lundi 19 novembre 2012

En Long, en Large et en Travers.


Bonjour ami lecteur… Depuis le temps que je parcours la blogosphère et sa périphérie, voyageant bucoliquement de blogs en forums et de posts en posts, il m’arrive souvent de m’arrêter au bord du chemin pour respirer le doux parfum d’une Rosae Aresenalis ou admirer les bonnes feuilles aux couleurs chamarrées d’un Billetus Tricaonis… voir de m’ébaubir devant les épines acérées d’un Cactacea Yellonicus… et bien d’autres merveilles qui font la route plus agréable à suivre…

Mais, pour dire les choses comme elles sont, il m’arrive aussi, et hélas surtout, de me pincer le nez, fermer les yeux et me mordre la langue et les doigts devant la profusion des adventices indésirables qui fleurissent à foison dans le terreau fertile de la connerie humaine…
Mais que faire, sortir la serpe pour couper cet affreux Rastequs  Horribilis à feuillage persistant… Donner un petit coup de sécateur pour élaguer ce Debilus Baboulicus un peu trop envahissant… Ou faucher à la racine cet Homophobis Vénéneux plutôt inesthétique convenons-en ???
Je n’ai point la main suffisamment verte sans doute et encore moins la patience…

D’ailleurs, par principe, j’aurais plutôt tendance à aimer la mauvaise herbe, celle qui ne se rumine pas et ne se met pas en gerbe… L’Herbe folle qui ne se plie pas aux volontés uniformatrices de ceux qui n’aiment rien tant qu’une nature docile et domestiquée… Le Chiendent qui s’immisce dans les desseins des puissances horticoles… Les arbres qui abandonnent leur tuteur pour pousser de guingois…
Bref, malgré mes réserves sur mes amis Britanniques, je dois bien reconnaitre que j’apprécie plus le charme chaotique des Jardins à l’Anglaise que l’austère ordonnancement des à la Française.  
De même en matière de chemins, personnellement je préfère ceux de traverse, tortueux à souhait, caillouteux, poussiéreux…aventureux aussi un peu…  plutôt que les autoroutes uniformes, rectilignes que l’on emprunte sans réfléchir tout en pestant contre leur prix exorbitants…et avec GPS…hein… Etre sûr de ne pas se gourer de route… Arriver vite… Droit au but…Sans détours…
Bon, lorsqu’il s’agit d’un trajet en voiture, je comprends et moi-même je… mais… Ce qui me désole c’est d’en voir tellement de mes porains qui vivent leur vie comme ils conduisent…

Parce que tu vois, ami lecteur qui comme moi arpente la vie comme il peut, on sait à peu près d’où on part… Hein… En général… On sait aussi où on va arriver un jour… Inévitablement… Le bout du chemin… Mais entre les deux… Pourquoi suivre des routes toutes tracées… Bien balisées… Suivre le Guide Suprême, le putain de Grand Timonier… Au pas Camarade !
Pourquoi respecter religieusement les indications d’un GPS préprogrammé décidant à notre place… T’as peur de te perdre ? Benh non… Y’a pas de risque… On arrivera tous à destination… Crois-moi… et on n’est pas pressé…
M’enfin, tu fais comme tu veux… Hein ? Vous faites comme vous voulez… Ils font comme ils veulent…

Parce que c’est là où rien ne va plus…Là que je dis Halte à tout avec mon pote Renaud. Là, lorsqu’ils veulent à tout prix ramener tout le monde sur leur soi-disant bon chemin. Bien Indiquer la « bonne » direction à grand renfort de geste et de discours grandiloquents… Bref… Lorsque, non content de vouloir montrer la voie, leur voie, ils commencent à conspuer ceux qui ne les suivent pas… Ah il nous l’avait bien dit le Grand Georges, les braves gens n’aiment pas qu’on suive une autre route qu’eux…
Alors, ils crient… Alors ils hurlent… Bien essayer de rameuter les brebis égarées…Chiens de berger de mes belles deux… Et si les brebis persistent à aller à contresens… C’est l’hallali… Haro sur les contrevenants… A coups de pompes dans le prozib’ qu’ils voudraient les faire marcher droit…
Et encore, moi, vu que je me baguenaude hors des sentiers battus… Ils ne me voient que peu… Ou alors ils ne me comprennent pas… Me prennent pour un type un peu louche… Mauvaise réputation le Ytse, comme les Cheminots de naguère qu’on regardait arriver avec méfiance puis repartir avec soulagement…
Ça doit les effrayer aussi un peu d’en voir qui partent à l’aventure sans carte ni boussole… Des qui n’hésitent pas à prendre à gauche quand le troupeau part à droite et inversement…
Parce que je ne suis pas tout seul… Hein… On n’est certes pas la majorité, mais quand même quelques-uns, à s’en tamponner le coquillard des itinéraires établis, à tirer des bras d’honneur aux ceusses qui veulent marcher devant en agitant bien haut leurs enseignes à la con… Qui m’aime me suive: mon cul !
Si tu m’aimes, si on s’aime, on marche ensemble, côte à côte et on discute le bout de gras… On fait quelques pas de conserve et puis au prochain embranchement, chacun poursuit sa route, où on continue encore un peu parce qu’on ne  s’est pas tout dit…

