Bonjour ami lecteur… Moi, tu me connais ? Je n’ai pas pour habitude de te cacher quoi que ce soit. Pas que je t’abreuve avec tous les détails de mes si riches heures non plus… Ni que je te livre toutes les pensées fulgurantes qui se bousculent dans la merveilleuse mécanique de mon cerveau…Hein ? Mais j’aime souvent à partager avec toi des petits faits ou des petites idées, comme ça… Juste pour dire de… Alors laisse-moi te compter par le menu une petite conversation qu’il me fut donné d’avoir pas plus tard que ce week-end.
Hier soir, alors que je rentrais chez moi, quelle ne fut pas ma surprise de trouver l’ami dont je t’ai tant souvent parlé, assis sur les marches menant à mon chez moi. Je notais immédiatement son air pensif et vaguement dépité qui ne manqua pas de m’inquiéter. Je lui tendis une main pour l’aider à se relever puis, ayant ouvert mon huis, l’invitais à entrer en ma demeure. Ma tendre compagne, m’adressa un signe de tête complice pour m’inviter silencieusement à prendre soin de notre invité surprise pendant qu’elle vaquait à d’autres occupations. Je la remerciais d’un baisé fugace puis laissais mon ami prendre place sur le canapé tout en boutant le feu au tas de bois que j’avais préalablement préparé dans notre cheminé… Le Ytse est prévoyant…
Mon ami me regardait faire, caressant sa longue barbe grise d’un geste pensif. Comme le feu prenait et que je me redressais, il me posa enfin la question de confiance dévoilant ainsi l’objet de sa visite :
- Mon bon Ytse, n’aurais-tu point quelques breuvages de bon goût, à fort degré d’alcool et susceptibles de remonter mon moral en berne vers des sommets plus dignes de ma condition divine ?
Je venais de faire rentrer un excellent Hennesy Paradis Extra qu’il me répugnait quelque peu d’entamer mais la mine fort déconfite de mon ami m’incita à circonscrire mes réticences. Je pris donc deux verres ballons dans mon vaisselier et j’y versais le délicat breuvage avec parcimonie…
Il prit le verre et le montra à ses disciples en disant…euh… non… Là je m’égare…
Il prit donc le verre et se contenta de le porter à ses lèvres et de s’en voter une rasade plutôt modeste afin sans doute de le mieux déguster… Il m’adressa une mimique satisfaite et je vins m’assoir en face de lui dans le fauteuil que tu sais à force que je t’en parle… Je le laissais en venir au fait tout en dégustant moi-même mon Cognac qui s’avéra de circonstance puisque résolument divin.
Il but une autre gorgée, plus conséquente celle-là, puis me dit simplement:
- Merci Ytse… Cela m’est agréable de savoir qu’il y en a sur qui je peux compter… Pour tout te dire, il s’en est fallu de rien que j’envoie tout balader tant tellement vous me les brisez menues vous les Hommes… Un juste courroux que j’éprouvais… A deux doigts de vous envoyer valser tous dans les confins cosmiques pour vous apprendre… Parce que t’es d’accord avec moi… Hein ? Vous déconnez à plein tube… Non ?
Je haussais mes athlétiques épaules l’air sans doute un peu confus car il crut bon de demander :
- Nan mais ne me dis pas que tu ne vois pas de quoi je veux parler ?
J’osais alors une réponse un tantinet provocatrice :
- Et bien je dirais que d’une part, non, je ne vois pas précisément de quoi vous voulez parler. Les sujets de reproches à l’endroit de mes contemporains ne manquant pas, il m’est difficile de savoir lequel vous a particulièrement mis en rogne… De plus, il me semble qu’étant donné votre omniscience, il me parait difficile que vous vous dédouaniez de toutes responsabilité dans ce bastringue et que par là même, une éradication de l’espèce humaine, toute bénéfique qu’elle soit pour le reste du vaste univers… n’en serait pas moins comme un léger constat d’échec pour vous… Non ?
Il me lança un regard effaré dans lequel je crus percevoir un brin de reproche mâtiné d’un peu de déception… Il vida son verre d’une grande lampée, ce qui me fit éprouver quelques navrances eu égard au coût prohibitif du précieux liquide ainsi expédié comme un vulgaire primeur… Puis il me fixa droit dans les yeux en demandant :
- Dis-moi mon bon Ytse, tu ne serais pas comme en train de suggérer que j’aurais quelques responsabilités dans vos errements et autres conneries patentées ? Si ?
