mardi 23 septembre 2014

Ytse chez les Mac...


Voilà, A Voté !... Oh, pas toi ami lecteur, sauf à ce que tu sois résident des terres Calédoniennes… Non, je te parle bien sûr de mes amis Ecossais qui ont finalement décidé de ne pas consommer leur divorce d’avec le reste du Royaume Uni.
Un peu comme celui qui reste avec bobonne par soucis d’économie alors même qu’il ne peut plus lui voir le nez au milieu de la figure comme disait l’autre. Faut dire que ça coute un divorce. Surtout si tu le prends à tes torts… Et surtout si celui que tu veux répudier est fermement décidé à te le faire payer…
Pour tout dire… Je les comprends les ceusses qui, comme d’autres avant eux, s’en sont allés voter pour l’ordre et la sécurité. Faut dire, qu’ils sont bien gentils les indépendantistes à fanfaronner comme quoi ils seraient mieux sans qu’avec la tutelle plus ou moins serrée de leurs soi-disant oppresseurs.

Par certains côtés, ils me font penser au gamin qui s’en va maugréer dans son coin contre l’injustice parentale parce qu’on lui a fait ranger son IPhone à l’heure du diner ou qu’on l’a privé de Nouvelle Star en justes représailles d’un quelconque manquement. Alors il crie, il pleure, il s’indigne le minot et il se prend à rêver d’indépendance et de liberté loin du joug patriarcal. Et, lorsqu’il se tient là, allongé sur son lit, les yeux au plafond, il échafaude des plans de fuite, il imagine des fugues…
Peut-être même ira-t-il jusqu’à glisser quelques vêtements dans un sac à dos, un bouquin, trois francs six sous, un paquet de gâteau et son IPad… Avant de se rendre compte qu’il ne pourra pas emporter son ordi, ses guitares, sa collec’ de BD et son vieux New Look aux pages ravagées par de multiples usages…
Peut-être, s’il est un peu plus audacieux, ira-t-il jusqu’à mettre le sac sur son dos et à ouvrir la porte…
Avant de reculer, glacé par une brusque bourrasque et la pluie cinglante… Bien fait pour lui, il avait qu’à se barrer en été…
Peut-être franchira-t-il quand même le seuil et s’élancera-t-il dans la nuit… pour s’en revenir au matin après s’être fait chier comme un rat mort loin de la téloche ou de sa PlayStation…
Rares sont ceux qui vont jusqu’au bout… Heureusement diront les plus pusillanimes d’entre vous… 

Non, la plupart, ils décident de rester dans le cocon familial… Et tant pis si Papa est un gros con facho qui vote FN et qui lui prend le chou tous les jours pour des cheveux un peu trop longs ou des notes un peu trop justes… Et tant pis si Maman préfère écouter les roucoulades du dernier chanteur à la mode plutôt que de l’inviter à venir s’assoir à côté d’elle et l’écouter lui parler de sa journée, de ses joies, de ses peines… Les petites misères du quotidiens ont le mérite d’être familières alors que là… dehors… C’est l’inconnu sombre et glaçant…
Et puis il est aussi assez confortable de se laisser porter par les vents de l’autorité quelle qu’elle soit… Cela ne les emmène pas forcément vers un avenir qui leur sied pleinement mais au moins ils savent où ils vont… Alors que les grandes traversées en solitaire en direction des confins… Ça les fait flipper… Ils ne sont pas sûrs d’arriver… Ils ont peur de se perdre en route et de ne jamais atteindre cette liberté si vague et lointaine par-delà l’horizon gris du quotidien.

En solitaire… Disais-je… Parce qu’il a raison le poète qui affirme que vivre libre c’est vivre seul… Pas d’autre solution. La seule vrai liberté pure et parfaite ne peut pas s’embarrasser de la présence des autres fussent-ils les meilleurs des compagnons… Parce que tu auras toujours à composer à un moment ou à un autre… Tout semblant de liberté au sein d’un groupe, même le plus petit qui soit, n’est qu’illusion.
Alors tu vois, ils ont beau porter haut les couleurs de leur petit microcosme, en revendiquer l’indépendance ou l’autonomie… Ils ont beau adjoindre l’adjectif « Libre » au nom du quelque part où ils sont nés… Vive le Machin Libre, Vive le Truc Libre… Libre mon cul… Ou à peine plus… Illusion te dis-je…
Rêve…
Et c’est d’ailleurs ça que j’aime chez eux… Ces indépendantistes… Ces révoltés… J’aime cette part de rêve qui les fait se dresser contre l’ordre établi… Qui leur fait dire merde contre le cours des choses… Quand d’autres se complaisent au milieu du troupeau et s’en vont voter les yeux fermés pour que rien ne change dans leur quotidien sinistre… Quand tant tellement d’autres n’ont même pas la capacité, ni l’envie, d’imaginer qu’il puisse y avoir un ailleurs, un autrement… Quand tant tellement d’autre se résignent et n’ont même plus la force de rêver… Justement…

