vendredi 12 avril 2013

L'Archipel des Malotrus.

Bonjour ami lecteur. Peut-être fais-tu partie de ceux qui m’accompagnent depuis le début de mes errances bloguesques. Peut-être fais-tu partie des quelques rares avec qui j’ai vogué de conserve sur ces océans inhospitaliers. Ou bien au contraire, peut-être fais-tu partie de tous ces biens plus nombreux sinistres fâcheux qui écument la toile, rependant leur venin aux 4 coins de nos écrans…  Qu’importe… Dans un cas comme dans l’autre tu auras noté que je me faisais rare. Et dans un cas comme dans l’autre tu auras vainement sondé l’horizon tentant désespérément d’apercevoir les fières voiles de mon glorieux vaisseau en te tordant les mains.
Ne cherche plus ! J’ai jeté l’ancre. J’ai regagné mon port d’attache et m’en suis retourné plein d’usage et raison dans mon havre personnel.

Ah qu’il est doux et bon de vivre entre ses parents, ses amis, ses frères de la côte et de ne plus subir l’enfer de côtoyer les Autres. Ne plus les entendre geindre, ne plus les voir baver, ne plus les lire surtout. Ne plus se voir imposer l’insoutenable vision de leur bassesse et, pourquoi le taire, de leur toute belle et insondable connerie.
Oui, il est doux et bon de revoir son petit village et de s’y reposer à l’écart du reste du monde.
Même si ce n’est qu’illusion… Même si je m’exilais vraiment sur une quelconque ile, ou si je m’en allais me réfugier dans les confins de mes chères vallées Alpines, je les entendrais encore. J’en suis certain. J’entendrais le murmure de la conversation de ceux qui ont des opinions et tiennent à les exprimer. Ce qui serait sans doute juste et bon si la grande majorité desdites opinions ne portait pas en elle les fruits vénéneux de la haine et de la jalousie mesquine, tout boursouflés de la démesure d’un égo surdimensionné. Un son diffus qui blesse mes oreilles pire que le 
hurlement de tous les damnés de la terre ou du ciel.
Parce que toujours ils sont là à fomenter des Manif’ pour Tous pour s’en aller bêler contre les droits les plus élémentaires de ceux qui ont pour seul défaut de ne pas faire partie du troupeau. Alors faut qu’ils défilent de Bastille à Nation pour hurler leurs slogans misérables ! Manif’ pour tous les cons oui !

Impossible d’être sourd à leurs navrantes complaintes que les techniques modernes diffusent, répercutent, amplifient. Mais que faire ? Crier ? Hurler ? S’égosiller ? S’armer d’un porte-voix et tenter de percer le brouhaha commun pour faire entendre la voix de la raison ? Pure perte !
Ils sont plus nombreux et ils gueulent plus fort…
Non. La solution ? Murmurer ! Parler bas ! Tenter de se faire entendre en occupant une autre place dans le spectre sonore ! Soliloquer ! Parler tout seul et tant pis s’ils nous prennent pour des fous. L’Ile déserte je te dis ! Avec les alizées qui emportent ta voix…
Mais attention, baisser la voix peut-être… Mais ni pavillon ni les bras et encore moins la tête ! Hisser les couleurs, le noir de la révolte bien sûr… Lever le poing, un doigt tendu bien haut… Redresser la tête…
Ecrire aussi. Ecrire surtout. Laisser une trace. Quelques octets perdus dans l’infini de la Toile. Un petit rien. Une broutille dans les zillions d’ordures qui s’étalent chaque jour sur nos écrans par le truchement d’Internet. Tant tellement que les défilés débiles de quelques mous de la coiffe dans les rues de nos villes ne sont sans doute qu’un moindre mal.

Internet et ses réseaux sociaux, ses blogs, ses forums. Ces agoras virtuelles où tout un chacun peut s’exprimer dans une quasi impunité. Internet. Où des marchands du temple monnayent ton temps de parole mon pote lecteur. Ils vendent tes clics et tes claques. Te mesurent le nombre de pages que tu lis… Te demandent même d’Aimer ou de Ne pas Aimer, mais de le dire, de l’affirmer, au vu et su de tous, surtout des annonceurs. Le Visiteur Unique de mes belles deux est l’unité de mesure du succès. Alors faut attirer le chaland… Qu’il vienne, qu’il voit, qu’il poste… et surtout… Qu’il reste ou qu’il revienne ! Quitte à le laisser dire tout et n’importe quoi…
Oh, il nous l’avait bien dit l’ami Audiard. Il nous l’avait même prédit en bon visionnaire qu’il était ! Les cons… Ca osent tout… Alors quand internet leur facilite la vie… C’est la fête au village… Ils se lâchent… Etalent leur connerie aux yeux du monde et en son fier… Qu’ils crient, qu’ils pleurent, ou qu’ils s’indigent, ils finissent toujours par cracher sur leurs frères… D’une manière ou d’une autre. Tout est prétexte… La liste serait bien trop longue de toutes leurs turpitudes, de tout ce qui m’écœure. Mais là encore… Que faire ?
Répondre ? Occuper l’espace ? Débattre, argumenter, discourir ? A quoi bon ? Peuvent-ils seulement comprendre ?
Non… Là encore… L’exil ! Mon Guernesey à moi comme je l’écrivais tantôt ! Un exil actif. Se replier dans un coin de la toile et laisser libre cour à sa verve. Continuer de penser et de le faire savoir. Continuer de dire non, de dire merde !

Alors ne t’inquiètes pas ami lecteur, tu auras toujours l’heur de me lire ici… Mais plus ailleurs… Je n’irai plus servir la soupe à tous ses branquignoles… Ytse se retire en son fief... son Ile… Isolée… Perdue… Toute seule au milieu du grand océan… Surtout pas incluse dans un quelconque archipel… Et encore moins un de ceux qui rassemblent tous ces malotrus qui sévissent sur la toile.