mardi 27 novembre 2012

Dégustez Gourmandes.


Bonjour ami lecteur, hier soir, alors que je me tenais dans mon fauteuil favori, serein, contemplatif, le regard perdu dans les reflets pourpres de la robe délicate de cet excellent « V » de la maison Vergelegen, je laissais mon esprit vagabonder rêvant à cette lointaine terre d’Afrique où ce nectar avait vu jour.

Je songeais aux hommes d’abord. Ceux qui, depuis Jan van Riebeeck mettent leur savoir-faire, leur patience et leur force au service de la satisfaction de nos papilles. Car dans tout bon vin il y’a du sang, de la sueur et des larmes…

Du sang d’abord… Le sang de la terre dont on déchire le sein pour creuser les sillons… Le sang des hommes encore… Et dans le cas précis de mon verre de Cabernet Sud-Af’, celui des Afrikaners qui tombèrent pour préserver leurs terres de la rapacité Britannique… Te rends-tu comptes ami lecteur que sans le sacrifice de ces hommes, ces terres fertiles n’auraient jamais produit que la bière tiédasse que l’Anglois affectionne…

La sueur ensuite… Beaucoup… Des litres de sueurs… de celle qui perle au front de celui qui plante les pieds dans le sol schisteux, à celle qui coule le long de l’échine tordue du vendangeur… Sueur de l’effort… Même en nos temps d’extrême mécanisation, la vigne a ses exigences que seule la main délicate de l’homme peut satisfaire… La vigne est une maitresse difficile… Une que l’on n’apprivoise qu’en y mettant les formes… De la douceur surtout… Travail d’orfèvre pour ne point abimer les grains délicats… Moment sublime où leur dur et délicat labeur fait des damnés de la terre les demiurges initiant la subtile alchimie…

Et des larmes aussi bien sûr pour compléter le triptyque… Les larmes de Dieu… Oh, attention ami lecteur, pas le dieu vindicatif et jaloux toujours prêt à punir… Pas le dieu que nous vendent les fous qui parlent en son nom pour régenter nos vies… Pas le dieu bête et méchant des autres là… Les mous de la coiffe fanés du slibard… Non… Le mien… Celui que je te cause parfois et qui aime la vie et les libations…
Celui qui pleure souvent devant notre connerie mais qui verse aussi des larmes de joies...
Et ce sont ces perles divines qui abreuvent la treille… Il me l’a dit le bougre lors d’une de nos innombrables conversations… Il m’a conté son bonheur devant les merveilles de sa création quand elle sert une si noble cause que de désaltérer les corps et les âmes…
Ses larmes… La pluie… La pluie nourricière qui gorge les grains… La pluie qui le cède bientôt au soleil pour faire venir les sucres…

Alors je pense à l’homme encore… L’homme toujours… Qui scrute le ciel… Qui palpe ses grappes vermillonnes… Qui goute et qui attend… Tout est aussi affaire de patience… Puis vient donc le temps de la récolte, celui de la pression… Efforts encore… Sueur toujours… et l’attente de nouveaux… Le cycle est immuable qui conduit le breuvage du Cep au tonneau.
Le vin se fait Diogène avant de servir Bacchus… Il dort en son fût de chêne… Se construit une charpente, un corps, des parfums, des effluves… Il attend… Il patiente… Jusqu’à ce que le palais avisé du maitre de chai lui donne son quitus… Lui vote son bon de sortie… Direction la boutanche… Tout seul ou avec d’autres cépages… Divins mélanges… Judicieux assemblages… De l’équilibre avant toutes choses…
Le travail se fait Art.

Et moi de lever mon verre à tous ceux qui l’ont rempli, à ceux qui ont œuvré à sa conception là-bas aux confins des terres Australes.

Tu vois, lecteur adoré, boire est chez moi un profond acte d’amour… D’amour des hommes moi que les esprits chagrins aiment à réputer misanthrope dès que je leur crie contre… C’est plus commode tu comprends… En m’accusant de n’aimer personne ils pensent se dédouaner des raisons pour lesquelles je les honnis parfois… L’amour des hommes donc quand ils œuvrent pour faire la vie meilleure…
Déguster le fruit de leur travail en en savourant chaque goûte est un acte de respect, un acte de reconnaissance, un acte de foi aussi…
Et c’est aussi pour ça, parce que je sais très bien que qui trop embrasse, mal étreint, que je ne bois pas trop souvent… Sans modération qui n’est qu’un pique-assiette, un empêcheur, un contrariant… Mais avec volupté et délice qui savent se faire désirer et son assez avares de leur visite…

Alors qu’ils ne viennent pas me les briser les ceusses que je vois déjà qui froncent le nez… Qui récriminent… Qui me Loi-Evintisent…
De quoi ? Faire l’apologie de l’alcool, ce breuvage du diable qui ravale l’homme au rang de la bête... Ils m’en veulent… Me traitent de pousse au crime… D’irresponsable… D’alcoolique qui n’a même pas la décence de rester anonyme…
Alors je reprends une nouvelle gorgée de ce divin breuvage, je m’humecte la langue pour mieux leur cracher contre… Je remplis ma vessie pour mieux… tu m’as compris…
Mais qu’est-ce qu’ils ont donc ces tristes sires… Ils confondent tout… L’ivresse et la saoulerie… Ils te parlent d’abus et de danger avant de te laisser le loisir de simplement déguster et apprécier… Toujours voir le côté obscur… La sainte trouille… Principe de précaution de mes belles deux…
Qui a bu, boira qu’il disait l’autre con… Comme si un verre en entrainait forcément un autre…
Mais moi, je ne bois jamais d’alcool… Je le déguste… Je ne cherche pas l’ivresse mais le goût, la saveur… La découverte aussi, comme ce vin du bout du monde qui chante sur ma langue… Moi qui fus élevé entre Bourgogne et Côtes du Rhône… Mais qui sait apprécier ce qui nous vient d’ailleurs.