Alors, je les vois les ceusses, les tous, qui se gobergent et crachent sur ceux qui se lèvent pour exprimer un vague désir de liberté… Je les vois ricaner en moquant l’utopie de la chose… Je les vois et les plains d’être à ce point secs de cœur et d’esprit qu’ils n’arrivent même plus à se laisser porter par un rêve éveillé… Ce sont les mêmes qui me disent parfois, qui me disent souvent, qu’il ne sert à rien de s’épancher, certes avec talent,  sur un blog… Qu’il est vain de porter sur l’écran mes quelques coups de gueule contre ce monde bancal et les cons qui l’occupent… Que cela ne fera pas changer les choses…
Ils n’ont pas compris que j’en n’avais rien à foutre de changer les choses… Que ci eux et tous les cons qui vont avec se complaisent dans le cloaque ambiant ce n’était pas mon problème… Que la seule chose qui m’intéresse c’est de brandir un poing ou un doigt à la face du système… Vivre ma vie en connaissance de cause… Et rêver… 

samedi 13 septembre 2014

Réveillez-moi à la prochaine...


Dis-moi ami lecteur, cela t’arrive-t-il, alors que tinte la sonnerie du réveil, de te demander si cela vaut vraiment la peine de te lever ? Comment ? Tu-dis ? T’as un radioréveil et tu t’éveilles donc au son des bouses de la bande FM ou avec les infos radiodiffusées… Benh tu m’excuseras mais c’est limite pire pour ce qui est d’être motivé pour sortir du plume… Mais peu importe l’appareil qui te tire des bras de Morphée… Ma question initiale reste valable...

Moi, je dois bien t’avouer que parfois, il ne s’en faudrait que de pas grand-chose pour que je reste couché là, dans les doux bras de madame Ytse… Il faudrait sans doute, pour commencer, qu’elle ne soit pas la première à sauter du lit pour attaquer sa journée de femme active dont nous causent les journaux féminins pour bien nous faire culpabiliser nous les hommes…
Alors bon… Contrairement à l’autre con dans la chanson, non seulement c’est elle qui se lève, arrivant sans peine à le faire sans me bousculer, mais je suis quand même réveillé… Pas pour ça que j’ai forcément envie de me lever par contre…
Je veux dire, me lever… Pour faire quoi ?

Bon, me jeter sous la douche et m’abandonner un instant au jet vivifiant de l’onde pure… Pure mon cul d’ailleurs… Si tu permets… Avec toutes les saloperies qu’ils y déversent... Sans parler de celles qu’ils y ajoutent pour, justement, purifier cette eau qu’ils ont eux-mêmes salie… Gagnant sur les deux tableaux les gonz’… Ils économisent des fortunes en se contentant de balancer leurs déchets ici ou ailleurs… Et ils te font payer un écot substantiel pour débarrasser ton eau courante de leurs propres poisons… Bien vu…  
Mais bon… Une douche matinale reste toujours agréable… Va pour la douche…
Gel Douche garanti sans machin et autres bidules cancérigènes… De ceux que ça fait déjà quarante ans et des que tu t’en enduis étant entendu qu’on t’avait rien dit sur les effets de ceci et de cela sur ta santé précaire… Mais maintenant tout va bien… Monsieur Procter et ses potes se sont découvert une conscience et ont décidé d’arrêter d’empoisonner la planète et ses habitants… Gloire à eux au plus haut des cieux capitalistes…
La douche donc… Et après ?

Ah oui… Les joies simples d’un petit déjeuner en famille… Ma Princesse qui m’anticipe sa journée à l’école pendant que je lui tartine son Nutella… Et son frangin qui baragouine des trucs imbitables mais sans doute hautement intelligents (si, si) du haut de ses 15 mois… Ma douce et tendre qui sourit en les regardant… Petits moments simples, paisibles… Ò temps suspend ton vol…
Et puis la Petite qui ruine sa robe en renversant son jus d’Orange et le p’tit gars qui tente de s’automutiler avec le couteau qu’il est parvenu à attraper dans un moment d’inattention de ma part…
Madame Ytse qui laisse entendre qu’elle apprécierait fort que je fasse quelques courses après le boulot… Ce que j’oublierais d’ailleurs surement me valant quelques acrimonies et autres mesures de rétorsions…
Mouais… J’aurais peut-être dû rester au lit…

