jeudi 23 octobre 2014

Deuil Express.


Bonjour à toi ami lecteur. A priori c’est la saison, mais les sanglots longs des violons qui accompagnent les élégies funèbres qui pleurent la disparition, certes soudaine et sans doute regrettable, de qui tu sais, ne blessent mon cœur d’aucune langueur particulière.

Tout un chacun y va de son panégyrique pour saluer le grand homme. Jusqu’au bon Président Hollande, pensant sans doute et pour quelques instants, nous faire oublier dans une bière de circonstance, qu’on est gouverné comme des pions par un roi un peu fou qui a perdu ses reines et celles du pouvoir.
Je ne sais pas encore si l’Illustre aura droit à des obsèques nationales, mais il y a fort à parier qu’il sera enterré en grandes pompes, alors même qu’il aurait, lui que l’on dépeignait comme dévoué corps et âme à « son » entreprise, sans doute souhaité être justement plutôt enterré à côté de ses pompes…
D’ailleurs ne peut-on pas considérer que, la formation du pétrole commençant par l’accumulation de matières organiques, l’acte même de mourir et de retourner à la terre, est pour lui, l’ultime expression d’une conscience professionnelle poussée à son paroxysme.
J’espère simplement que l’on ne recourra pas à la fracturation hydraulique pour creuser le trou nécessaire à la chose.

Mais bon, les eulogies font florès, les éloges s’accumulent et on en fait un peu beaucoup je trouve. Je dirais même qu’on nous fait la total(e) sur le sujet, même si j’admets bien volontiers l’importance du personnage… Surtout pour les actionnaires de Total, tremblant pour leur portefeuille face à des marchés toujours prompts à sur-réagir à ce genre d’événement, appliquant en cela l’adage qui veut qu’un seul être vous manque et tout soit alors aussi dépeuplé que la faune et la flore un jour de marée noire. Il est vrai que le décès de son patron peut légitimement nous faire craindre que, tout en ayant toujours du pétrole, Total n’ait plus d’idées…
L’homme était sans doute remarquable, une huile comme on dit pui(t)s dans ces cas-là. Mais l’était-il plus que tous les autres trépassés de ce 20 Octobre ? L’était-il plus que, par exemple, Maria Lambour, la sycophante bretonne protectrice des recettes locales, ou qu’Etienne Mourrut, certes décédé la veille mais dont le nom est par trop prédestiné pour ne pas figurer ici ?

Entendons-nous bien ami lecteur, laisse-moi te préciser, avant que tu ne me réputes nécrophage en m’accusant de manquer d’essence, euh, de décence voulais-je dire… Laisse-moi affirmer ici qu’il ne s’agit pas non plus de sabrer le champagne fut-il du Taittinger. Peu de morts sont réjouissantes, celle-ci pas plus qu’une autre. Et certains auraient sans doute pu, comme le disait une experte en la matière, tourner 7 fois leurs doigts sur le clavier avant que d’envoyer un Tweet quelque peu maladroit…
Mais bon, on m’a souvent invité à m’attacher plus au fond qu’à la forme… et en la matière… dans le fond y’a du pétrole… Et quand y’a du pétrole… Et pourquoi ne pas mettre sur le coup d’une certaine licence poétique de l’auteur dudit Tweet, l’usage de cette hémato-métaphore assimilant le pétrole au sang de la terre… Bref, le haro général contre ce pauvre Gérard Filoche me parait lui aussi un tantinet exagéré.

En l’espèce comme pour le reste, je continue de penser que l’on peut rire de tout… Ne serait-ce que parce que si on ne le peut pas, on ne peut rire de rien, étant alors entendu qu’il y aura toujours un mou de la coiffe pour aller t’expliquer que l’objet de ta saillie n’est pas catholique, casher, hallal ou autres trucs et machins dont ont fait les crédos…
D’ailleurs, pour en revenir à la Camarde, ne vaut-il pas mieux en rire qu’en pleurer ? Surtout pour ceux qui ont l’obligeant bon goût de calencher avant nous… Ils méritent notre reconnaissance éternelle, celle qui dure à nous rendre nous-même immortels… quand on y pense… Quoique l’éternité, c’est long, c’est chiant...

Les plaisanteries les plus courtes étant souvent les meilleures, Il faut aussi savoir s’arrêter… Un petit tour et puis s’en va… Passage express et Deuil Express à l’échelle de l’humanité et du monde qu’elle hante… Et puis surtout rappelle-toi, cher lecteur :
« J'veux qu'on rit, J'veux qu'on danse,
J'veux qu'on s'amuse comme des fous,
J'veux qu'on rit, J'veux qu'on danse,
Quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou… »