Voilà ami lecteur, je bois la dernière goute… Mon verre et vide… Mon dernier verre jusqu’au prochain qui sera peut-être d’un tout autre cépage ou d’un tout autre fruit, fermenté ou distillé, selon mon humeur… Tiens, le prochain je le lèverai à ta santé mon cher lecteur… Je le goûterai à ton honneur ma chère lectrice… Nous le partagerons virtuellement et j’espère que tu sauras le déguster…

mercredi 21 novembre 2012

La Fête des Paires.


Bonjour ami lecteur… Moi tu me connais, jamais un mot plus haut que l’autre, jamais un coup de gueule, jamais une quelconque interjection à l’attention de quiconque… Jamais…
Pourtant aujourd’hui, j’ai comme une envie de pousser un p’tit coup de gueule, vu qu’à force d’à force de laisser dire les constipés du bulbe et faire les fâcheux de tout poil…
J’ai comme des rancœurs qui s’accumulent…et ce n’est pas bon… Je vais me faire un ulcère, me faire péter une durite tant tellement ça déborde de partout…

T’es là, tranquille, bien décider à n’emmerder personne, faire ton petit tour puis t’en aller… Mains dans les poches, sourire aux lèvres… Tu vaques benoitement à tes occupations… Surtout t’essaye de fermer les yeux, les oreilles… Pas voir… Pas entendre… La toute belle connerie de certains…de beaucoup même…
Tu te mords la langue pour pas leur dire ce que tu penses d’eux…Pas leur faire de peine…
Tu te retiens de leur pisser contre…
Bref, tu vas contre ta nature que s’en est dangereux pour ta santé…
Jusqu’à ce que trop… Jusqu’à ce que marre… Jusqu’à ce que tu n’aies plus le choix qu’entre l’ouvrir ou claboter d’un œdème au cerveau à cause des pensées que tu te retiens d’exprimer alors qu’elles ne veulent que sortir…
Tu vois de quoi je parle, hein ? Même toi qui n’a d’idées que tous les trente-six du mois… Tu compatis donc…

Parce que vois-tu… C’est exactement ce que je ressens là tout de suite… En plein… Depuis Dimanche… Lorsqu’allumant ma télé je tombais sur les informations et la pénible vision de ces manifestations de gens bien intentionnés, respectables et bien-pensants…
Bon…Déjà… Ils défilaient Contre… Toujours… T’as remarqué ? On défile bien plus souvent Contre un truc que Pour autre chose… Bon personnellement les deux me gonflent… Hein ?... Tu me connais ? Pas demain qu’on le verra dans la rue le Ytse… A se cailler les miches pour suivre le troupeau bêlant…
Pas même en été sous le doux soleil estival… Marcher derrière quelques banderoles que ce soient… Non merci !
Même pour des causes auxquelles je pourrais adhérer… Pas besoin de mettre mes convictions en slogan pour me convaincre de leur bien-fondé… Pas besoin de peindre mes idées sur des pancartes pour les avoir claires… Pas besoin d’une foule pour crier avec moi pour me sentir vivant, présent…contemporain… Bref, je milite dans mon coin, je tiens meeting, je manifeste… Je suis une foule en colère à moi tout seul…
Or donc, je voyais ces cortèges biens propres sur eux… Toute la Sainte Famille machin défilant, le père, la mère, la fille, le fils…biens certains que le Saint-Esprit était avec eux… Et pas contre le mariage Gay comme le disent les journaleux… Non… Contre le mariage pour tous… Qu’ils défilaient les gueux… Bien s’assurer que leurs petits privilèges à eux ne seront pas étendus à ces « gens-là », ceux qu’on regarde de travers…
Ah les cons… Les bons gros cons en action…

Attention, ami lecteur, moi le mariage… bof… Je suis venu, j’ai vu, j’ai compris… Hein… Quoique je te dis ça… Mais faut jamais dire jamais non-plus… Et je ne te parle pas de la cérémonie à la mords moi les choses avec pièce-montée, champagne et robe blanche…et tout le bastringue… quoi que même ça…j’ai rien contre… c’est pas plus cons qu’une soirée au stade avec saucisses-frites, bière et maillots estampillés…
Je ne te parle pas non-plus de la volonté de montrer un engagement profond et sincère envers l’être aimé, même si selon moi de tels sentiments se passent de démonstrations ostentatoires lorsqu’ils sont avérés… Mais là encore, je n’ai rien contre…
Parce que tout ça… Benh à la limite, ça procède pas mal de la tradition et de la coutume et en tant que tel, ça peut se discuter…
Non, moi je pense plutôt à l’aspect juridique de la chose, et des droits que le mariage apporte, notamment en matière de transmission de patrimoine, de pension de réversion…etc… Toutes choses que le présent Pacs, ne résolvait pas…
Parce qu’alors se pose le problème simple et fondamental de l’égalité des droits dans notre beau pays lorsque tous les citoyens n’ont pas accès aux mêmes possibilités…
Mariage pour tous… Même droits pour tous ! Ou tout au moins la possibilité pour tous les couples de choisir de contracter cet arrangement avec les droits et les devoirs y afférents… Ça parait évident…

