Bonjour
ami lecteur. Consternant cette pantalonnade Brignolaise. Non pas tant en regard
du résultat, qui est ce qu’il est, mais par le tintamarre assourdissant qui est
fait autour de ce non-événement. T’es pas d’accord ?
Parce
que ce scrutin, à tout prendre qu’est-ce ? L’élection d’un obscur, d’un
sans-grade, petit Conseiller Général d’un Canton sans importance. La troisième
mouture d’une élection en plus après que les deux premières ont été annulées
par les juridictions ad-hoc. Et lorsqu’on se rappelle qu’en 2011 c’est déjà le
FN qui l’avait emporté, certes avec beaucoup moins de marge, cela relativise
quand même les choses.
Le plus croquignolesque dans
l’affaire restant bien sûr que le Front National se réjouisse que l’un des
siens s’en aille ainsi grossir les rangs de ceux qu’il nomme lui-même « des roitelets entourés d’une cour
pléthorique ». Mais bon ils n’en sont pas à une contradiction près les
gueux.
Enfin bref, pas de quoi se mettre Martel en tête
comme disait Charles l’ami de Lorant Deutsch.
Et pourtant… Pourtant nos chers médias nous font
des Unes, des gros titres, et autres Flashes spéciaux de cette historiette.
Glosant à l’envie sur les circonstances ceci et les conséquences cela. A croire
qu’ils n’ont rien d’autre à dire… Ou qu’ils pensent avoir trouvé là le nouveau
filon qui attirera le chaland et fera vendre du papier ?
Parce que tu
comprends, après avoir bien fait flipper tout le monde avec l’insécurité
par-ci, la crise par là et les étrangers partout ! Après avoir fait ainsi
le lit du FN et même s’y être vautré comme des porcs dans la fange. Ces petits
malins de journaleux nous font le coup de la deuxième lame en jouant sur la
peur du monstre qu’ils se sont employés à créer… F(rankeinstei)N où le putain
de Prométhée Moderne créé de toutes pièces en un assemblage hétéroclite d’idées
populassières.
T’as vu le
coup de Jarnac ami lecteur ? T’as admiré la manœuvre ? Du grand
art !
Ah ça, ils ont
bien compris que la peur, cette émotion primale et prégnante, était pour la
propagation de leurs salades, un vecteur tout aussi efficace que la puce du rat
pour le regretté Yersinia Pestis.
La peur. Le
mot est lâché. Tant tellement présente dans notre société. De plus en plus même
à mesure que notre confort augmente. Parce que le premier paradoxe de la Peur
est là : moins t’as de raisons de craindre pour ta vie ou ton bien être,
plus tu te mets à avoir peur de tout et de rien. De rien surtout. Un luxe que
nos lointains ancêtres ne pouvaient pas se payer quand chaque jour était une
lutte pour la vie. Pas le temps pour avoir peur de son ombre quand tout un tas
de dangers létaux te guettent à chaque pas.
En ces
temps-là, la peur était concrète, le fruit d’une expérience, la résultante d’un
danger réel qu’il convenait d’ailleurs de traiter le plus souvent par la fuite
ou l’évitement : Courage Fuyons !
Par essence,
ces peurs-là pouvaient aussi être surmontées à mesure qu’on les affrontait et
nombres de progrès techniques purent ainsi être fait en son nom.
Ces peurs-là,
définies, comprises, fondées, agissent d’abord comme un mécanisme de défense,
un outil de survie, puis comme un moteur de progrès ou de dépassement de soi.
Elles peuvent être bénéfiques en quelque sorte.
Mais l’Homme
est par nature un être complexe doté de raison, quoi que pour certains on soit
en droit d’en douter fortement… Mais bref… L’Homme raisonne donc et ce
raisonnement l’entraine au-delà de ces instincts premiers et des réponses
induites aux stimuli extérieurs. Il raisonne et il invente… Des raisons d’avoir
peur… Des peurs qui dès lors deviennent plus irrationnelles et par là-même,
beaucoup plus insidieuses, beaucoup moins productives.