Mais bon… Faut déposer Miss Couette à son arrêt de bus puisque c’est moi qui m’y colle ce matin… C’est con parce qu’il fait beau… Et que j’aurais bien pris ma Harley pour aller au boulot… Pas grave… A tout le moins, dans la voiture, je vais pouvoir m’écouter quelques douces mélopées métalliques de bon aloi…
Souvent trop court le trajet d’ailleurs pour profiter pleinement de ces parenthèses musicales enchanteresses… Un de ces quatre je m’en vais ne pas m’arrêter… Tirer tout droit en direction d’ailleurs… Mais bon… Pas aujourd’hui… Ne serait-ce que parce que ça fait cinq bonnes minutes que l’on n’avance plus sur cette putain de route que tout un tas de cons ont décidé d’emprunter en même temps que moi… J’le savais que j’aurais dû rester pieuter… Là au moins l’insupportable présence de mes con(ô combien)temporains ne se ferait pas autant sentir… Ah tiens… Ça repart…

Parking. Escalier. Bureau… Je presse le pas en direction du mien mais y’a quand même des collègues qui me saluent et me demandent comment ça va bien… Qu’est-ce que ça peut leur faire à ces cons ? D’ailleurs ils s’en foutent… Le « Comment ça-va ? » du matin est de ces questions dont ils n’attendent pas la réponse… Sinon il ne me la poserait pas tous les matins que mon pote Dieu fait… Parce que bon, si ça allait bien hier, et que ma présence semble démontrer que je n’ai pas claboté d’une crise cardiaque pendant la nuit, y’a quand même des chances que ça aille encore bien aujourd’hui… Non ?
Je leur adresse un simple signe de tête, réprimant celui que j’aimerais tant tellement leur adresser avec mon majeur… voire avec les deux pour faire bonne mesure…
Je vais me chercher un café… Ça aussi… Depuis qu’elles sont devenues des Executive Administrative Support… Tu peux toujours te l’arrondir pour que ta secrétaire te fasse ton café… D’autant que tu la partage maintenant avec d’autres directeurs… Dont certains sont des crétins de buveurs de thé…
Le problème n’est pas tant tellement de devoir se déplacer, ni même de parvenir à sélectionner le bon breuvage avec le niveau de sucre ad-hoc (sans pour moi d’ailleurs)… Non, le hic avec cette putain de machine à café c’est qu’il faut drôlement ruser pour pouvoir aller choper sa dose sans se faire alpaguer par un ou deux… C’est pas qu’ils soient désagréables, les collègues, mais bon… Quand ils commencent à te sortir des trucs et des machins sur la France en péril (oui, oui, même vue de la tranquille Helvétie… La France est en péril), l’Islamisation rampante de la Société Occidentale ou le Lobby trucmuche… et que tu ne peux même pas leur coller une beigne… Forcément… Ca agace… Parce que même débité en Anglais… Une connerie reste une connerie… Et les cons ont quand même tendance à en sortir beaucoup… A tout le moins, depuis quelques temps ces crétins de frontaliers ont arrêté de me les briser menues avec leur CMU de mes belles deux… Faut dire qu’ils ont vite compris ce que j’en pensais…
Mais bon. Aujourd’hui tout va bien… J’ai pu prendre mon caoua sans me faire repérer…

Retour dans mon burlingue… Ordinateur. Mot de passe… Là encore… Pour bien te faire chier, ces cons de l’IT ont pondu une nouvelle Policy (En français dans le texte). Maintenant faut un mot de passe de 8 caractères minimum et contenant obligatoirement des lettres, des chiffres ET des caractères spéciaux… Genre… ax7tz%2@... Va trouver un truc simple à retenir toi, avec ces règles à la con… Surtout qu’il faut le changer tous les 90 jours… Et que tu ne peux pas opter pour un mot de passe trop proche de l’ancien… Genre: changer ton Dupont@1 pour Dupont@2, faut pas y compter... Fait iech… Moi avant, mon mot de passe c’était : Mortauxcons… Astucieux MdP dont tu conviendras bien, au péril de ta vie, qu’il était frappé du sceau du bon sens, aisément mémorisable et non dépourvu d’une certaine musicalité dans sa métrique parfaite… Alors après avoir usé une première fois de Mortauxcons@666... Benh j’ai dû trouver autre chose… Et à force d’à force… T’en arrive à opter pour des trucs que tu oublies d’un jour à l’autre… Et donc ton mot de passe… Tu te le notes sur ton sous-mains ou ailleurs… Ce qui est une hérésie en termes de sécurité… Ou comment trop de précautions… Tue la précaution…
Bref… Mot de Passe donc…

Google… La Barre des favoris… Un Cri Pirate… Chouette un nouveau papier du Flibustier… Finalement… J’ai bien fait de me lever… 

mercredi 3 septembre 2014

La Rentrée Enchantée.