Je m’éclaircissais la gorges, un peu gêné d’avoir à répondre à cette question piégeuse, avant de lâcher du bout des lèvres :
- Benh… Je ne sais pas… Je me dis que vous êtes censé nous avoir fait à votre image et que…
Il m’interrompit :
- Mais Putain de Bordel de Moi… Tu ne vas pas me dire que t’y crois, toi, à ces conneries… Pas toi… Parce que bon… Certes tu sais recevoir et ta cave est plutôt bien garnie… mais je venais aussi parce que je te trouvais un tantinet moins con que beaucoup… Là… Pour te le dire comme je le pense… Tu me déçois…
Prenant sans doute en pitié ma visible perplexité… Il se lança alors dans le discours suivant que je retranscris in-extenso, sans en altérer une virgule ni en modifier le moindre mot, n’ayant pas pour habitude, contrairement à d’autres, de déformer les propos d’autrui pour lui faire dire ce qu’il n’a pas dit et encore moins écrit… mais ceci est une autre histoire et je reviens donc à la petite causerie de mon ami qui me en me tint exactement ce langage:
- Bon… Puisqu’il semble que je doive tout expliquer, même à toi, la seule chose dont je sois responsable, c’est d’une petite pichenette un soir de solitude où je m’emmerdais grave dans le Grand Vide d’alors… Un court instant d’égarement de ma part… Mais qui eut quelques conséquences… On peut donc dire ici qu’il y eut un avant et un après… Qu’il y eut un soir et un matin si on veut paraphraser les illuminés qui tentèrent de mettre des mots sur ce fait extraordinaire…
Pour tout te dire et ne rien te cacher… L’Avant, le Grand Vide que je te cause… Il n’était pas tout à fait vide… J’veux dire… J’avais la matière à dispose… Juste elle était super concentrée tenant toute entière dans un pouillème infinitésimale… Et la Pichenette que je te disais elle n’a fait que mettre en branle un phénomène d’expansion qui vit ledit pouillème se dilater de plus en plus… Je n’ai donc rien créé en tant que tel… C’est la même masse de matière qui se dilate encore et toujours… Tu piges le truc ?
- Vaguement…
- Bon… D’ailleurs ce phénomène vous pouvez l’observer… Vous y avez même donné un nom : Le Fond Diffus Cosmique… Mais bref… J’vais pas t’emmerder avec des détails techniques que ça ferait fuir tes rares lecteurs… Mais tu saisis bien le sens premier de ce que je te dis… Je n’ai fait qu’initier le Grand Tout… Après la Physique à fait le reste… J’te la fait courte mais en gros il s’est passé tout un tas de trucs et de machins conduisant à la formation des Galaxies, des étoiles, des planètes et tout le reste…
- Donc ce n’est pas vous qui avez modelé le bidule ?
- Oui et non… Pour te prendre une image… Si tu balances un coup de pied dans une fourmilière, les fourmis vont d’abord se barrer dans tous sens, puis finiront par se regrouper pour refaire une fourmilière ici ou ailleurs… Bon… Et si toi, tu auras bien été à l’origine du chao initial, benh tu n’auras eu par contre aucune interaction sur la façon dont les fourmis se seront d’abord dispersées, puis réunies de nouveau etc… Benh moi c’est pareil… J’ai balanstiqué le coup de pied originel… Point barre…
Il se tut ce qui me laissa le temps de réfléchir à la question pour mieux lui demander :
- D’accord, mais bon, l’Expansion de l’univers tout ça… Ça se fait quand même apparemment selon des lois bien établies… Il y a même des tas de mecs vraiment balèzes des neurones qui planchent la dessus pour tout bien comprendre… Et donc, moi je me dis que peut-être que le hasard fait bien les choses et que tout s’assemble et s’ordonne plus ou moins bien et tout… Mais je me dis aussi que peut-être, votre main divine retouche un peu le truc ici ou là pour pas que tout parte en couille… Pour maintenir l’équilibre quoi…
- Nan… Je t’assure… D’ailleurs si t’y penses… J’ai beau être omniscient et omnipotent… Il me faudrait plus de mains que j’en ai pour tout contrôler… Nan… J’ai laissé les choses se faire d’elles même… et jusqu’ici… tout va bien…
