samedi 11 octobre 2014

Les cochons sont lâchés.


Bonjour ami lecteur, tu auras noté, qu’hormis quelques déluges localisés, cet automne encore neuf nous octroie quelques beaux jours de franc soleil, offrant à quelques âmes égarées la dommageable opportunité d’aller manifester pour tous en les rues de Paris ou d’ailleurs.

Sans doute certains d’entre eux virent-ils même dans cette météo clémente, la marque d’une approbation divine, le signe de la justesse de leur cause, la bénédiction de leur combat… Et peut-être ne doit-on dès lors pas s’étonner de voir les organisateurs de ces manifestations multiplier les participants comme leur Jésus les petits pains…
A moins que ces problèmes d’arithmétiques n’aillent de paire avec une certaine vision rétrograde de la société et que lesdits organisateurs aient éprouvé tout autant de difficultés à comptabiliser leurs moutons défilant au pas de l’ouaille que d’autres à dénombrer le nombre d’enfants de moins de 4 ans vivant en France.
En parlant d’enfants en bas âge… Combien y’en avait-il, trainés là par le papa et la maman censés représenter les figures tutélaires de la sainte famille en danger ? Combien de pauvres minots a t’on ainsi forcés à battre le pavé pour les idées de leurs pères ? Et surtout: pourquoi ?

D’aucuns esprits taquins iraient sans doute prétendre que c’était pour faire le nombre, pour donner de l’ampleur à la chose. Ils auraient tort puisque bien entendu, ni les femmes, ni les enfants ne sauraient faire partie du décompte, les saintes évangiles elles-mêmes proscrivant une telle basse manœuvre…
Si, si, je t’assure ami lecteur et au cas où tu serais peu au fait des écrits testamentaires je te livre ici un extrait de l’Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu, chapitre 14, versets 14 à 21… L’extrait qui traite de la multiplication des pains citée plus haut: « Tous mangèrent et furent rassasiés […] Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille hommes, sans les femmes et les enfants. »
Cinq mille… sans les femmes et les enfants… Amusante façon de dénombrer une foule… N’est-il pas ?
Faut-il comprendre que seuls les hommes avaient été sustentés et que les femmes et les enfants avaient dû se l’arrondir, restant là, la bave aux lèvres à regarder leur pères, maris, frères et fils se remplir la panse ? Ou faut-il y voir la place que les rédacteurs de ces textes soi-disant sacrés entendaient laisser à ces mêmes femmes et enfants qui ne devaient compter que comme quantité négligeable… Et les chiens ? Ils avaient eu à bouffer les Chiens ?
Faut-il voir dans cette curieuse façon de dénombrer les convives, la définition même de ce que devrait être la Famille d’après les pères fondateurs ? Cette même famille que les neuneus-pour-tous entendent défendre en défilant avec femmes et enfants de par les rues et les ruelles…
Parce que bien évidemment, lorsqu’ils viennent faire bonne figure devant les caméras obligeamment tendues, ils se posent, entre autre, en sauveurs, en défenseurs de la famille en danger devant la dissolution des mœurs actuelles… Et, entre toi et moi, danger il y a sans doute…  Pas pour la Famille, mais pour leur propre conception d’icelle…

Le bon vieux modèle familial qu’ils ne voudraient pour rien au monde voir changer. La toute puissance du Pater Familias… Je serais à peine surpris d’ailleurs que certains ne regrettent même la disparition du  vitae necisque potestas que celui-ci ait eu cours au propre ou au figuré dans la société romaine. Je ne serais pas plus surpris que, comme le notait Mauriac, certains croient encore que: « Le Code civil ne prévaut pas contre la volonté toute-puissante du père. »
Une vision hiérarchisée de la famille, illustrée jusque dans les slogans qui nous rabâchent qu’une famille c’est un Papa, une Maman, un ou des enfant(s)… Un Papa et Une Maman… Dans cet immuable ordre de préséance et avec la primogéniture masculine pour départager les enfants…
Un modèle à tout le moins un peu suranné et pour le coup, sans doute vraiment en voie de disparition… Sauf que dans ce cas-là je serais plutôt partant pour laisser s’exprimer la sélection naturelle…
Et donc qu’ils ne comptent pas sur moi pour m’en venir battre le pavé avec eux pour défendre cette famille-là. Cette famille qui n’est en fait alors rien d’autre qu’un carcan avec ses codes et ses règles, ses dominants et ses dominés… Une micro-société réduite à son ultime noyau avant l’individu ou, si on prend l’angle opposé, les premières chaines mises au même individu pour entraver son affirmation personnelle… Le modèle même qui me pousserait à crier « Famille je vous hais ! »…
D’ailleurs, je ne suis pas le seul à penser ça… Parce que si tu regardes très attentivement le logo même de la Manif pour tous… On peut voir très distinctement que les deux gamins… Essayent de se tirer… Et on les comprend.
Moi, tu me connais, et tu m’as lu plus souvent qu’à mon tour faire l’apologie de la famille, te dire combien elle comptait pour moi. Et je veux le réaffirmer ici.
Mais la mienne de famille, celle dont je parle et que je chéri tant, n'est pas et ne sera jamais réduite à la cellule sociale. Elle est une entité qui nait de l'amour et elle ne souffre aucune prédominance, aucune contrainte, aucune règle que celles de s’unir pour bâtir ensemble un bonheur plus grand. Et cette famille-là est par essence tout aussi immortelle que l’amour dont elle nait. Il n’y a donc pas matière à hurler avec les moutons pour sa défense quand rien ne saurait la mettre en danger.

