Bonjour cher
lecteur, après de petites digressions estivales qui, quoi que propices à
quelques sympathiques échanges, n’en étaient pas moins un peu éloignées de
l’objet premier de ce noble espace de discussion, temps est venu d’en revenir
aux fondamentaux et surtout de passer à autre chose.
Alors bien sûr,
et contrairement aux invites répétées de quelques mous de la coiffe qui pensent
en rond toute la sainte journée, ce n’est point de football que je parlerai en
ces lignes. En ces temps de Coupe du Monde de Rugby, il est évident que la
chose footballistique passe au second plan et c’est donc ce noble jeu qui sera
au centre de ce petit papier.
Par ailleurs,
et en dehors de la simple actualité brulante, le fait que je veux dénoncer ici
est assez grave pour mériter qu’on s’y attache quand bien même cette sublime
compétition n’aurait-elle pas commencé.
C’est donc d’un
scandale rugbystique que je viens t’entretenir, cher lecteur, parce que lent
d’esprit comme je te connais, il est possible que le fait n’ait pas encore
déclenché chez toi, la saine et juste colère qu’il aurait dû provoquer.
Pour commencer,
il me semble important d’apporter quelques précisions. Toi, ami lecteur tu me
connais depuis suffisamment longtemps pour ne pas mettre en doute ma légendaire
neutralité et ma propension à toujours considérer les bonnes intentions
derrières les actes les plus apparemment répréhensibles.
Mais bon,
chipoteur comme je te connais, tu serais sans doute capable de chercher matière
à redire dans ce pourtant très impartial billet d’humeur.
Ainsi, j’en
vois déjà qui vont dire que je suis Anglophobe et que j’ai quelques griefs
envers les exécrables sujets de sa Majesté the Queen of England, et que par
conséquent j’ai vite fait que de toujours trouver raison à critique dans leurs
comportements les plus singuliers.
Pourtant rien
n’est moins vrai ! Je porte à cette détestable Ile et à ses ignobles
habitants une certaine admiration pour la constance qu’ils mettent à faire
payer au reste du monde la cruauté de la destinée qui les contraint à vivre sur
ce bout de cailloux abandonné de dieu et où la laideur du climat le dispute à
la hideur de la gastronomie. Parce qu’entre nous soit dit, n’importe quel
quidam normalement constitué ne tiendrait pas 6 mois dans ces horribles
conditions et qu’il convient donc ici de saluer leur incroyable persistance.
Alors bon, je
leur trouve bien quelques menus défauts mais même en cela ils sont au final,
trop médiocres pour parvenir à tirer desdits défauts la pleine quintessence.
Leur langue par exemple est certes peu esthétique mais n’arrive
pas à la cheville du Flamand en la matière, de même que leur gastronomie, que
j’évoquais tantôt, ne parvient pas à atteindre les sommets de mauvais goût de
sa cousine Néerlandaise… Leur ridicule chauvinisme n’est rien comparé au notre
ou à celui de nos cousins transalpins... Leur nombrilisme frénétique ne
rivalise pas avec celui des Suisses… Bref y compris dans tous ce qu’ils ont
d’exécrables ils ne parviennent pas à exceller non plus.
Enfin, bref,
tout cela pour bien démontrer que ce qui suit ne saurait être mis sur le compte
d’une quelconque mauvaise intention mais n’est rien d’autre que le triste
reflet d’une ignominie qu’il me fallait dénoncer.
Tu as sans
doute, cher lecteur, regardé avec attention le match qui opposa tantôt les
joueurs à la Rose aux farouches joueurs de la Pampa. Quoi que, ignorant comme
je te sais, tu es bien capable d’avoir fait autre chose à l’heure dudit
événement… Au moins aura tu vus quelques résumés ou quelques images éparses de
la rencontre et j’espère alors qu’un fait troublant autant qu’inacceptable
n’aura pas échappé à ta, certes peu remarquable, sagacité.
En effet,
qu’elle ne fut pas ma surprise, ma stupeur, que dis-je, mon indignation de voir
cette petite équipe oser arborer une splendide tenue noire, parure auréolée de
gloire et pleine d’une symbolique mythologique que nuls à part les sinistres
Anglois auraient osé revêtir. Et encore moins sur les terres ancestrales de
ceux qui firent de ladite tenue noire le saint idéal des vertus rugbystiques.
Car c’est bien
d’une infamie, d’un sacrilège ignoble dont nous parlons ici.
Moi, tu me
connais ami lecteur, respectueux des usages quoique que peu porté sur un
traditionalisme de mauvais aloi, tu ne saurais donc me soupçonner de ne pas
penser qu’une coutume puisse être de temps en temps quelque peu bousculée ou
remise au bon gout d’un modernisme de bon ton… Mais il est cependant des
limites à tout et surtout au n’importe quoi ! Or là et en l’espèce les
rougeaux Anglais ont tellement franchi les limites qu’ils en disparurent
derrière l’horizon de la bienséance !
Parce que
porter le noir lorsque l’on pratique ce noble jeu de Rugby sans être natif de
l’Ile du Nuage Blanc c’est surtout porter le deuil d’un honneur envolé dans les
brumes de l’inacceptable ! C’est porter la marque indélébile d’une infamie
inexcusable. C’est porter atteinte aux plus glorieuses pages de ce sport de
Gentlemen !
Nuls autres que
les glorieux All Blacks ne devraient être autorisé à se vêtir de noir au moment
d’entrée sur le pré pour en découdre avec quelque adversaire que ce soit. Cette
tenue noire endossée par qui n’en a pas le mérite est une injure faite à
l’histoire du Rugby voir, à l’histoire en générale. Un crachat sur les tombes
de James Allan, David Gallaher, Georges Nepia, un camouflet au visage de Zinzan
Brooke, John Kirwan, Collin Meads, Brian Lochmore et tant d’autres dont les
noms ornent pour l’éternité le frontispice du temple du sport.
Comment l’équipe
d’Angleterre, négation de l’esprit même de ce jeu s’il en est, a-t-elle pu
tomber si bas dans l’ignominie et oser s’affubler de cette glorieuse couleur
symbole même de l’essence du jeu en question.
Je n’en
décolère pas ! Et ce d’autant moins qu’ils ne commirent pas cette
forfaiture dans le relatif anonymat d’un test match insignifiant mais bel et
bien au cours d’une rencontre de Coupe du Monde sur la terre même qui vit
naître ces titans admirables, offensés jusque au cœur de leur propre nation par
l’irréparable outrage.
Coupable aussi
les médias complaisant qui furent bien peu à dénoncer ce piétinement des
traditions les plus respectables. Coupables tous ceux qui se taisent quand
c’est tout un jeu et son histoire qu’on assassine !
Il fallait que
ce fut dit. Il fallait que je crie ici ma saine colère et ma juste indignation.
Pleure avec moi
ami lecteur si tu possèdes un tant soit peu de cœur. Pleure sur un peuple
offensé. Pleure sur un symbole abattu, foulé aux pieds par les hordes barbares.
Pleure l’ignorance crasse de ceux qui ne respectent décidemment rien. Pleure
l’indifférence générale dans laquelle le crime fut commis…
Et surtout ami
lecteur, si tu as pour deux sous d’intelligence de plus que je ne t’en prête,
ris à ce petit pamphlet à degrés variables qui, pour contenir une certaine part
de vérité, ne saurait être pris au pied de la lettre.