lundi 7 janvier 2013

Laissez Pousser les Asperges.

Bonjour ami lecteur, et sans doute me dois-je d’ajouter un « Bonne Année » de bon aloi comme si ce simple vœu pouvait avoir une quelconque influence sur le cours de ta morne vie.

Oh, ne t’inquiète pas, je ne vais pas discourir sur la vacuité de ces souhaits que l’on s’échange obligeamment à l’aube d’une année nouvelle… D’autres l’ont déjà fait et avec talent…
Et puis après tout, formuler une fois l’an quelques pensées positives envers ton prochain plutôt que tes habituels persiflages jaloux… Hein ? Je ne vais pas t’en faire reproche… Même si je ne me berce d’aucune illusion quant à la sincérité de tes paroles…

Pas que tu penses forcément à mal d’ailleurs… Mais avoue que tes vœux procèdent plus du rituel automatique et conditionné que d’une réflexion intense et profonde sur le devenir de tes contemporains… Tu me diras, ça fait un bail que tu as lâché l’affaire pour ce qui est de la réflexion… Une éternité que tu navigues en pilotage automatique…
Alors ce n’est pas parce qu’une convention à la mords-moi les choses fait que le 1er Janvier marque le passage à une nouvelle année que cela va soudainement changer l’eau en vin et les veaux en sages…

Parce que moi, c’est ça qui me fait marrer dans tout ce tintamarre annuel… Tout ce bastringue fait autour de la célébration de ce putain de changement de date comme si cela allait aussi changer nos vies…
Oh, je n’ai rien contre le fait de trouver ici matière à réunir quelques bons amis autour d’une bonne table bien dressée avec moult victuailles appétissantes et autant de délicieux breuvages. Une coupette de Ruinart pour enterrer l’an défunt et un ballon de bas-armagnac 1970 pour baptiser le nouveau, la saveur est la même qu’en toutes autres occasions et le plaisir itou… Alors pourquoi s’en priver ?
Bon… Mon côté Anar me pousserait parfois à vouloir réveillonner le 30 décembre ou le 2 janvier mais l’anti-conventionnalisme poussé à l’extrême reste tout aussi con que le traditionalisme puisque portant les mêmes contraintes attentatoires au libre arbitre…
Donc il festoie comme tout le monde le 31 Décembre le Ytse mais sans y attacher d’autres importances que le goût des autres et des bonnes choses…
L’année qui s’achève ? Qu’elle crève !
Celle qui commence ? Je m’en balance !

Oh, je te vois d’ici prendre un sourire narquois, ce qui reste toujours préférable à ton air niais habituel, et préparer quelques sarcasmes supposés spirituels sur mon nihilisme de façade… Mais sache qu’il n’en est rien.
Si le passage à l’an nouveau ne me chaut que peu, ce n’est pas que je n’attende rien d’une année à venir… Bien au contraire et surtout pour 2013 qui sera une année un peu particulière pour moi puisque source de joies ineffables eu égard à un certain événement en gestation…
Ce n’est pas non plus que je répugne à regarder dans le rétroviseur ou que je considère que le basculement d’une année sur l’autre agisse comme une éponge sur l’ardoise de mes souvenirs…
Non… C’est juste que pour moi, le temps est un long fleuve tranquille qui s’écoule sans avoir besoin de l’écluse d’un 1er Janvier pour exister…

Chaque jour qui passe précipite le futur vers le passé… Notre petite planète fait sa révolution… Il y a un soir… Il y a un matin… Un crépuscule tombe… Une aube nouvelle se lève… Et on avance…
La même petite planète achève sa course autour de notre étoile et les saisons valsent et s’enchainent… Et on continue d’avancer…
Inexorablement… On avance… Pas après pas… Et chacun de ces putains de pas nous rapproche du dernier… Du de trop…
On arpente les sentiers que je te causais dans un précédent article… Chacun sa route… Chacun son chemin… Chacun son rythme… Mais on avance toujours… Le moyen de faire autrement ?
Alors quand t’as compris ça… Pourquoi se goberger sur le 31 Décembre ?
Je veux dire… Le pas que tu fais ce jour-là… Il n’est pas plus long que les autres… Il ne va pas t’emmener dans une autre direction tout soudain…
Ou s’il le fait… Benh c’est de ta propre volonté…Enfin… C’est toi qui décide que t’en as marre de mettre tes pas dans ceux du troupeau et de prendre ta propre cadence… ta propre trajectoire... Et le 1er janvier n’y fait rien à l’affaire…