Benh non… Y’en a que ça dérange dans leur petite vie misérable… Non mais vous vous rendez compte… ma pôve dame les PD… les mêmes droits que les honnêtes gens… Horreur, Malheur… Vite un signe de croix, une prière, une sourate… Mon dieu protégez-nous…
Parce que bien sûr… Ils sont allés chercher la religion, les cons… Mais moi qui lui cause souvent à l’Etre Suprême… Je peux te dire qu’il les vomit ces culs-bénis toujours prompts à jeter la pierre aux pauvres pécheurs égarés… Ah ça, quand il s’agit de tomber sur les « invertis », tout le monde se réconcilie dans le landernau de l’intégrisme… Là, y’a plus de Yahvé, Jésus, Mahomet ou Vishnou… Main dans la main que ça défile… Ah putain… Si tous les intégristes du monde pouvaient se donner la main et s’en aller se jeter dans la Seine… ou tout autre fleuve ou rivière… hein… Pourvu qu’il soit profond et bien fangeux…

Et encore, les intégristes… On les connait… On sait qu’ils osent tout… Mais y’avait pas qu’eux, hélas… Y’avait du Monsieur et de la Madame Toutlemonde… L’en venait de partout… et avec leurs enfants !
Ah ça aussi, ça m’a bien fait hurler devant mon poste… Dès le berceau qu’ils les éduquent leurs rejetons… Dès tout petits qu’ils leur enseignent la haine de l’autre… Le droit chemin…comme je te disais l’autre jour… Encore et encore et toujours… Bien baliser la route… Etre sûr que le minot n’ira pas s’égarer sur les sentiers de la perdition…
Alors, je sais, y’en a qui m’objecteront que pas du tout… Qu’il était important de venir en famille parce que c’est à la Famille que cette loi en gestation attentait… Me réputeront aveugle… ou irresponsable… M’expliqueront par A+B qu’étendre le mariage aux couples de même sexe n’est rien d’autre que le début de la fin de notre civilisation… La fin de l’espèce humaine même… Benh… Moi je vais te faire une confidence… Si l’espèce humaine se résumait à tous ces manifestants de mes belles deux… Benh je n’aurais certainement rien contre le fait de la voir disparaitre…
Quoi ? Tu dis ? J’exagère ? Oui… C’est vrai…un peu… A peine…

Non, parce que, ok… Allons-y… Essayons de suivre les méandres de leurs raisonnements tortueux… Donc, voilà, l’institution du mariage… Parce que c’est de ça qu’ils te parlent… Hein ? La bonne vieille institution… Les valeurs... La famille… Comme si la famille ne pouvait se concevoir que dans le mariage…
Bon…D’accord chez les fous de dieux, les azimutés du goupillon… Pas de gaudriole en dehors des liens sacrés du mariage… Donc, oui, forcément… Y’a un lien… Tu te maries pour fonder ta famille… Tu fais œuvre de chair 3 ou 4 fois par ans en priant dieu qu’il en résulte une grossesse que sinon tu seras obligé de remettre ça et que c’est quand même bien dégradant…blablabla… Donc, bien sûr, ces grands malades ne sauraient concevoir un mariage qui par nature ne pourrait produire des enfants…
Mais les autres ? Les Monsieur et Madame Toutlemonde que je te causais plus haut… Comment peuvent-ils ? Je veux dire... Pourquoi faire le lien automatique entre Mariage et Procréation ? C’est un peu con comme raccourci…
Parce que dans ce cas… Allons jusqu’au bout… Test ! Test ! Test ! Stériles s’abstenir… Si t’es fané du slibard… Point de mariage… Itou si t’as les trompes en berne… Sauf que si je propose ça… On me vitupère, on me répute eugéniste ou je ne sais quoi… On me crache contre… Et on a raison de le faire…
Donc le lien mariage-enfant… Mon cul… Pour parler vulgairement mais dire les choses comme elles sont…

Puis avoir des enfants… Mais pour quoi ? Je veux dire en dehors des quotients familiaux et autres part-fiscales…
Tu dis ? Parce que les enfants sont sources de joies ineffables !
C’est vrai… et les miens sont la prunelle de mes yeux… Ils peignent en rose ce monde tout gris que parfois je me botterais le cul de les avoir emmené là sans leur demander leur avis… Bref… Tout à fait entre nous, je sais que m’a vie serait nettement moins exaltante sans mes deux minots… Un goût d’inachevé, un air de bancal…
Pour dire le vrai, y’a beaucoup d’égoïsme dans le fait d’avoir des enfants… D’égotisme aussi… On fait ça pour soi… au départ… Après on se plie en douze pour leur apporter ce qu’on pense être un peu de bonheur, et une bonne éducation… Les accompagner… Un bout de route… Leur mettre le pied à l’étrier… Leur dire que la route c’est par-là… Mais attention… Juste donner une vague direction hein ? Rien de bien précis… Rien de contraignant… Et surtout… Oh oui surtout… Ne pas leur casser les couilles s’ils veulent tirer quelques bordées dans l’autre sens…
Mais, en se disant aussi qu’être parent… C’est une putain de responsabilité… Que tu peux les laisser vaquer à leur guise sur les chemins de traverse que je te racontais l’autre jour… Mais attention ! Gaffe aux ornières… Que les pauvres ce pètent pas la gueule en chemin… Gaffe aux impasses aussi… Aux chemins qui ne mènent nulle part… Gaffe que sur les 10.000 routes qui s’offrent à eux… Y’en a quelques-unes qui sont très, très mal fréquentées… Gaffe aux mauvaises rencontres… des fois que…
Alors tu fais ce que tu peux… Ce que tu crois bien… T’essaies de pas te planter… et ne pas te réveiller un jour en réalisant que ton rejeton est devenu un tantinet con sur les bords et au milieu…
Pas que ça m’angoisse… J’ai confiance en eux… Mais voilà… Y’en a tant tellement de partout des cons…

