Ah ah ah ah! putain de temps !
Ah ah ah ah ah ah! pauvre de moi...
Et voilà, l’automne qui débarque, encore
moins bienvenu qu’un immigrant Syrien dans une ville FN… Fait chier. Il pleut, il mouille, la fête à ces connasses
de grenouilles. Il vente sévère aussi et le thermomètre se met en berne itou.
Bref, ça sent le sapin et le début de la fin pour nous autres amateurs de grosses
cylindrées rutilantes.
Alors bon, j’en sais certains qui vont me
ricaner contre en claironnant bien haut que le Vrai Motard - concept un peu abscons coincé entre le Vrai Chasseur et le Vrai Hardeuh-Rock de qui vous savez - le Vrai Motard donc, ne s’arrête pas aux premières gouttes ni aux
premiers frimas. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige même, il enfourche son
engin et s’en va braver les intempéries. Grand bien lui fasse. De toutes façons,
je ne suis pas un Vrai Motard. Je ne
suis même pas motard du tout d’ailleurs.
Un motard, un vrai, ça roule Japanouille,
Teuton, Italoche ou même British pour ceux qui n’ont pas la Triumph modeste. Un
vrai motard ça s’enfile dans de la combi cuir et fluo, ça arbore du casque
intégral avec bluetooth intégré. Bref, un vrai motard, c’est un vrai motard…
Voir même une vraie motarde hein, je l’écris bien haut avant qu’on ne me répute
machiste.
Rien de tout ça pour le Ytse. Le Ytse
roule sur de l’Amerlock, chevauche une légende plutôt qu’une bête moto, porte
le blouson de cuir noir et le jean délavé et son casque donnerait une attaque
cardiaque aux pandores tricolores. Chevaucher, To Ride en anglais, le terme est
lâché. Il n’est pas question ici de faire de la moto, pas question d’user d’un
moyen de transport ni pire, ni mieux qu’un autre pour aller d’un point A à un
point B. Il est question de plaisir, de chevauchées éperdues, cheveux au vent,
larmes aux yeux et trique au garde à vous… Il est question de panard. Il est
question de bruit et de fureur… Tiens, le bruit, aussi. La musique devrais-je
écrire… La symphonie du Twin, le potato-potato inégalé, qui fait se retourner
les filles. Un son à nul autre pareil. Cathartique, primal, animal. On se situe
ici dans le Heavy Metal, le grandiloquent, le Wagnérien… j’en passe et des
meilleures. Le plaisir te dis-je.
Or, je te le demande à toi qui n’aimes
rien plus que ton petit confort douillet… Il est où le plaisir lorsque tu dois
encore te taper 100 bornes sous une pluie diluvienne, que tu es mouillé dans ta
combi pire qu’un élu marseillais dans des combines, que tu te gèles les burnes
et le reste depuis des kil et des kil. Hum ? Tu m’as compris ? J’vais
quand même pas me mettre au Damard ou au KWay comme le premier scooteriste
venu. Pourquoi pas de l’antigel dans le calbute pendant que tu y es ?
Et puis pour tout te dire, la Harley sous
la pluie, c’est un peu casse gueule. 300 Kilo et des sur la balance, si tu
commences à chasser de l’arrière, c’est la vautrade quasi assurée. Sans parler
qu’avec ce qu’ils nous balancent dans notre pauvre petite atmosphère, tu as vu
la gueule de la pluie de nos jours. T’y as pensé à mes chromes ?
Hein ? Ma pauvre petite Harley agressée par les pluies acides et les microparticules
dont nous causent les journaux… J’préfère encore me les respirer plutôt que de
les voir se poser sur mes chromes et mes cuirs.
Alors non. L’automne arrive et en toute
logique l’hiver devrait suivre. Je range mon casque, mon cuir, mes bottes, je
garde le jean pour pas que tu tombes en syncope amie lectrice, je branche la
batterie sur son chargeur. Un p’tit coup de polish par ci, un p’tit peu de cire
par là. Rendez-vous au printemps.