lundi 12 septembre 2011

La Tombola des Voyous.


Bonjour cher lecteur, après de petites digressions estivales qui, quoi que propices à quelques sympathiques échanges, n’en étaient pas moins un peu éloignées de l’objet premier de ce noble espace de discussion, temps est venu d’en revenir aux fondamentaux et surtout de passer à autre chose.
Alors bien sûr, et contrairement aux invites répétées de quelques mous de la coiffe qui pensent en rond toute la sainte journée, ce n’est point de football que je parlerai en ces lignes. En ces temps de Coupe du Monde de Rugby, il est évident que la chose footballistique passe au second plan et c’est donc ce noble jeu qui sera au centre de ce petit papier.
 
Par ailleurs, et en dehors de la simple actualité brulante, le fait que je veux dénoncer ici est assez grave pour mériter qu’on s’y attache quand bien même cette sublime compétition n’aurait-elle pas commencé.
C’est donc d’un scandale rugbystique que je viens t’entretenir, cher lecteur, parce que lent d’esprit comme je te connais, il est possible que le fait n’ait pas encore déclenché chez toi, la saine et juste colère qu’il aurait dû provoquer.
Pour commencer, il me semble important d’apporter quelques précisions. Toi, ami lecteur tu me connais depuis suffisamment longtemps pour ne pas mettre en doute ma légendaire neutralité et ma propension à toujours considérer les bonnes intentions derrières les actes les plus apparemment répréhensibles.
Mais bon, chipoteur comme je te connais, tu serais sans doute capable de chercher matière à redire dans ce pourtant très impartial billet d’humeur.
 
Ainsi, j’en vois déjà qui vont dire que je suis Anglophobe et que j’ai quelques griefs envers les exécrables sujets de sa Majesté the Queen of England, et que par conséquent j’ai vite fait que de toujours trouver raison à critique dans leurs comportements les plus singuliers.
Pourtant rien n’est moins vrai ! Je porte à cette détestable Ile et à ses ignobles habitants une certaine admiration pour la constance qu’ils mettent à faire payer au reste du monde la cruauté de la destinée qui les contraint à vivre sur ce bout de cailloux abandonné de dieu et où la laideur du climat le dispute à la hideur de la gastronomie. Parce qu’entre nous soit dit, n’importe quel quidam normalement constitué ne tiendrait pas 6 mois dans ces horribles conditions et qu’il convient donc ici de saluer leur incroyable persistance.
 
Alors bon, je leur trouve bien quelques menus défauts mais même en cela ils sont au final, trop médiocres pour parvenir à tirer desdits défauts la pleine quintessence. Leur langue par exemple est certes peu esthétique mais n’arrive pas à la cheville du Flamand en la matière, de même que leur gastronomie, que j’évoquais tantôt, ne parvient pas à atteindre les sommets de mauvais goût de sa cousine Néerlandaise… Leur ridicule chauvinisme n’est rien comparé au notre ou à celui de nos cousins transalpins... Leur nombrilisme frénétique ne rivalise pas avec celui des Suisses… Bref y compris dans tous ce qu’ils ont d’exécrables ils ne parviennent pas à exceller non plus.
 
Enfin, bref, tout cela pour bien démontrer que ce qui suit ne saurait être mis sur le compte d’une quelconque mauvaise intention mais n’est rien d’autre que le triste reflet d’une ignominie qu’il me fallait dénoncer.
Tu as sans doute, cher lecteur, regardé avec attention le match qui opposa tantôt les joueurs à la Rose aux farouches joueurs de la Pampa. Quoi que, ignorant comme je te sais, tu es bien capable d’avoir fait autre chose à l’heure dudit événement… Au moins aura tu vus quelques résumés ou quelques images éparses de la rencontre et j’espère alors qu’un fait troublant autant qu’inacceptable n’aura pas échappé à ta, certes peu remarquable, sagacité.
En effet, qu’elle ne fut pas ma surprise, ma stupeur, que dis-je, mon indignation de voir cette petite équipe oser arborer une splendide tenue noire, parure auréolée de gloire et pleine d’une symbolique mythologique que nuls à part les sinistres Anglois auraient osé revêtir. Et encore moins sur les terres ancestrales de ceux qui firent de ladite tenue noire le saint idéal des vertus rugbystiques.
Car c’est bien d’une infamie, d’un sacrilège ignoble dont nous parlons ici.
 
Moi, tu me connais ami lecteur, respectueux des usages quoique que peu porté sur un traditionalisme de mauvais aloi, tu ne saurais donc me soupçonner de ne pas penser qu’une coutume puisse être de temps en temps quelque peu bousculée ou remise au bon gout d’un modernisme de bon ton… Mais il est cependant des limites à tout et surtout au n’importe quoi ! Or là et en l’espèce les rougeaux Anglais ont tellement franchi les limites qu’ils en disparurent derrière l’horizon de la bienséance !
Parce que porter le noir lorsque l’on pratique ce noble jeu de Rugby sans être natif de l’Ile du Nuage Blanc c’est surtout porter le deuil d’un honneur envolé dans les brumes de l’inacceptable ! C’est porter la marque indélébile d’une infamie inexcusable. C’est porter atteinte aux plus glorieuses pages de ce sport de Gentlemen !
Nuls autres que les glorieux All Blacks ne devraient être autorisé à se vêtir de noir au moment d’entrée sur le pré pour en découdre avec quelque adversaire que ce soit. Cette tenue noire endossée par qui n’en a pas le mérite est une injure faite à l’histoire du Rugby voir, à l’histoire en générale. Un crachat sur les tombes de James Allan, David Gallaher, Georges Nepia, un camouflet au visage de Zinzan Brooke, John Kirwan, Collin Meads, Brian Lochmore et tant d’autres dont les noms ornent pour l’éternité le frontispice du temple du sport.
 
Comment l’équipe d’Angleterre, négation de l’esprit même de ce jeu s’il en est, a-t-elle pu tomber si bas dans l’ignominie et oser s’affubler de cette glorieuse couleur symbole même de l’essence du jeu en question.
Je n’en décolère pas ! Et ce d’autant moins qu’ils ne commirent pas cette forfaiture dans le relatif anonymat d’un test match insignifiant mais bel et bien au cours d’une rencontre de Coupe du Monde sur la terre même qui vit naître ces titans admirables, offensés jusque au cœur de leur propre nation par l’irréparable outrage.   
Coupable aussi les médias complaisant qui furent bien peu à dénoncer ce piétinement des traditions les plus respectables. Coupables tous ceux qui se taisent quand c’est tout un jeu et son histoire qu’on assassine !
Il fallait que ce fut dit. Il fallait que je crie ici ma saine colère et ma juste indignation.
 
Pleure avec moi ami lecteur si tu possèdes un tant soit peu de cœur. Pleure sur un peuple offensé. Pleure sur un symbole abattu, foulé aux pieds par les hordes barbares. Pleure l’ignorance crasse de ceux qui ne respectent décidemment rien. Pleure l’indifférence générale dans laquelle le crime fut commis…
Et surtout ami lecteur, si tu as pour deux sous d’intelligence de plus que je ne t’en prête, ris à ce petit pamphlet à degrés variables qui, pour contenir une certaine part de vérité, ne saurait être pris au pied de la lettre.