A côté des discours sur la défense de la famille, voire même en corolaire, sont les arguments sur la marchandisation des enfants et du corps des femmes que pourrait induire la levée de l’interdiction de la Gestation Pour Autrui. Le sujet est effectivement beaucoup plus délicat, plus complexe aussi. Et il ne fait aucun doute que le recours à cette méthode doit être très strictement encadré. Peut-être effectivement jusqu’à l’interdiction de sa pratique, tout au moins jusqu’à ce que l’on ait pu suffisamment se pencher sur la question pour mettre en place les conditions et les contrôles permettant de limiter au maximum les risques de dérives.
Je peux comprendre et accepter que, malgré les propos du premier Ministre absolument clairs sur le sujet et qui confirmaient qu’il n’était pas question pour le moment de légaliser la GPA en France, je peux comprendre disais-je, que l’on manifestât pour réaffirmer, a priori, certaines oppositions à cette pratique… Je peux le comprendre…
Mais je ne peux cependant pas m’empêcher de noter que cette opposition n’a jamais été autant affirmée que depuis que les couples homoparentaux ont enfin obtenu le droit de se marier comme les autres couples… Je ne peux m’empêcher de lire leurs pancartes stupides questionnant notre bon président Hollande sur le prénom de sa chère maman… Je ne peux m’empêcher de penser que certains des opposants à la GPA ne s’y opposent que parce qu’éventuellement… les PD… Quelle Horreur… Pourrait un jour en bénéficier… Vous vous rendez compte ma pauvre dame… Déjà que les PD… Hein ? On se comprend… Mais si en plus on les laisse se reproduire…
Et à ceux qui voudraient prétendre que je vois le mal et l’homophobie partout, je répondrais que, si les manifestants n’ont aucune arrière-pensée, pourquoi associent-ils alors la PMA à la GPA ? Considèrent-ils que la PMA, qui est jusqu’à preuve du contraire légale dès lors que sa mise en œuvre est limitée au traitement des cas de couples se trouvant face à une infertilité médicalement constatée ou risquant de transmettre une maladie grave à l'enfant ou à l’un des membres du couple, que la PMA donc, doive elle aussi être interdite ? Ou ne serait-ce pas plutôt qu’ils voudraient s’assurer qu’elle ne soit pas ouverte aux couples homoparentaux féminins ?
Alors moi, tu me connais, je n’irai certes pas marcher à côté de ces branques. Parce que si j’ai encore beaucoup d’incertitudes et d’interrogations quant à la GPA, à ses bénéfices pour certains couples en mal d’enfant, bénéfices à mettre en balance avec les dangers des dérives qui peuvent y afférer… Je n’ai par contre aucun doute sur une chose… La loi doit rester la même pour tous… Si la GPA reste interdite, elle l’est pour tous les couples… Si elle devient légale, elle le devient pour tous les couples…

Défense de la Famille, préservation du corps de la femme, GPA machin, PMA bidule… Autant d’artifices aussi pour les ceusses qui n’ont toujours pas digéré qu’on leur explique que les couples homosexuels avaient droit aux mêmes…droits qu’eux… Ces éternels cornards… Ces mous de la coiffe… Cette sainte famille machin, père, mère, fille, fils, le Saint-Esprit en bandoulière, qui décochent illico des propos venimeux aux malappris qu’elle croise parfois sur son chemin et qu’elle trouve s’embrassant à bouche-que-veux-tu sur les fameux bancs publiques…
Quand le Grand Georges écrivait cela, à l’aube des années cinquante, il peignait le ridicule des culs-bénits qui s’offusquaient à la vue de jeunes couples vivant leur amour à l’air libre. Il est évidant que de nos jours, un couple qui s’embrasse sur un banc publique, ou ailleurs, n’attire pas plus l’attention que le colombidae qui picore quelques miettes à leurs pieds… Sauf à ce que, horreur sans nom, ledit couple ne soit constitué par deux personnes du même sexe…
Oh, ne t’inquiète pas, je ne m’en vais pas t’aller chanter sur tous les tons que les homo qui se bécotent sur les bancs publiques,  bancs publiques, bancs publiques, ont des petites gueules bien sympathiques… Certains oui. D’autres non. Ni plus ni moins que les autres si tu veux mon avis… Par contre, ils ont tout autant le droit de le faire que les autres et si cela dérange les convictions de certains, si d’aucuns en ont des flétrissures à la morale, qu’ils regardent ailleurs, qu’ils détournent les yeux mais surtout qu’ils ferment… leur gueule de raie.
Alors bien sûr, je n’irai pas marcher bras dessus, bras dessous avec ces moralistes pudibonds, ces empêcheurs d’aimer en rond, ces fanés du slibards secs de cœur, ces faux virils qui se prennent pour de vrais mecs mais qui craignent très beaucoup… Ces cons quoi… Pour dire les choses comme elles sont.

Alors n’insiste pas ami lecteur… La Manif’ pour tous (les cons) je n’irai pas ! Comment ? Tu dis ? Elle est déjà finie. C’était le week-end dernier. Ouaip… Mais t’inquiète… Mainte fois sur le métier ils remettent leur connerie… Alors des défilés à la con… Y’en aura d’autres.