Alors parfois, tu te demandes… Tu te dis que les ceusses qui défilaient… Ils avaient été gamins un jour… Ils avaient été de braves petits bambins innocents et sans doute vides de toute haine contre quiconque…
Et donc tu t’interroges, où est-ce que ça a merdé… Est-ce la faute à leurs propres parents à eux… Un problème d’éducation ? Ou alors s’était inné… La connerie… Congénitale… Gène dominant en plein…
Et tu te dis que, c’est peut-être vrai qu’un enfant a besoin d’un père et mère pour se construire… Peut-être… Je ne suis pas sûr… Mais je n’en sais rien… Mais en tout cas… Benh ça garantie rien non plus… Alors…

Mais bon, lecteur fidèle et adoré, je ne vais pas te tenir la jambe trop longtemps… Je voulais juste extérioriser un peu… Dire leur fait aux manifestants de la bien pensance… Aux redresseurs de mœurs… Aux mous du bulbe et durs du cœur… Mais après tout… Qu’ils manifestent donc… C’est leur droit… Qu’ils restent bien confinés dans leur petit esprit tout étriqué, tout rabougri… Moi… Je vais juste continuer de poster mes conneries ici… ça ne sert à rien mais ça me détend… C’est ça où à la prochaine manif, je sors les fusils et les grenades et je dégomme tout ce qui bouge… Hécatombe de gros cons… Parfois j’en rêve…

lundi 19 novembre 2012

En Long, en Large et en Travers.


Bonjour ami lecteur… Depuis le temps que je parcours la blogosphère et sa périphérie, voyageant bucoliquement de blogs en forums et de posts en posts, il m’arrive souvent de m’arrêter au bord du chemin pour respirer le doux parfum d’une Rosae Aresenalis ou admirer les bonnes feuilles aux couleurs chamarrées d’un Billetus Tricaonis… voir de m’ébaubir devant les épines acérées d’un Cactacea Yellonicus… et bien d’autres merveilles qui font la route plus agréable à suivre…

Mais, pour dire les choses comme elles sont, il m’arrive aussi, et hélas surtout, de me pincer le nez, fermer les yeux et me mordre la langue et les doigts devant la profusion des adventices indésirables qui fleurissent à foison dans le terreau fertile de la connerie humaine…
Mais que faire, sortir la serpe pour couper cet affreux Rastequs  Horribilis à feuillage persistant… Donner un petit coup de sécateur pour élaguer ce Debilus Baboulicus un peu trop envahissant… Ou faucher à la racine cet Homophobis Vénéneux plutôt inesthétique convenons-en ???
Je n’ai point la main suffisamment verte sans doute et encore moins la patience…

D’ailleurs, par principe, j’aurais plutôt tendance à aimer la mauvaise herbe, celle qui ne se rumine pas et ne se met pas en gerbe… L’Herbe folle qui ne se plie pas aux volontés uniformatrices de ceux qui n’aiment rien tant qu’une nature docile et domestiquée… Le Chiendent qui s’immisce dans les desseins des puissances horticoles… Les arbres qui abandonnent leur tuteur pour pousser de guingois…
Bref, malgré mes réserves sur mes amis Britanniques, je dois bien reconnaitre que j’apprécie plus le charme chaotique des Jardins à l’Anglaise que l’austère ordonnancement des à la Française.  
De même en matière de chemins, personnellement je préfère ceux de traverse, tortueux à souhait, caillouteux, poussiéreux…aventureux aussi un peu…  plutôt que les autoroutes uniformes, rectilignes que l’on emprunte sans réfléchir tout en pestant contre leur prix exorbitants…et avec GPS…hein… Etre sûr de ne pas se gourer de route… Arriver vite… Droit au but…Sans détours…
Bon, lorsqu’il s’agit d’un trajet en voiture, je comprends et moi-même je… mais… Ce qui me désole c’est d’en voir tellement de mes porains qui vivent leur vie comme ils conduisent…

Parce que tu vois, ami lecteur qui comme moi arpente la vie comme il peut, on sait à peu près d’où on part… Hein… En général… On sait aussi où on va arriver un jour… Inévitablement… Le bout du chemin… Mais entre les deux… Pourquoi suivre des routes toutes tracées… Bien balisées… Suivre le Guide Suprême, le putain de Grand Timonier… Au pas Camarade !
Pourquoi respecter religieusement les indications d’un GPS préprogrammé décidant à notre place… T’as peur de te perdre ? Benh non… Y’a pas de risque… On arrivera tous à destination… Crois-moi… et on n’est pas pressé…
M’enfin, tu fais comme tu veux… Hein ? Vous faites comme vous voulez… Ils font comme ils veulent…