- Ok… Je vous crois… Bon… Je dois dire que le coup du « Au commencement… » blabla et « Que la lumière fut machin… » je l’ai jamais vraiment pris au pied de la lettre… Trop Terracentriste… Mettre les Cieux d’un côté et la Terre de l’autre… Ça ne rime à rien… La Terre elle fait partie du Grand Tout, elle n’a rien d’exceptionnel… Donc, je me suis toujours dit que peut-être vous étiez à l’origine de tout mais j’ai jamais trop cru que dans tout le bastringue, notre Terre pouvait être genre La Planète Elue… Une que vous chéririez particulièrement à l’exclusion des autres…
Il hocha la tête d’un air satisfait :
- Benh tiens… Bien sûr que la Terre je m’en bas mes divines couilles… Et l’Homme encore plus… Vous êtes apparu là par une conjonction d’enchainement de phénomènes aussi naturels qu’hasardeux… Y’a pas de plan divin là-dessous… Et je ne te dis pas ça pour me dédouaner… Hein ? Parce qu’on est bien d’accord que si Vous étiez tout ou partie d’un Plan Divin… Ce serait un sacré plan de merde… Une foirade dans les grandes largeurs… Une dont je ne me vanterais certes pas… Mais je t’assure : j’y suis pour rien, nada, que-dalle…
Je branlais le chef à mon tour, bien montrer que je comprenais :
- Ok… Et donc… N’étant pas notre père qu’êtes aux cieux et tout… Vous confirmez que vous en foutez de nos petites actions mesquines ?
- Pardi… Nan mais… Déjà… Vous voyez comme vous êtes… Imbus de vous-même au point de penser que Moi… Le Grand Manitou de toutes les choses, j’aurais suffisamment de temps et d’intérêt pour vous surveiller les tout-un-chacun que vous êtes… Aller regarder ce que vous becquetez ? Aller regarder avec qui et dans quelles positions vous plongez dans le stupre et la fornication ? Aller regarder quel jour vous faites vos lessives et lequel vous honorez bobonne ??? Hein ? Franchement ?
- Non… C’est sûr que vu comme ça…
- Vu comme ça… Vu comme ça… Nan mais tu ne vas pas me dire qu’il y a une autre manière de voir les choses ? Si ? Parce que bon… Vas-y… Dis-moi pourquoi je me serais fait chier ma céleste bite à vous énoncer des règles et des lois sur tout et son contraire ? Hein ? Bon… Imaginons que je vous ai fait, à mon image, ou pas d’ailleurs c’est pas le problème, bon… Donc je vous fabrique pour que vous dominiez les trucs et les machins que j’avais précédemment créé… T’admets que je doive être vachement puissant pour faire ça… Non ? Tout-Puissant même… Bon… Et je serais alors suffisamment couillon pour ne pas pouvoir faire en sorte que vous vous comportiez comme je le souhaite… Naturellement… de votre propre chef… Sans que j’ai à me casser le bol pour produire les 10 Commandements et autres 12.000 sourates… Hein ? Franchement ?
- Mouai… C’est pas faux…J’me disais aussi…
- Bien heureux de te l’entendre dire… Je veux dire, toi qu’est quand même plutôt preste du cervelet, agile de la pensarde et dégourdi de la comprenette, tu me confirmes que tu te doutais que toutes ces conneries sur les péchés capitaux et assimilé, n’étaient que le fruit pourri des pensées dévoyées de quelques agités du bocal…
Le sujet avait l’air de lui tenir à cœur et je le sentais gagner par une espèce d’agitation colérique qui n’était pas sans susciter chez moi quelques inquiétudes en rapport avec la nature Divine de mon hôte… J’osais quand même une petite remarque :
- Heu certes… Mais enfin… Il n’y a pas non plus que des conneries… J’veux dire…
- Ah mais oui… Dans le lot… Y’a deux trois trucs qui font sens… Je veux dire… Je ne sais pas si c’était mieux avant, mais avant c’était quand même un tantinet le bordel… Donc à un moment vos ancêtres se sont dit qu’il fallait mettre un peu d’organisation dans tout ce merdier, un peu d’ordre aussi… Ils se sont rendus compte, enfin les moins cons d’entre eux, qu’à défaut de mettre en place quelques garde-fous, benh le progrès de l’homme vers la plénitude… Ce n’était pas demain la veille… Et les encore moins cons d’entre eux, ils se sont dit que la peur étant la meilleure conseillère, il pourrait être assez utile que de faire croire aux vulgus pecus qu’il avait sérieusement intérêt à suivre leurs bons préceptes que sinon ils allaient encourir des calamités sévères et variées… Du genre déluge de chez déluge ou autres concepts apocalyptiques…