Tiens ami
lecteur, et toi ? Quelle est ta plus grande peur ? Pose la question
comme cela, à brule pourpoint à n’importe qui et il est de grandes chances que
La Peur de la Mort arrive en tête de la somme de toutes les peurs. Non ?
Et pourtant,
si tu y réfléchis, la peur de la mort, de sa propre mort surtout, est assez
paradoxale en soi. Pour quelle raison faudrait-il craindre un événement qui ne
pourra en aucun cas t’affecter faute de pouvoir le percevoir, le comprendre… Faute
de pouvoir le vivre en somme ?
Avoir peur de
la mort c’est un peu avoir peur de… Rien… Et même le plus courageux de tous les
tarés, il flippe et il balise devant le Grand Vide du Néant absolu. Il n’a
peut-être peur de rien mais le Rien lui fait peur.
Alors devant
ce vide béant, l’Homme a voulu se rassurer en créant un après ! A travers
les diverses religions et autres cultes, il a inventé de toutes pièces un
Au-Delà. Et pourquoi pas d’ailleurs si cela permettait d’adresser sa plus
grande peur… Sauf que…
Sauf que ce
faisant et dans son infini connerie, l’homme a trouvé moyen de se créer d’autres
sources de peurs. Il n’a plus peur de mourir, il a peur de ce qui se passe
après. Ce qui est très con. Parce que pour le coup, t’as vraiment de quoi
baliser si tu crois en l’Enfer, au Purgatoire et autres absurdités religieuses
qui te promettent moult tourments après ton trépas si tu n’as pas eu une vie
rangée selon certains critères moraux imbéciles.
Moi je vais te
dire, je préfère la Mort d’avant les religions. Celle ou après il n’y avait
rien, nada, fifre, que-dalle… Parce que là, la mort n’était qu’un mauvais
moment à passer. Alors que si on adhère à leurs préceptes ineptes, la mort peut
être le commencement d’un tombereau d’emmerdes appelées à durer toujours… Ce
qui fait quand même un peu longuet, t’avoueras.
Tu me diras ça
peut tout aussi bien être le début de félicités éternelles, 10.000 vierges et
autres plaisirs, pour peu que tu ais réussi à gagner ton salut à la loterie de
la bonne conduite.
Mais du coup,
il y a quand même comme un doute sur ton avenir. Non ? Un vache doute
même.
Moi, je vais
te dire, dans le doute… Je m’abstiens toujours… C’est pour ça que j’ai décidé
de ne pas mourir. Ce serait trop con d’aller bruler pour l’éternité moi qui
n’aime pas la chaleur.
En fait, les
religions ont remplacé la peur originelle du vide par la peur de l’inconnu face
à ton destin post-mortem.
Or, moi tu me
connais ami lecteur, je ne te cache rien. Alors je vais te dire : la peur
de l’inconnu : C’est la pire de toutes en fait ! Et c’est justement
sur elle que joue tous les manipulateurs de bas étages qui entendent te faire
faire ce que tu te garderais bien de faire si tu y réfléchissais à deux fois.
Parce
qu’au-delà des réflexes de fuite cités plus haut, de ceux qui font dire que la
peur donne des ailes, il ne faut pas oublier que la peur est aussi un
inhibiteur de la pensée. Elle ravale l’homme au rang de la bête bien plus que
le rire que dénonçait tantôt Jorge de Burgos.
Tu t’es vu
quand t’as peur ?
Et c’est bien
pour cela que la peur est un instrument de domination des plus potents et puissants.
Ils le savent bien les ceusses qui nous gouvernent.
Les dictateurs
de tous poils le savent qui usent de la peur de la répression et du châtiment
pour contrôler leurs foules.