Parce que c’est là où rien ne va plus…Là que je dis Halte à tout avec mon pote Renaud. Là, lorsqu’ils veulent à tout prix ramener tout le monde sur leur soi-disant bon chemin. Bien Indiquer la « bonne » direction à grand renfort de geste et de discours grandiloquents… Bref… Lorsque, non content de vouloir montrer la voie, leur voie, ils commencent à conspuer ceux qui ne les suivent pas… Ah il nous l’avait bien dit le Grand Georges, les braves gens n’aiment pas qu’on suive une autre route qu’eux…
Alors, ils crient… Alors ils hurlent… Bien essayer de rameuter les brebis égarées…Chiens de berger de mes belles deux… Et si les brebis persistent à aller à contresens… C’est l’hallali… Haro sur les contrevenants… A coups de pompes dans le prozib’ qu’ils voudraient les faire marcher droit…
Et encore, moi, vu que je me baguenaude hors des sentiers battus… Ils ne me voient que peu… Ou alors ils ne me comprennent pas… Me prennent pour un type un peu louche… Mauvaise réputation le Ytse, comme les Cheminots de naguère qu’on regardait arriver avec méfiance puis repartir avec soulagement…
Ça doit les effrayer aussi un peu d’en voir qui partent à l’aventure sans carte ni boussole… Des qui n’hésitent pas à prendre à gauche quand le troupeau part à droite et inversement…
Parce que je ne suis pas tout seul… Hein… On n’est certes pas la majorité, mais quand même quelques-uns, à s’en tamponner le coquillard des itinéraires établis, à tirer des bras d’honneur aux ceusses qui veulent marcher devant en agitant bien haut leurs enseignes à la con… Qui m’aime me suive: mon cul !
Si tu m’aimes, si on s’aime, on marche ensemble, côte à côte et on discute le bout de gras… On fait quelques pas de conserve et puis au prochain embranchement, chacun poursuit sa route, où on continue encore un peu parce qu’on ne  s’est pas tout dit…

Alors bon… Ils nous regardent de travers un peu… Ils essayent de nous vendre leur soupe… Mais de loin… Ils ne s’approchent pas trop… Des fois que ce serait contagieux cette liberté tant tellement effrayante…
Mais il y a les autres ! Ceux qui ont choisis des itinéraires tout aussi balisés, tout aussi rectilignes et monotones… mais pas dans la même direction ! Alors là ! Pardon ! Peuvent pas s’empêcher de se crier contre ! Ils se montrent du doigt, se haïssent, se honnissent…eux tous qui mal y pensent !
Même quand leurs routes sont parallèles… proches…voisines… Peuvent pas s’empêcher de remarquer que ce n’est pas la même… Peuvent pas s’empêcher de penser que seule la leur est belle surtout… Les cons… Alors ils suivent leur chemin…Droit devant, tout en tournant la tête de droite et de gauche pour injurier ceux qu’ils croisent… Surtout quand les autres marchent dans la direction opposée !
Tu me diras… Je m’en fous un peu… Moi, leurs routes, je ne fais que les emprunter de temps en temps quand je juge que les alentours méritent attention… Je ne fais que les croiser donc… Ces meutes hurlantes, babines retroussées et bave aux lèvres… Puis je repars dans l’autre sens suivre mes petits sentiers bucoliques avec quelques aminches…
Suivre ma route qui ne même à l’évidence ni plus loin, ni plus vite… Qui n’est pas meilleure qu’une autre sans doute… Mais au moins c’est la mienne…

Enfin, bref, toutes ces digressions pour te dire que, malgré toutes les conneries que je peux lire ici ou ailleurs, souvent, je laisse écrire… Je les laisse trottiner, langue pendante, derrière le fion de leur leader, je les laisse s’aboyer contre lorsqu’ils se croisent, les tenants des causes contraires… J’en pense pas moins mais ne dis rien… Ou pas souvent…
De temps en temps seulement, me mettre en travers de leur route, tendre une embuscade, dynamiter un pont ou deux histoires de bien les emmerder, eux qui ne savent qu’avancer tout droit…
Et pour un instant, pour un instant seulement, soutenir une cause contre ceux qui la violentent… Parce que trop c’est trop…
Alors tu me verras peut-être lancer prestement la patte pour envoyer par terre leurs théories puantes… de celles qui te causent de races supérieures ou des mérites comparées de nos sœurs selon qu’elles soient d’ici ou d’ailleurs…
Tu me verras parfois, sortir de mon maquis Vaudois pour m’en venir cracher sur leurs cœurs tout froids, rabougris, imperméables…
Tu me verras peut-être, tu me verras parfois… mais pas souvent… Parce que le mal est profond, parce qu’il est partout… Parce que je ne suis rien qu’Un qui élucubre sur son blog perdu aux confins du néant… Un qui ne veut rien temps finalement que suivre son chemin de petit bonhomme…

Enfin… Je ne sais même plus pourquoi je te raconte tout ça… T’as lu jusqu’au bout ? T’es encore là ? Bravo…
Tu dis ? Tu n’es pas d’accord ? Pas grave…
Heureux d’avoir partagé ce bout de chemin avec toi… On se retrouve au prochain croisement… Peut-être… Si nos routes respectives nous y conduisent… En attendant, je continue à arpenter toutes celles qui se présentent… En long, en large…et en travers… Surtout en travers…hein ? Tu l’as bien compris…

mercredi 14 novembre 2012

Du Brut pour les Brutes.


