lundi 10 décembre 2012

Tarte à la Crême Story.


Bonjour ami lecteur, ce week-end, il a neigé sur le Lac, sur ma maison, sur la plaine… Mais je te rassure… Je ne vais pas te causer des souvenirs de toi ni de mes jours de peine qui reviennent ou je ne sais plus quelle mièvrerie…

Si j’avais l’humeur versificatrice, j’écrirais comme quoi la nature frigorifiée a revêtu son blanc manteau, t’évoquerais du cotonneux, du scintillant… et autres émerveillements…
Je te dirais l’étincelle dans les yeux des enfants et leurs jeux innocents dans la pureté virginale de la campagne vaudoise… Je te ferrais ouïr leurs cris de joie par la seule force de ma plume alerte…
Je te parlerais de mes montagnes encore plus belles avec leur robe blanche, celles qu’on réserve d’habitude pour les beaux dimanches… ou pour les mariages pas gais… les épousailles en bichromie… avec la mariée en blanc qui veut faire croire qu’elle a toujours son berlingue et le condamné en noir pour mieux porter le deuil de sa liberté envolée.

Je pourrais aussi, t’évoquer le côté pratique de la chose. Te dire comme quoi ces chutes précoces sont bienvenues pour lancer la saison de ski… Te raconter que j’ai sorti mes Kastle de leur housse pour une petite séance de fartage pré-saison de bon aloi… Sauf que mes skis sont encore dans le placard de notre appart’ Mauriennais et que j’ai l’habitude d’en confier l’entretien à un préparateur beaucoup plus doué que moi en la matière…  Mais il n’en reste pas moins vrai que je vois toujours avec une joie ineffable, les premières neiges poudrer les cimes… L’œil rivé sur les sommets Alpins dès les premiers frimas le Ytse… En appeler à mon ami divin… qu’il joue pas au con avec son réchauffement de mes belles deux… Neige, Neige, Neige…sur les pentes… Puis du froid bien glacial pour que la sous-couche se forme…

Bref, je pourrais crier hip,hip,hip houra comme celui qui, de sa mansarde, regardais une fameuse hécatombe… Te dire combien je suis heureux de ce don du ciel… Je te tirerais des larmes malgré ton cœur de pierre…. Te peindrais tant tellement bien les beautés soyeuses de ces paysages hivernaux que peut-être même tu t’empresserais de venir voir par toi-même si je te conte fidèlement la réalité ou si j’exagère, porté par je ne sais quel élan poétique…
Et rien que cette perspective aurait tendance à m’inciter à laisser mes rimes dans le réservoir de mon Meisterstuck… Vu que je ne goute rien tant que la tranquillité de ma Campagne Vaudoise… Pas question de me voir envahi par des touristes kodakeux venus blanchir de la pellicule en immortalisant les sommets Alpestres et Jurassiens dans leur costume immaculé…
Ou pire, tu préparerais toi aussi tes lattes pour t’en venir skier sur MES massifs, massacrer MES pistes, abimer MES paysages. Perspectives ô combien rédhibitoires… Je te hais rien que d’y penser…

Mais surtout… et aussi… Pour dire le vrai… La neige me gonfle…
Déjà, elle m’a valu un réveil matinal Samedi avec quelques propos sibyllins de Madame… Propos qui, bien que formulés en termes choisis et élégants, n’en étaient pas moins clairs sur le fait que ma chère et tendre entendait bien me voir m’activer urgemment afin que de déneiger notre cour… et que le temps qu’elle tendait à m’accorder pour se faire approchait dangereusement de sa date de péremption.
Et voilà donc votre Ytse qui s’en va, dans le vent et la froidure, pelle sur l’épaule et chapka sur la tête, lutter contre les éléments pour tracer à sa douce un chemin vers les joies des shoppings sabaticaux autant que dispendieux…
D’ailleurs… Y’avait pas que moi… Quelques malheureux voisins étaient là aussi à pelleter cette neige collante et lourde…
A tout le moins, ses chutes intempestives nous donnent-elles aussi l’occasion de quelques virils échanges, entre hommes de bonne compagnie, sur les caprices de la météo et ceux de nos conjointes…

Une bonne heure plus tard, après m’être bien gelé les couilles et le reste… Je regagnais mon chez moi, la tête pleine de doux rêves qui me parlaient de bon bains chauds, mousseux et odorants… et comme je ne te cache rien, ami lecteur, j’ajouterai que mon esprit vagabonds complétait ce tableau déjà bien engageant de quelques scénarii sympathiques dans lesquelles ma bien aimée profitait de mes ablution pour exprimer sa reconnaissance envers son mâle épuisé par un dur labeur…
Malheureusement la belle avait d’autres idées en tête… A commencer par celle de remplir le réfrigérateur…
Et donc, après moult négociations, mon bain se mua en simple douche… Le repos du guerrier mon cul…

Bref, tu as compris que cette neige soudaine ne m’a pas fait rire au fond… La neige, en montagne… là où une certaine déclivité permet de profiter de l’ivresse des grands espaces et des traces tirées dans les étendues virginales et impratiquées… Mais pas chez moi…
Pas en plaine… Pas dans ma cour…
Dans mon jardin… Eventuellement, je veux bien… C’est joli et ça justifie le retrait de la tondeuse dans la remise d’où j’aimerais ne plus la sortir… Dans les champs environnants aussi et pour les mêmes motifs esthétiques… Mais pas plus…
Au fond, la neige, c’est un peu comme l’histoire de la tarte à la crème… Ça ne te fait pas rire quand c’est toi qui la prends dans la gueule…