mercredi 10 juillet 2013

Tout le Plaisir est Pour Moi !


« Qu’est-ce que tu fais ? ». Question indiscrète tôt le matin devant mon ordinateur. Pas moyen de bloguer en Paix*…
« De l’ordinateur. ». Répondis-je avec le sens de l’à-propos et la sincérité qui me caractérisent.
« Oui mais tu fais quoi ? ». Insiste Miss Couette avec toute la conviction de ses bientôt cinq ans…
« Benh j’écris… ». Tentais-je d’éluder avant de céder devant ses grands yeux bleus qui imploraient une réponse plus consistante, et de préciser donc : « J’écris sur mon blog. ».
Et elle de relancer : « C’est quoi un Blog ? ».

Poum. Question foudroyante, incisive et percutante comme seuls les enfants savent en poser et à laquelle tu t’apprêtes généralement à répondre plein d’assurance et de sagesse avant de rester bêtement la bouche ouverte et la pensarde en roue libre en t’apercevant que… de réponse claire et précise tu n’as pas… Alors, comme le Ytse est un père modèle, il ne saurait évidemment pas tomber dans la facilité consistant à proposer à l’enfant d’aller voir ailleurs, dans sa chambre par exemple, si il y est ou, encore plus connement, de lui affirmer qu’il est trop jeune et qu’on lui expliquera plus tard en priant pour que le temps fasse son œuvre et que l’embarrassante question se dissipe dans les limbes de l’oubli… Non. Pas de ça… Responsable le Ytse. Soucieux de répondre aux attentes de sa progéniture.
Je repoussais donc ma chaise, caressais ma barbe pour me donner contenance et le temps de réfléchir, avant de me lancer dans une explication que je te livre ici en la simplifiant à l’extrême, conscient que tu ne jouis pas des remarquables capacités cognitives de ma petite Princesse.

Or donc, un Blog à tout prendre qu’est-ce ? Je t’épargnerai bien évidemment la simple définition du mot que même toi dois pouvoir trouver dans le premier dictionnaire venu… Ou plutôt sur Wikipédia devrais-je écrire pour ne pas me faire traiter de ringard.
Parce qu’aller te dire qu’un blog est « …un type de site web – ou une partie d'un site web – utilisé pour la publication périodique et régulière de nouveaux articles​, généralement succincts, et rendant compte d'une actualité autour d'un sujet donné… »… Ça t’avancerait à quoi ? Et puis c’est quoi cette définition qui pose qu’un blog se doive d’être « … généralement succinct(s)… ». Et puis quoi encore ? Ou alors il conviendrait de définir la longueur ad-hoc, la métrique parfaite, la mesure en toute chose qui fait d’un blog un blog… Parce que moi tu me connais, si je ne peux pas digresser à l’envie, point de plaisir dans l’écriture… Donc succinct… Mon cul… Si je puis me permettre…
Mais bref, la définition wikipedesque n’apportant rien au débat, elle est de celle qu’on écarte, comme toutes les autres qui se contentent de n’évoquer que le contenant.

D’un autre côté, vouloir définir les blogs par leur contenu relève de la véritable gageure tant tellement la forme comme le fond desdits contenus sont nombreux et variés. En fait, il m’est vite apparu plus judicieux d’expliquer à ma Titounette pourquoi je passais chaque semaine quelques heures de mon précieux temps à pondre mes inénarrables articles et à répondre aux commentaires qu’ils suscitent parfois.
D’ailleurs, j’ai déjà levé un coin de voile sur ladite explication dans le paragraphe ci-dessus que tu as déjà dû oublier mais que tu peux relire si besoin…
Le Plaisir de l’Ecriture, avec les Majuscules pour bien te faire comprendre l’importance de la chose…
Le Plaisir d’abord. Le plaisir comme seul et unique moteur pour s’atteler à la tâche. Un parmi tant d’autres dans les riches heures de la vie d’Ytse le magnifique… Entre l’amour des miens, la famille, les amis… Tous ces moments de partage qui font la vie plus belle… Je m’adonne aussi à quelques plaisirs solitaires que la morale ne réprouve pas et que quand bien même je m’en tamponnerais le coquillard vu que la Morale… Tu sais où je me la mets.
Le plaisir de quelques bonnes feuilles judicieusement reliées et encore mieux écrites et qui rendent hommage aux arbres qu’il a fallu abattre pour les imprimer.
Le plaisir de quelques notes hurlées par une guitare, bien évidemment saturée, ou le gosier enflammé d’un chanteur à coffre et à voix…
Plaisirs passifs si l’on peut dire que j’apprécie encore plus lorsque, à mon humble niveau, je tente de passer de l’autre côté du miroir.
Le plaisir d’attraper une guitare, de la brancher dans l’ampli ad-hoc et d’envoyer la sauce…
…et le plaisir d’écrire donc…

Oh combien de romans, combien de nouvelles,
Qui sont sortis joyeux, de ma fertile cervelle,
Dans de mornes horizons ce sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste destinée,
Dans des tiroirs sans fond, des corbeilles à papiers,
Sous l’abondante poussière à jamais enfouis.