Alors bon… Ils nous regardent de travers un peu… Ils essayent de nous vendre leur soupe… Mais de loin… Ils ne s’approchent pas trop… Des fois que ce serait contagieux cette liberté tant tellement effrayante…
Mais il y a les autres ! Ceux qui ont choisis des itinéraires tout aussi balisés, tout aussi rectilignes et monotones… mais pas dans la même direction ! Alors là ! Pardon ! Peuvent pas s’empêcher de se crier contre ! Ils se montrent du doigt, se haïssent, se honnissent…eux tous qui mal y pensent !
Même quand leurs routes sont parallèles… proches…voisines… Peuvent pas s’empêcher de remarquer que ce n’est pas la même… Peuvent pas s’empêcher de penser que seule la leur est belle surtout… Les cons… Alors ils suivent leur chemin…Droit devant, tout en tournant la tête de droite et de gauche pour injurier ceux qu’ils croisent… Surtout quand les autres marchent dans la direction opposée !
Tu me diras… Je m’en fous un peu… Moi, leurs routes, je ne fais que les emprunter de temps en temps quand je juge que les alentours méritent attention… Je ne fais que les croiser donc… Ces meutes hurlantes, babines retroussées et bave aux lèvres… Puis je repars dans l’autre sens suivre mes petits sentiers bucoliques avec quelques aminches…
Suivre ma route qui ne même à l’évidence ni plus loin, ni plus vite… Qui n’est pas meilleure qu’une autre sans doute… Mais au moins c’est la mienne…

Enfin, bref, toutes ces digressions pour te dire que, malgré toutes les conneries que je peux lire ici ou ailleurs, souvent, je laisse écrire… Je les laisse trottiner, langue pendante, derrière le fion de leur leader, je les laisse s’aboyer contre lorsqu’ils se croisent, les tenants des causes contraires… J’en pense pas moins mais ne dis rien… Ou pas souvent…
De temps en temps seulement, me mettre en travers de leur route, tendre une embuscade, dynamiter un pont ou deux histoires de bien les emmerder, eux qui ne savent qu’avancer tout droit…
Et pour un instant, pour un instant seulement, soutenir une cause contre ceux qui la violentent… Parce que trop c’est trop…
Alors tu me verras peut-être lancer prestement la patte pour envoyer par terre leurs théories puantes… de celles qui te causent de races supérieures ou des mérites comparées de nos sœurs selon qu’elles soient d’ici ou d’ailleurs…
Tu me verras parfois, sortir de mon maquis Vaudois pour m’en venir cracher sur leurs cœurs tout froids, rabougris, imperméables…
Tu me verras peut-être, tu me verras parfois… mais pas souvent… Parce que le mal est profond, parce qu’il est partout… Parce que je ne suis rien qu’Un qui élucubre sur son blog perdu aux confins du néant… Un qui ne veut rien temps finalement que suivre son chemin de petit bonhomme…

Enfin… Je ne sais même plus pourquoi je te raconte tout ça… T’as lu jusqu’au bout ? T’es encore là ? Bravo…
Tu dis ? Tu n’es pas d’accord ? Pas grave…
Heureux d’avoir partagé ce bout de chemin avec toi… On se retrouve au prochain croisement… Peut-être… Si nos routes respectives nous y conduisent… En attendant, je continue à arpenter toutes celles qui se présentent… En long, en large…et en travers… Surtout en travers…hein ? Tu l’as bien compris…