Bonjour cher lecteur… Bon benh aujourd’hui, c’est l’anniversaire du Ytse… 42 Balais tout rond.
Quarante Deux, pour les intimes…

Quarante Deux comme l’Ultime Réponse à la Vie dans l’œuvre inénarrable de l’ami Douglas… Ce qui me rappelle que ça fait un bail que je n’ai pas compulsé ces opuscules de grande tenue qui firent mon régal au même titre que le Hanneton Géant de la planète Kron fait celui de tous les habitants de la galaxie… à moins que ce soit le contraire… me rappelle plus…
Ouaip ça fait trop longtemps que je n’ai pas rejoint Ford Escort dans son odyssée désopilante… et d’ailleurs, ami lecteur, si de ton côté tu n’as pas encore parcouru ces pages enchanteresses… n’attends plus… cours…vole… va et li ! Je te prédis moult grosses poilades…
Tiens, j’me rappelle qu’une des dernières fois où je me délectais de cette prose sublime, je bouquinais pépère dans l’enfer quotidien du métro parisien et je me marrais tout seul malgré le coude de la petite vieille qui me labourait l’estomac et le regard en coin d’un quinqua bedonnant qui devait se demander si je ne débloquais pas un tantinet à me fendre le pébroque dans ce lieu si peu propice à la liesse…
Que du bonheur que ces aventures sans queues ni tête aux confins du burlesque…
Tiens, faut que je fouille dans mes cartons pour retrouver mon édition personnelle…en livre de poche hélas… Je n’ai jamais pu trouver ces indispensables volumes dans des éditions plus dignes de figurer dans la bibliothèque qui orne mon salon et où j’expose à mes invités ébahis l’étendu de ma vaste culture…
M’enfin… je crois que je m’éloigne de mon sujet initial…que disais-je ? Ah oui… Mon Anni’ et mes 42 Automnes…

Quarante Deux comme ce département de la Loire où j’ai passé mon enfance et ma prime jeunesse… J’y retourne souvent d’ailleurs… profiter de la famille… Saint-Etienne l’ouvrière… La ville noire qui ne l’est plus depuis que les hauts fourneaux se sont éteints… Les gueules-noires aussi… Qui ne le sont plus non-plus depuis que les puits se sont mués en éléments du décor ou en attraction pour touristes en goguette…
Verte est cette ville à présent… Vert, le cœur l’était déjà depuis longtemps et les exploits d’un autre âge de son équipe de football… Tiens d’ailleurs je suis né alors que ladite équipe était Championne en titre… Un signe…
Vert le Cœur donc… et le reste qui le devient au gré des mutations urbanistiques…
Mais le cœur chaud surtout… Le sens de l’accueil… Et l’accent… et le parlé populaire…
J’aime cette ville… comme j’en aime tant d’autres hein… Je préfère préciser, au cas où des fâcheux voudraient m’objecter contre en reprenant du Brassens… Quoique… Le Grand Georges, tout en fustigeant avec raison les imbéciles heureux, il faisait aussi des suppliques en vue d’organiser ses funérailles en des endroits précis… Comme quoi… Y’a bien que les cons pour rester droits dans leurs bottes en toutes circonstances…
Mais je m’égare encore…

Quarante Deux ans… l’âge du Christ 9 ans après sa mort selon la chronologie populaire…quoi que pour le fils de mon pote… Y’a un peu doute sur son âge… Pas qu’il ait eu des minauderies de vieilles pucelles sur le sujet… Mais bon… on a jamais bien su où c’est qu’il était né, vu qu’il était menteur comme… ah non… Ça c’est autre chose… Donc on ne sait pas trop où il est né… On ne sait pas non plus trop quand d’ailleurs…
Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? C’est facile !
Benh vas-y dis-moi alors…
En l’an 1… benh non mon con… Ça c’est une convention… En fait les exégètes pensent plutôt qu’il serait né entre 2 ou 9 avant lui… ce qui n’est pas banal quand on y pense… Mais avec lui il ne faut s’étonner de rien…
Faut pas s’étonner non plus que les moines qui ont fixé ladite année 0 comme Anno Prima se soient plantés dans les grandes largeurs… Parce que d’une part ils se sont basés sur des données foireuses… Mais surtout, les moines de l’époque… Avec ce qu’ils lichetrognaient… Abbé Nédictine priez pour nous… Bref… Tout faux sur la question de la naissance du fiston…Tout faux sur plein d’autres trucs aussi d’ailleurs mais c’est une autre histoire…
Et je m’écarte encore du sujet…

Parce que moi… Né en 1970 ! En plein… et y’a pas de doute là-dessus… C’est dans les registres de la mairie de Vienne… Quoi ? Tu dis ? Si l’année 0 est en fait l’année 4 ou 5 je suis né en ’74 ou ’75 voir plus… Nan mais c’est quoi ce mécréant de mes deux… et la Sainte Eglise Catholique qui te dit que 1970 c’est Dix Neuf Cent Septante… T’en fait quoi… Gaffe mon pote… On en a brulé pour moins que ça…
Pis merde surtout… Je l’aime bien moi mon compte rond… Surtout avec la fuite des neurones… Le calcul mental ça part en couille… Alors au moins je n’ai pas trop à réfléchir lorsqu’il s’agit de donner mon âge… Ne viens pas me casser la baraque…ni les couilles.
L’année ’70 donc… Tu t’en souviens ? Une bonne année pour les Bourgognes… Une Grande Année pour les Cotes du Rhône… Les Bordeaux ? Benh ça reste du Bordeaux hein…
1970, bye bye Jimmy et le Général… Bon ok, y’a aucun rapport entre les deux mais pas grave… Ca me fait marrer de les rassembler dans la même phrase commémorative…
Pis en foot donc… Sainté Champion en titre…Mais surtout… 1970 c’est l’année de l’insémination on ne peut plus artificielle, d’un ovule du Stade St Germain avec un spermatozoïde de Paris FC… Manipulation génétique à faire passer les OGM pour de la gnognote…Ils s’en battaient les ouebs du Principe de Précaution à cette époque bénie… 1970 donc, l’acte fondateur du PSG, parti de rien pour n’arriver finalement pas beaucoup plus loin 42 ans après… Mais c’est une autre histoire…
Ouaip… Il s’est passé plein de trucs cool et plein de truc tristes en 1970… un peu comme pour les autres années j’imagine…

Bref, tout ça pour dire que c’est mon anniversaire aujourd’hui, Open Bar chez Ytse… Cristal Roederer pour les Dames… et Brut pour les Brutes…

jeudi 8 novembre 2012

Y'a de l'Action !