Bon, benh voilà, cette fois ça y’est. C’est vraiment la rentrée… Celle que je t’annonçais déjà la semaine passée tant tellement je reste en avance sur mon temps et toujours à la pointe.

Oh, j’en vois et non des moindres qui maugréent dans leur coin en ressassant comme quoi, Eux, ça fait maintenant un bail qu’ils ont retrouvé le chemin du turbin. Mais que veux-tu Lulu, la seule rentrée qui compte, celle qui fait causer les journaleux, c’est celle de nos chères têtes blondes comme on dit puis, y compris dans les écoles de banlieue où la mode serait plutôt au Brun Frisoté si j’en crois ce que disent les chantres du remake des invasions barbares qui… Mais bref…

La rentrée des classes ! Tu t’en souviens Lucien ? Quand nous portions encore des culotes courtes et du mercurochrome sur nos genoux écorchés ? Attention, je te parle de la Vraie, rentrée des classes… Celle de quand on était matru… Celle de nos 10 ans par exemple… Celle qui nous voyait prendre encore le chemin bucolique de l’Ecole Communale dans les frimas du petit matin quand le soleil irisait d’or les blés qui dansaient dans la brise matinale…
Quoi ? Tu dis ? T’habitais en Ville ? Et alors ? Moi aussi si tu veux tout savoir mais ce n’est pas une raison… Imagine. Rêve un peu… Si tu en es capables… Oublie un instant que les tours environnantes auraient sans doute caché le soleil qui n’était de toutes façons qu’un halo blafard derrière les volutes de particules nocives qu’exhalaient les pots d’échappement des véhicules venus en cohorte larguer les mômes devant l’Ecole… Tout devant d’ailleurs… Dans la cours même… Voire jusque dans la Salle de Classe qu’elles iraient déposer leur progéniture si elles le pouvaient…et sans sortir de la bagnole si possible… Pas risquer de ruiner leur permanent par la faute de cette brise que je te disais plus haut…
Parce que ce sont souvent les Elles qui emmènent les marmots à l’Ecole pendant que les Ils font semblant d’être pressés d’aller pointer tant tellement ils sont indispensables au bon fonctionnement de leur boite et que tu comprends chérie mais j’ai réunion à huit heure avec la machine à café et… Mais c’est une autre histoire…

Alors bon, l’Urbanisation galopante étant ce qu’elle est, il y a effectivement de fortes chances pour que tu ais été un citadin… D’ailleurs, eusses-tu été vraiment de la campagne que tu n’aurais pas manqué de me faire remarquer que, au mois de septembre, les blés ne risquent pas de danser dans la brise ni la bise, ni aucun autre vent  qu’il fût marauds ou bien fripon… Etant entendu que lesdits blés sont depuis longtemps en gerbe quand sonne l’heure de reprendre les cours…
Mais qu’importe si le chemin qui nous menait à l’école sentait plus le gazoil que l’herbe fraiche… D’ailleurs entre nous, la Campagne c’est un peu surfait… Hein ? Entre nous ? Et je ne te parle même pas de toutes ces adventices allergènes qui te font un enfer pour peu que t’y sois un peu sensible comme un certain ami que je connaissais, parti depuis sans laisser d’adresse…Le Bougre… Fatale Ambroisie… 
M’enfin, qu’importe le chemin, l’excitation était la même qui nous faisait presser le pas vers ce grand portail pas encore ouvert… Et on se dépêchait d’autant plus que… N’était-ce pas David et Yohann qui me faisaient de grands signes pour me saluer… Et j’avais tellement de choses à leur raconter sur ces deux mois d’été…
Deux mois… Deux mois qui en paraissaient dix à cette époque bénie de mes dix ans où le temps était ce long fleuve tranquille au cour indolent et non pas le torrent impétueux au débit de plus en plus rapide à mesure que l’âge avance…
Et l’année scolaire qui s’annonçait me semblait devoir durer toujours…

