil de mes articles et le cours de l’histoire
pour voir de quoi je parle…
Et donc le
plaisir d’écrire que je te causais… Essentiel et vital… Mais pour écrire
quoi ? Parler de quoi ?
Benh de tout
et rien mon con… De tout et rien… Causer de la pluie et du beau temps, de mes
gouts et de la couleur du monde que je trouve de plus en plus gris merdique
(toute ressemblance avec la couleur d’un certain véhicule…etc…etc…). Selon mes
envies du moment… Selon mes besoins… Besoin d’en rire parfois… Humour sans
doute un peu noir, un peu pessimiste sur la nature humaine qui ne me surprend
pas plus que la nana de l’ami Eicher...
Besoin de
gueuler aussi… De dire les choses comme elles le sont… Appeler un con un con… Ça
ne mange pas de pain et ça fait du bien…
D’autant
qu’eux ils ne se privent pas… Hein ? Tu t’en es aperçu aussi, n’est-ce pas ?
Les cons ça s’expriment et même de plus en plus comme je le faisais remarquer
tantôt à un mien ami. Ils ne reculent devant rien à présent… Fête au village…
Liberté d’expression brandie en étendard à leurs idées nauséabondes… Ils
occupent la place… Crient, pleurent et s’indigent mais surtout bavent, bavent
et re-bavent leurs petites haines mesquines, grotesques et dégueulasses…
Alors crier
aussi… Crier tout seul peut-être et pas bien fort sans doute… Mais crier… Avec
parfois un écho à sa voix… une réponse… un cri à l’unisson…
Enfin quand je
dis crier, je veux dire écrire en l’occurrence, mais tu m’avais compris… Ecrire
pour en rire plutôt que d’en pleurer…
Se marrer,
rigoler des cons avec Frédéric Dard en guise de tuteur et pleins d’autres
aussi… Petites références dont je m’amuse à saupoudrer mon propos... Petits
emprunts plus ou moins fidèles aux uns et aux autres au détour d’une phrase, à
la croisée d’un paragraphe… Clins d’œil plus ou moins appuyés à l’attention de
ceux qui les comprennent. Le plaisir je te dis… De jouer avec les mots et leur
agencement… De les tordre aussi un peu… Quoi ? Tu dis ? L’orthographe ?
Ouaip… D’accord…
Je pourrais sans doute me relire plus attentivement mais bon… Ça me
gonfle ! C’est un peu comme la musique quoi… Le rock surtout… Un petit
pain de temps à autre… C’est inévitable… Ca fait le charme du truc aussi… Point
trop n’en faut sans doute mais le feeling avant tout… Et le plaisir aussi et
encore…
Tu me diras,
non sans une certaine pertinence pour une fois, que si tout est dans le plaisir
d’écrire, pourquoi le publier ? Pourquoi en faire réclame ? L’exposer
à la vue des quidams de passage ?
Bonne question…
A laquelle je répondrai que pour tout agréable qu’il puisse être dans sa
version solitaire, le plaisir ne vaut vraiment que si il se partage… Aussi me
prends-je à souhaiter que mes petits papiers suscitent quelques sourires,
provoquent quelques émotions, amusent la galerie et que ceux qui les lisent y
prennent aussi un certain plaisir… Et comme dans une partouze… Plus on est de
fous plus on rit… Non ?
Or, même dans
une de ces soirées débridées il est important de veiller à la qualité des participants…
Et il en est de même pour un blog je pense… Dure leçon apprise à mes débuts
quand ma gentillesse proverbiale me conduisait à laisser tribune à la lie de la
blogosphère… Quelques individus sans foi ni loi qui en profitèrent lâchement
pour y commettre les pires avanies au point que je dus changer de crèmerie et
ouvrir un nouvel espace où je pourrais ne laisser entrer que des individus de
bonne compagnie. Et ainsi fut fait.
Enfin, pour ce
qui est de permettre les commentaires je veux dire… Parce que pour le reste,
mon blog est bien évidemment libre d’accès à toutes et à tous qui peuvent donc
lire mes géniales contributions et s’en ébaubir, s’en émouvoir, s’en moquer
éventuellement ou même s’en étouffer de rage… Mais pour ce qui est de
contribuer… Pas de place pour les fâcheux… Ils peuvent aller se faire pendre en
d’autres lieux… Lieux où ils peuvent aussi aller déverser leur aigreur et leur
haine… Hein ? Libre à eux d’aller dire tout et son contraire sur mes
petits papiers… Mais pas chez moi… Y’a plein d’autres blogs pour cela.
D’ailleurs, je
vais te confier un truc, ma première intention lorsque j’ai ouvert la présente
mouture, était de ne point laisser la possibilité à quiconque de déposer un
commentaire… Et pour dire le vrai, l’idée me titille encore… Seule l’excellence
de certaines contributions me fait encore hésiter… Mais d’ici quelques temps et
peut-être avant, pas dit que le Ytse ne ferme pas cette partie de la boutique…
On pourra toujours se retrouver quelque part pour les éventuelles réponses ou
commentaires à mes élucubrations. Je verrai à la rentrée, après mes vacances
largement méritées… Pas pour tout de suite hein… Ne t’inquiète pas… Il est
encore là tout le mois de Juillet l’ami Ytse… De quoi avoir le temps de te
pondre encore un ou deux articles après celui-ci…
Enfin, voilà
en substance ce que j’expliquais à ma Mistinguette qui n’écouta qu’à moitié la
fin de mon discours, accaparée qu’elle se trouva bientôt par le dernier numéro
de Rock Hard que j’avais laissé trainer près du canapé.
Et tu sais
donc toi aussi, tout ou presque de ce qui me pousse à écrire ici et du plaisir
que j’en retire. Tu auras donc aussi compris que seuls quelques constipés du
bulbe peuvent trouver intérêt à s’employer à faire l’exégèse de ma prose pour y
chercher matière à m’agonir ensuite d’injures et de sarcasmes… Et moi je me
marre à chacune de leurs pitoyables saillies qui ont le mérite de prouver que
mes petites flèches ont atteint leur but et leur piquent le cul, l’orgueil et
le reste aussi… Qu’il est doux et bon d’emmerder les cons…
Et donc tu
l’auras compris, je trouve suffisamment de menus plaisirs dans l’écriture de
mes divagations que je n’en attends rien d’autre. Donc ne me remercie pas pour
les quelques moments de détente que je t’offre… Tout le plaisir est pour
moi !
*
Toute ressemblance entre cette
introduction courte et percutante et les premières lignes d’un billet épique,
concocté par un célèbre camarade, n’est aucunement fortuite mais participe du
clin d’œil amical… N’en déplaise aux fâcheux.