Et le temps lui… Benh il continue sa course… Tourne la terre comme un putain de Derviche fou… Sarabande infernale…
Tournent aussi les aiguilles sur le cadran de ta montre que les Suissaga, qui ont tout compris, appellent un Garde-Temps… Faut dire qu’ils fabriquent ce qui se fait de mieux dans le domaine… Parce que tu vois… Mesurer le temps… C’est la seule chose qu’on peut faire pour se donner l’impression qu’on le contrôle…
C’est aussi le moyen de le voir passer même si un coup d’œil dans un miroir ne laisse souvent aucun doute sur le sujet… Enfin… Deux coups d’œil… Et espacés dans le temps si possible… Parce que sinon… On ne se voit pas vieillir au jour le jour…
Alors bien sûr… Tu peux vivre sans montre… Regarder passer le temps comme on dit… Te lever avec le soleil et te coucher avec lui… Why not… Mais le moyen d’arrêter la course elliptique de notre caillou autour de son astre ?
Alors que ta montre… Suffit que tu ne la portes pas quelques jours et que tu ne la remontes pas… Alors elle s’arrête… et pour un instant… Pour un instant seulement… Tu peux te croire éternel… Tu peux te prendre pour Dieu et te dire que seul un élégant mouvement combiné de ton pouce et de ton index, caressant la molette idoine, pourra remettre en marche le cours du temps qui passe…
Tiens… Même… Si tu te démerdes bien, tu peux faire en sorte que l’astucieux mouvement épuise son énergie mécanique aux alentours des 11 heures et des au soir du 31 Décembre… Poum… La trotteuse suspend soudain son vol et le temps avec elle… Dans son guichet, les chiffres de la date restent fixés sur le 31… Ou même mieux : se figent entre le 31 et le 1 à venir… Cool non ?

Mais bon… Ça reste de l’artifice… De la poudre aux yeux… Illusion… Le temps court toujours même si ta Jaeger LeCoultre, ta Patek Philippe ou ta Vacheron Constentin [ Espaces Publicitaires à louer… Pas chers… ] te dit le contraire…
Il court, il court et on ne peut le rattraper… Tout ce qu’on peut faire c’est le meubler au mieux… Vivre chaque heure, chaque jour… Vivre ! Tu m’entends ami lecteur ? Tu me comprends ?
Vivre sa vie… Pas se contenter de la regarder passer… Pas rester là comme un con (Tant Plaintif) à contempler le temps qui passe… Pour ne rien regretter… Pour ne pas se réveiller un matin au soir de sa vie trop courte et se dire qu’on l’a ratée… et c’est pas une Rolex pour neuneu qui y changera quelque chose…
Pas se lamenter non plus sur ces de grains de sables qui semblent tomber de plus en plus vite dans la partie basse du sablier… Ce putain de tas qui grossit… Qui grossit… T’y peux rien… Donc tu t’en tapes… A peine un coup d’œil de temps en temps pour ne pas oublier que ton Contrat de Vie est à durée déterminée et de pas remettre à demain ce que tu peux faire aujourd’hui… Des fois que le demain il n’arrive pas… Sans parler de le remettre à l’année prochaine…
D’ailleurs… Compter en année… C’est un peu con… Ça passe trop vite… Je veux dire… Même 100 ans… C’est rien… 36.500 jours ça a déjà plus de gueule… Ouaip… On devrait compter en jour tiens…

Alors ami lecteur, tu vois que le cinoche du Nouvel An… Hein ? Pas de quoi en faire un fromage et encore moins les tonnes de rétrospectives débiles censées célébrer l’année écoulée qui fut tant tellement bien que c’est con d’en changer… Pas de quoi se pignoler non-plus sur celle à venir qui ne sera que ce qu’on en fera… Sans doute ni meilleure ni pire que les autres…
En tous cas, ici rien ne change… Je continue d’élucubrer et toi tu continues à me lire… Parce qu’au final… On est pas bien là ? Les deux ? A la fraiche…