Bonjour cher lecteur… Tu as du remarquer, qu’entre autres petits aménagements, j’avais changé le nom de mon petit bastringue afin de ne plus me faire houspiller par les mal embouchés qui m’objectaient contre qu’un blog de sport est un blog de sport et me honnissaient pour oser quelques digressions dans des domaines pourtant fort intéressants…
Je n’ai pas changé d’Adresse par contre… hein… histoire de pas trop te perturber…donc tu peux toujours venir pour les vacances ou en tout autre temps qui te conviendra… Tu sais où me trouver…
Ceci dit, moi tu me connais, l’art du contre-pied ! Toujours… Comme au bon vieux temps de ma prime jeunesse et de mes Cad’ Deb’ chaloupés… C’est pourquoi, bien que ma nouvelle raison sociale m’ouvre moult horizons nouveaux, je m’en vais quand même te parler sport une fois de plus…
Et comme il n’aura pas échappé à ta sagacité que ce Samedi s'ouvre le bal des tournées d’Automne qui voient nos amis Septentrionaux venir visiter nos vertes contrées… Tu te doutes que c’est de Rugby que je vais te parler…

Alors, bien sûr et comme souvent, entre moi et le Rugby, au commencement était l’Image et le Verbe… L’image de la télévision de l’instituteur chez qui nous nous retrouvions tous, puisqu’il était le seul à en posséder une dans mon petit village au fond de ma vallée perdue… L’Hiver y était rude et nous faisions une longue route dans la neige, dans le vent et dans la froidure hivernale… Mais la récompense était au bout puisque, arrivés chez Mr L’instituteur, on pouvait enfin se réchauffer à son poêle… Nous, nous étions trop pauvres pour en avoir un à la maison et… Bon allez… Je galèje… Essuie la larme qui perle à ton œil… Tranquilou dans le salon de mes parents que je matais les matches du Tournoi.
Je devais avoir dans les dix ans à l’époque, dans l’aube naissante des années quatre-vingt… et donc avec les images venait le verbe, mais pas n’importe lequel, celui de l’ami Roger et de son compère Bala… Le Verbe haut, le verbe clair aux accents d’épopées… Je vivais la Saga des Bleus à travers les mots presque plus que je ne la suivais à l’écran… Y’avait de l’action et les mots pour le dire.

Faut dire que du haut de mes dix ans je ne comprenais pas tout à ce sport hautement intellectuel… Mais peu m’importait… Je rêvais…Porté par le flot du babille Coudercien qui me comptait l’histoire haute en couleur de ces solides gaillards partis à la conquête du plus précieux des trophées d’alors…
Souvenir de 1981… Troisième Grand Chelem de l’équipe de France et le premier de mémoire d’Ytse qui était encore minot en Septante Sept quand la bande à Fouroux, joueur et capitaine en ce temps-là, s’embarqua pour sa glorieuse odyssée… Une aventure à 15… Pas un de moins, pas un de plus… Les 15 mêmes bonhommes du début à la fin… Faut dire que c’était le temps où l’on mourrait sur le terrain…  15 Noms que je pourrais sans doute chercher sur Wikipédia ou tout autre expédient permettant d’étaler un savoir qu’on a pas… Mais j’y vais de mémoire… Et pour avoir entendu moult récit de cette merveilleuse épopée je peux quand même citer, sans risque de me tromper,  Aguirre, arrière de grand talent… Aguirre où le Bonheur de Dieu qui s’émerveille de sa propre création… Et Romeu, Et Rives bien sûr et Skrela père… Imbernon l’usapiste et Paparemborde… Mais ce ne sont là que de faux souvenirs construits au cours des longues soirées d’hiver où l’on me comptait les exploits des anciens…
Donc pour en revenir à mes souvenirs réels, et à ce Grand Chelem de 1981, alors que je découvrais émerveillé ce petit monde d’ovalie, ce sont aussi surtout des noms qui me reviennent… Les noms de quasi-demiurges qui roulaient sous la langue preste de Roger Couderc… Dospital, Paparemborde encore, Imbernon toujours et Rives et Berbiz’ bien sûr… Et Laporte… Pas Bernard… Non. Non. Le Vrai… Guy de son prénom. Codornioux, Bertranne et Pardo… et Blanco le funambule… Surtout, y’avait de l’action… De quoi meubler sans peine ces longues journées d’hiver…
Petit bout d’homme que j’étais, je regardais ces colosses batailler, dans le sang, la sueur et les rires, pour conquérir de haute lutte le titre honorifique.