Longtemps, je me suis couché tard. Parfois, à peine mon écran allumé, les mots sortaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « J’écris ». Et une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher un sujet m’éveillait… Et de sujet j’en avais trop et pas assez de mots pour les aborder tous, ou de talent pour mettre ces mots en forme… A moins que je ne manquasse de persistance dans la démarche… Quoi qu’il en soit, ce plaisir d’écrire fut bien longtemps du domaine de l’éphémère… D’aucuns diraient : de l’inutile… Car si les écrits restent ils ne le font que pour être lus… Non ? Tu ne penses pas ?
Alors les blogs… Les blogs comme une putain de Méthadone… Un palliatif, un ersatz…
Ceux des autres d’abords où je laissais quelques commentaires au gré de mes humeurs et de celles des autres contributeurs. Galop d’essai. Pied à l’étrier. Passage nécessaire avant les grandes envolées…
Quoi qu’alors déjà, on me reprochait mon style ampoulé, mes tournures de phrases alambiquées, mes digressions intempestives et tout un tas d’autres défauts aux yeux de ceux qui pensaient que parler football ne peut se faire qu’avec un vocabulaire réduit à sa portion congrue et une syntaxe plus mince encore…
Mais très vite le besoin d’espace se fit sentir… Un peu comme le marin d’eau douce qui en a quine de cabotiner sur les lacs étals dans son Optimiste en polycarbonate et rêve d’horizons lointains et d’alizés gonflant les voiles d’un trois mats au port altier.
Vite, mon blog… Mon petit espace à moi… Oui mais comment-qu-on-fait ? Tout aussi technopathe que le Pirate le Ytse…
Alors tu penses que l’invite qui lui fut faite de rejoindre une communauté créée pour l’occasion et de pouvoir déposer ses contributions sur un espace mis à sa disposition, sans avoir à se préoccuper de quelques soucis techniques que ce soit… La belle aubaine…
Et vogue la galère… Enfin, j’écris galère mais l’image est impropre, parce que l’aventure fut belle, riche et poilante, n’en déplaise à quelques mous de la coiffe qui, à l’heure où ladite aventure s’achevait, certes en eau de boudin, poussèrent l’orgueil mal placé jusqu’à parler d’esclavagisme et de travail dissimulé… Parce qu’ils auraient voulu être rémunérés pour leurs œuvres les cons… Bref…
La fin prématurée, mais finalement bénéfique, de la plateforme en question me poussa vers l’émancipation et, inspiré par une muse portée disparue depuis lors, je m’en allais ouvrir mon espace personnel sur une célèbre plateforme… Ce n’était d’ailleurs pas la mer à boire côté technique et ainsi naquit la première mouture de mon œuvre bloguesque…
Que de chemin parcouru depuis lors.

Mais bon, cette histoire tu la connais puisque tu me suis depuis mes débuts… et si pas, benh il te suffit de remonter le fil de mes articles et le cours de l’histoire pour voir de quoi je parle…
Et donc le plaisir d’écrire que je te causais… Essentiel et vital… Mais pour écrire quoi ? Parler de quoi ?
Benh de tout et rien mon con… De tout et rien… Causer de la pluie et du beau temps, de mes gouts et de la couleur du monde que je trouve de plus en plus gris merdique (toute ressemblance avec la couleur d’un certain véhicule…etc…etc…). Selon mes envies du moment… Selon mes besoins… Besoin d’en rire parfois… Humour sans doute un peu noir, un peu pessimiste sur la nature humaine qui ne me surprend pas plus que la nana de l’ami Eicher...
Besoin de gueuler aussi… De dire les choses comme elles le sont… Appeler un con un con… Ça ne mange pas de pain et ça fait du bien…
D’autant qu’eux ils ne se privent pas… Hein ? Tu t’en es aperçu aussi, n’est-ce pas ? Les cons ça s’expriment et même de plus en plus comme je le faisais remarquer tantôt à un mien ami. Ils ne reculent devant rien à présent… Fête au village… Liberté d’expression brandie en étendard à leurs idées nauséabondes… Ils occupent la place… Crient, pleurent et s’indigent mais surtout bavent, bavent et re-bavent leurs petites haines mesquines, grotesques et dégueulasses…
Alors crier aussi… Crier tout seul peut-être et pas bien fort sans doute… Mais crier… Avec parfois un écho à sa voix… une réponse… un cri à l’unisson…
Enfin quand je dis crier, je veux dire écrire en l’occurrence, mais tu m’avais compris… Ecrire pour en rire plutôt que d’en pleurer…