Mais nos
joyeux démocrates, ou supposés tels, ne sont pas en reste qui eux usent de la
peur de l’inconnu justement pour te faire marcher au pas et dans les clous…
Avec le troupeau… Ils s’appuient sur cette peur de l’inconnu, voire même la
bâtissent de toutes pièces, pour assoir leur pouvoir sur les foules crédules
qui gobent leurs sornettes et tendent ainsi le bâton pour se faire battre.
Et le FN, est
passé maitre dans cet art.
Le Front
National est plus un Parti fondé sur la peur qu’un parti fondé sur la haine
comme certains le prétendent voyant l’effet avant la cause. Et c’est pire selon
moi. Car la haine est généralement raisonnée, fondée sur un élément concret
quand bien même fut-il totalement erroné. Mais la peur, la peur de l’inconnu
est, elle, plus difficile à combattre faute d’offrir un angle d’attaque. C’est
la reine de l’esquive. Insaisissable.
Alors le FN,
et cette droite républicaine auto-proclamée qui tente d’en phagocyter les voix
et les idées, et même jusqu’à quelques brebis gauchisantes égarées, tous s’en
vont en cœur crier haro sur l’inconnu ! Et jouer sur tes peurs.
Ils
connaissent tes problèmes, tes inquiétudes légitimes, sur ton avenir, celui des
tiens. La peur des lendemains qui déchantent quand la crise est venue, la peur
induite que génère notre monde devenu global et aux limites floues, etc… Une
peur de l’inconnu qui conduit les individus ou quelques groupes à se réfugier
dans des replis sur soi communautaristes.
Ce n’est plus
la peur rationnelle qui nait fasse à un danger concret mais une peur-réponse à
des événements dont on a l’impression de n’en maitriser ni les causes ni les
effets.
Le genre de
peur qui ne va pas tarder à s’accompagner de la désignation de boucs émissaires
qui devront alors être cloués au pilori dans l’expression d’une hystérie
collective ayant conduit bien souvent aux pires exactions.
Repense à ce
brave Yersinia Pestis que je te causais tantôt. Serial Killer avant l’heure.
Responsable de millions de morts. Sauf qu’on ne l’avait pas identifié ce petit
bacille de rien du tout tant tellement mortellement efficace. Alors on
cherchait des coupables… Les Juifs par exemple qu’on réputait empoisonneurs de
puits… Tu lis ça maintenant et tu te marres ami lecteur, tu te dis que nos
ancêtres étaient décidément des couillons de première.
Sauf que t’es
prêt à replonger tête la première dans la même piscine de connerie abyssale.
Et si ce n’est
plus la Peste que tu crains, c’est l’insécurité, le chômage, la misère… et il
te faut des responsables. Et tant pis si ceux qu’on te désigne ne sont pas plus
coupables que les Juifs ne l’étaient des épidémies de Peste.
Haro sur les
Roms, les Immigrés, les mauvais-français, les Homos, les uns et les autres,
tout ce qui est différents et donc un peu inconnu aussi.
Je vais te
dire, d’une certaine manière le mouton est un peu con qui se laisse tondre la
laine sur le dos et après se les gèle pendant tout l’hiver. Alors les crétins
qui ne voient pas plus loin que le bout de leur bulletin de vote, c’est un peu
kif-kif. Ils finiront par l’avoir dans l’os et c’est tant pis pour eux. Sauf
qu’il y aura peut-être eu un tas de pauvres mecs qui ne demandaient rien à
personne qui en auront fait les frais entre temps.
Et moi j’ai
envie de Jean-Paul-Deuxiser… De te dire : n’ai pas peur ami lecteur !
La peur est mauvaise conseillère, surtout en matière électorale. Pour
paraphraser les Guignols de l’Info de la grande époque je dirais que la peur
peut provoquer un Président et/ou un Gouvernement grave !
Un
gouvernement à tendance populiste. Un de ceux qui, pour accéder au pouvoir et
te la mettre bien profond, se jette sur tes peurs les plus primaires comme des
mouches sur de la merde. Et moi… J’ai peur des mouches.