Et déjà, ce jeu atypique et frondeur, ce jeu viril et noble, ce jeu qui nous parle d’aventure, de combat, de conquête mais aussi de copains, de camarades, de frères…
Ce jeu  qui nous parle de la France aussi… La France des Villes et celle des Champs, unis dans une même passion… Ecoute ami lecteur… Ecoute l’écho de nos montagnes réciter la litanie mélodieuse des participants au Championnat d’alors… Ecoute… La Voulte, Oloron, Stadoceste, Carcassonne, Bagnère de Bigorre, Mazamet, Tyrosse… N’est-ce point douce musique à nos oreilles que ces noms magnifiques…
Bref, ce jeu à nul autre pareil parlait à mon Cœur de Pirate, à mon âme de Mauvais Garçon, à mon côté Anar… Ça avait l’air bien… Tant tellement… Fallait que j’aille voir ça de plus prêt… Ajouter l’Odeur, le Goût et le Toucher à l’Image et au son…
Et j’y suis allé. J’ai franchi le Rugbycon… J’ai pris Licence… Chaussé les crampons, revêtu la lourde tunique de coton, l’habit de lumière… et j’ai foulé mes premiers terrains…
A l’aile toute d’abord… A l’aile et à Droite moi qui ne suis d’aucun bord… A l’aile vu mon gabarit de l’époque, plus proche de la crevette que de l’Athlète que j’allais devenir… Soixante Kilos… Maillot compris… Soixante Trois Kilo cinquante quand il pleuvait et que ledit maillot pesait le poids d’un âne mort sur mes frêles épaules…
« A l’Aile » m’a-t-on dit… Là où la vie est censée être belle pourvu que la balle y arrive… Ce qui était bien rare… A l’Aile, loin de l’action… Loin du combat… En un temps où seuls les Gros allaient à la mine… et croyez-moi, dans ma Vallée de l’Ondaine, ils savaient ce que ça voulait dire…Eux les petits-fils de gueules noires venues de Pologne, d’Italie ou d’Espagne, de France et de Navarre pour s’en venir creuser la terre… Pauvre Martin, Martinski, Martini, Martinez… Oui… La mine et le charbon… Le dur labeur… Ils connaissaient mes Gros… Et là… Y’avait de l’action… Et de la bonne... Bouffe… Marrons… Tartes… Poires…

C’était surtout le temps de l’apprentissage, le temps où l’on doit faire ses gammes dans un rugby finalement très codifié… Chacun sa place, chacun son homme… Y’en aura pour tout le monde…
Ca j’adorais aussi… Tout le monde ! Fernand le Rigolo, le petit gros à lunette dont je n’ai jamais bien su le nom, Robert le Grand Costaud…et tant…et tous… Chacun sa place, chacun son rôle…
Moi on m’a dit « Vas à l’aile… et si par un fabuleux hasard la mechigue t’échoie, ne la laisse pas choir, va, cours, vole… et te fais pas chopper. »…
Alors j’ai obéi… Pas longtemps… Frondeur un jour, rebelle toujours… J’ai glissé… Lentement… Insidieusement… Me rapprocher de là où ça se passait… Sournoisement aussi un peu… Chipeur le Renard avant l’heure le Ytse… et hop… Que je me faufile entre mes deux centres et que je t’attrape cette balle tant attendue et que je la serre sur mon cœur, et que je cours, et que je cours et que je meurs, découpé en douze par les deux centres adverses sous l’œil goguenard de mes coéquipiers… Ouaip… Y’a bien eu de l’action mais les miennes étaient en berne…
Crois-moi… Leçon apprise… Sur le bout des crampons des gars d’en face… Au Rugby, y’a pas de héro… La guerre ne se gagne pas seul…et surtout pas à l’aile… T’es pas armé… La Charge de la Brigade Légère… On sait comment ça finit…

Et le temps passe… J’étoffais mon jeu… M’étoffais moi-même… Un jour j’ai eu Dix Sept ans… Mes cheveux ne volaient pas dans le vent vu que je les portais courts à l’époque… et moi je ne volais pas non plus vraiment sur le terrain… 13 secondes au Cent mètres, ça ne m’autorisait pas à rêver à des cavalcades endiablées… Surtout… Le Ytse, il a toujours aimé les contacts humains… L’évitement ? Pas pour lui… On m’avait dit : « Fait du sport tu feras des rencontres »… Au pied de la lettre que je l’ai pris…
Boumbadaboum… Droit devant… Percussion blindée… Muscu aussi un peu… Pas mourir trop jeune…
20 ans… Le niveau monte… Je me recentre…  Douze ! Premier Centre ! Presque au cœur de l’action… Attaque…et que je te rentre dans le lard… Défense et que je te découpe…
Et la ligne… putain de ligne Maginot imaginaire… « Attaque la ligne ! »… « Défend ta ligne !» qu’il me hurlait le coach… Et cette pluie qui tombe… Ce maillot, plus léger à présent mais qui te colle à la peau… La boue… Le sang… Les volutes de condensation qui s’élèvent au-dessus des corps entremêlés… La Mêlée… La chasse gardée des gros… Le secret que je ne partagerai que bien plus tard au crépuscule de ma carrière quand je ferai quelques piges en Troisième Barre… La Mêlée donc… Là-bas… Un pont d’hommes… Un pont si loin… Et le demi de mêlée qui prend la balle, l’offre à l’ouvreur…qui perce… Je suis là… près de lui…pour lui… il ne me voit pas… Il me sent… Il me sait… La balle vole… Elle est à moi… Et je percute… Le choc… Il fléchit… Je passe les bras et la balle à mon suivant… Il court à son tour… Je tombe et le regarde filer vers son destin… Je me relève… me replace… ça repart… Ah putain que c’était bon…et y’avait de l’action…Crois moi…

C’est fini… Trop vieux le Ytse… Trop pris aussi… Quatre ans déjà que j’ai raccroché les crampons… Je les ai toujours…  Deux paires… Mes maillots… Un short… Prêt… Au cas où… Le cycle de la vie m’a rattrapé… Je suis revenu devant ma télé… J’y serai samedi soir... Et j'espère qu'y'aura de l'action…