Se marrer, rigoler des cons avec Frédéric Dard en guise de tuteur et pleins d’autres aussi… Petites références dont je m’amuse à saupoudrer mon propos... Petits emprunts plus ou moins fidèles aux uns et aux autres au détour d’une phrase, à la croisée d’un paragraphe… Clins d’œil plus ou moins appuyés à l’attention de ceux qui les comprennent. Le plaisir je te dis… De jouer avec les mots et leur agencement… De les tordre aussi un peu… Quoi ? Tu dis ? L’orthographe ?
Ouaip… D’accord… Je pourrais sans doute me relire plus attentivement mais bon… Ça me gonfle ! C’est un peu comme la musique quoi… Le rock surtout… Un petit pain de temps à autre… C’est inévitable… Ca fait le charme du truc aussi… Point trop n’en faut sans doute mais le feeling avant tout… Et le plaisir aussi et encore…
Tu me diras, non sans une certaine pertinence pour une fois, que si tout est dans le plaisir d’écrire, pourquoi le publier ? Pourquoi en faire réclame ? L’exposer à la vue des quidams de passage ?
Bonne question… A laquelle je répondrai que pour tout agréable qu’il puisse être dans sa version solitaire, le plaisir ne vaut vraiment que si il se partage… Aussi me prends-je à souhaiter que mes petits papiers suscitent quelques sourires, provoquent quelques émotions, amusent la galerie et que ceux qui les lisent y prennent aussi un certain plaisir… Et comme dans une partouze… Plus on est de fous plus on rit… Non ?
Or, même dans une de ces soirées débridées il est important de veiller à la qualité des participants… Et il en est de même pour un blog je pense… Dure leçon apprise à mes débuts quand ma gentillesse proverbiale me conduisait à laisser tribune à la lie de la blogosphère… Quelques individus sans foi ni loi qui en profitèrent lâchement pour y commettre les pires avanies au point que je dus changer de crèmerie et ouvrir un nouvel espace où je pourrais ne laisser entrer que des individus de bonne compagnie. Et ainsi fut fait.
Enfin, pour ce qui est de permettre les commentaires je veux dire… Parce que pour le reste, mon blog est bien évidemment libre d’accès à toutes et à tous qui peuvent donc lire mes géniales contributions et s’en ébaubir, s’en émouvoir, s’en moquer éventuellement ou même s’en étouffer de rage… Mais pour ce qui est de contribuer… Pas de place pour les fâcheux… Ils peuvent aller se faire pendre en d’autres lieux… Lieux où ils peuvent aussi aller déverser leur aigreur et leur haine… Hein ? Libre à eux d’aller dire tout et son contraire sur mes petits papiers… Mais pas chez moi… Y’a plein d’autres blogs pour cela.

D’ailleurs, je vais te confier un truc, ma première intention lorsque j’ai ouvert la présente mouture, était de ne point laisser la possibilité à quiconque de déposer un commentaire… Et pour dire le vrai, l’idée me titille encore… Seule l’excellence de certaines contributions me fait encore hésiter… Mais d’ici quelques temps et peut-être avant, pas dit que le Ytse ne ferme pas cette partie de la boutique… On pourra toujours se retrouver quelque part pour les éventuelles réponses ou commentaires à mes élucubrations. Je verrai à la rentrée, après mes vacances largement méritées… Pas pour tout de suite hein… Ne t’inquiète pas… Il est encore là tout le mois de Juillet l’ami Ytse… De quoi avoir le temps de te pondre encore un ou deux articles après celui-ci…

Enfin, voilà en substance ce que j’expliquais à ma Mistinguette qui n’écouta qu’à moitié la fin de mon discours, accaparée qu’elle se trouva bientôt par le dernier numéro de Rock Hard que j’avais laissé trainer près du canapé.
Et tu sais donc toi aussi, tout ou presque de ce qui me pousse à écrire ici et du plaisir que j’en retire. Tu auras donc aussi compris que seuls quelques constipés du bulbe peuvent trouver intérêt à s’employer à faire l’exégèse de ma prose pour y chercher matière à m’agonir ensuite d’injures et de sarcasmes… Et moi je me marre à chacune de leurs pitoyables saillies qui ont le mérite de prouver que mes petites flèches ont atteint leur but et leur piquent le cul, l’orgueil et le reste aussi… Qu’il est doux et bon d’emmerder les cons…
Et donc tu l’auras compris, je trouve suffisamment de menus plaisirs dans l’écriture de mes divagations que je n’en attends rien d’autre. Donc ne me remercie pas pour les quelques moments de détente que je t’offre… Tout le plaisir est pour moi !





* Toute ressemblance entre cette introduction courte et percutante et les premières lignes d’un billet épique, concocté par un célèbre camarade, n’est aucunement fortuite mais participe du clin d’œil amical… N’en déplaise aux fâcheux.