Cela faisait d’ailleurs une semaine que je m’y préparais… Que l’ON m’y préparait devrais-je plutôt écrire… Parce qu’à l’époque déjà les médias tiraient à la ligne sur le sujet… Sans doute pas autant que maintenant, mais quand même… Sans parler des Grandes Surfaces et autres lieux de grande consommation qui, depuis un bon mois déjà, présentaient toute une théorie de cahiers, agendas, stylos à nos yeux ébahis…
Tout était déjà bon pour nous faire raquer… Mais on s’en foutait un peu vu que c’était les parents qui allongeaient… Parce que entre les desiderata des Instits et les techniques de marketings avancées des fabricants… Y’avait de quoi faire…
Tout commençait par la liste, ou plutôt La Liste, avec les majuscules qui vont bien pour bien te montrer à quel point elle était tout, la sacro-sainte liste… Là, l’Instituteur détaillait tout ce dont tu aurais besoin pour suivre une scolarité normale ou tout au moins selon la conception qu’il en avait… Perso, j’ai toujours trouvé que cette liste illustrait la personnalité de son auteur… Elle me donnait alors un avant-goût de ce qui m’attendait…
Que le Maitre se soit contenté de préciser qu’il me faudrait 5 cahiers, 2 pochettes de feuilles à dessins, un compas… sans plus de fioritures ni autres précisions péremptoires, et je pouvais espérer une année plutôt guillerette, le plaisir d’apprendre tout en jouissant de quelques libertés…
Qu’au contraire il me somme d’avoir 1 Cahier Grand Format de couleur Verte à Grands Carreaux et simple Marge, 1 Cahier Moyen Format Bleu ou Rouge à Petits Carreaux, 2 Pochettes de papiers canson, une de 80gr et l’autre de 120gr, 3 crayons HB, cinq stylos (2 bleus, 1 rouge, 1 noir, 1 vert)…etc… Et je n’avais plus qu’à me préparer à une année d’enfer avec un psychopathe qui ne me laisserait pas passer la moindre fantaisie et encore moins celle que je mettais parfois dans mon orthographe…  

La Liste donc… Celle que je tenais à la main en marchant derrière le charriot que poussait ma mère dans les allées du Casing’. Là, fallait la jouer fine… Etre un bon stratège… Lâcher sur les cahiers et les stabilos, pour pouvoir négocier le sac à dos en toile GI et l’Agenda siglé AC/DC… Manque de bol, même si le bon rock graisseux avait le vent en poupe à cette époque bénite d’avant la Daube FM, il n’était pas encore arrivé aux oreilles des pontes de Clairefontaine et consort. J’ai dû me contenter d’un Agenda Harley Davidson… Mais c’était déjà pas mal et comme j’avais déjà pu me faire payer un Tee-Shirt Iron Maiden sur un marché pendant les vacances…

En parlant de Tee-Shirt… La tenue de la rentrée ! Ça aussi, c’était toute une histoire… Parce qu’il fallait du neuf, bien entendu… Déjà, j’avais grandi pendant les vacances… et puis bon… Faire sa rentrée avec les mêmes fringues que l’année d’avant… Plutôt mourir…  
Là aussi, il pouvait y avoir comme un léger décalage entre les goûts maternels et les miens. Faut dire que toutes les mères ont quand même bien tendance à ne pas vouloir nous voir grandir et à nous envisager en bermuda-salopette, chemise blanche et socquettes jusqu’à des âges avancés… 
Mais pas de ça lisette… Ok, j’acceptais, un rien contraint, d’oublier le tee-shirt sans manches et le pantalon moule-burnes… Mais, je ne lâchais pas sur le jean et les baskets… Et le blouson… Bon… Le cuir, fallait pas rêver… Et puis un Cuir… Quand tu n’as pas de moto… Bref… Mais je réussissais toujours à récupérer un truc un peu moins dans la norme… Comme cette veste de grosse toile verte un rien militaire, que j’avais harmonieusement décorée de Patches et autres inscriptions cryptiques, dont celle appelant pour le trépas de certains bovidés à képi, que j’avais eu quand même la présence d’esprit d’inscrire en caractères suffisamment petits pour ne pas encourir l’ire paternel…

Et ainsi, les fournitures acquises et la garde-robe dument renouvelée, je me sentais prêt… Prêt à sauter du lit dès que le réveil aurait entonné son chant matinal… Prêt à reprendre le chemin de l’Ecole pour une nouvelle année… Une qui coulerait comme de l’eau jusqu’au prochain été… Un été qui serait le dernier avant l’entrée au collège… Le dernier de la vraie enfance qui s’enfuit déjà… Et ce putain de temps qui n’en finit plus de couler dans le grand sablier… De plus en plus vite…