Parce que bon, pour les neuneus qui pensent que la Peine de Mort est dissuasive, tu penses bien que l’idée que, non contents de se faire raccourcir, pendre ou brancher sur le 220… bref qu’en plus que de calencher, ils allaient servir le reste de l’éternité à rôtir dans les flammes de l’enfer… Benh c’était un tantinet rédhibitoire…
- Oui… Et donc de faire croire aux masses crédules qu’un être supérieur avait l’œil sur eux n’était en fait pas si con ni répréhensible…
- Ouaip… Sauf que ça n’a pas tardé à dériver sévère leur truc… Parce que bon, ne point tuer, ne point voler… Passe encore… J’peux comprendre… Mais le reste… Toutes les conneries moralisatrices… Les Péchés Capitaux tiens… J’y reviens aux péchés… Nan mais j’te jure… Il est où le problème… On pourrait se les prendre un par un si on avait le temps mais on aurait du mal à me démontrer qu’ils sont horribles… Non, mon bon Ytse, moi je vais te le dire comme je le pense… Ceux qui ont pondu ces conneries… C’étaient de sacrés ravagés… Des bons gros cons, ancêtres de ceux qui sévissent aujourd’hui… Des tristes sires, des empêcheurs de vivre, des fanés du slibard pour la plupart, des jaloux, des envieux… Moi, je vais te dire… Si je vous avais créé, et si je voulais présider un tant soi-peu à votre destiné misérable… Benh je ne souhaiterais rien d’autre que de vous voir user pleinement des sens dont je vous aurais dotés… Tu me suis ?
- Je crois oui…
- Benh oui… Parce que bon… Je te prends la Gourmandise… Hein ? Imagine que je sois celui à l’origine de tout, à commencer par « les bonnes choses », comme ton petit Cognac là que j’en reprendrais bien un petit ou même un gros…
Courte interruption le temps pour moi de souscrire à sa volonté divine en remplissant son verre, puis il reprend :
- Donc je mets tous ces délices à votre disposition et je vous donne les sens pour mieux les apprécier… Et après faudrait que je décide tout à trac que c’est mal que d’en profiter… Nan mais sérieux… Faudrait que je sois au mieux un j’en-foutre imprévoyant au pire un sacré vicelard. Non ? J’veux dire… Un Dieu comme ça… Moi je le virerais à coup de pompe dans son auguste Prozib’… Non ?
- Euh… Certes…
- Et la luxure tout pareil…
Je comprenais où il voulait en venir et ce d’autant plus que j’avais toujours un peu subodoré le truc… Je lui demandais néanmoins de confirmer cette vérité ainsi entrevue :
- Je vois… Donc toutes ces doctrines à la mords-moi les choses… Vous n’y êtes pour rien ?
- Exact… Elles sont toutes sorties du cerveau malade de déments névrotiques… Toutes… Et la meilleure preuve qu’elles ne viennent pas de moi c’est qu’elles sont par essence la négation même de mon omniscience et de mon omnipotence que je te causais tout à l’heure… Or, si je ne suis ni omniscient ni omnipotent, je ne peux pas être tout court… Or je suis puisque je te parle en ce moment… Tu saisis…
- Ouaip… Donc si je résume, vous êtes d’une certaine manière à l’origine de tout mais sans avoir vraiment présidé ensuite à l’organisation du bouzin… Vous avez initié et laissé faire… Sans vous immiscer dans la suite des événements après avoir allumé l’étincelle originelle…
- Voilà… Bon… J’dis pas que je n’ai pas mis deux-trois coups de lime deci-delà pour corriger quelques trucs qui se barraient en quenouille mais pour ce qui est de l’œuvre et du devenir de l’humanité… Rien ne saurait me soucier moins… Vous êtes libres de vos faits et gestes et donc en êtes responsables… Il me saurait donc gré que vous cessiez d’essayer de me mettre vos coupables agissements sur les endosses… Parce que ça me gave et qu’il n’est pas dit que je ne sois pas tenté par un de ces coups de lime que je te causais tantôt… faites gaffe… Surtout, au grand surtout, cessez d’en appeler à moi pour casser les couilles à vos contemporains…enfin surtout à ceux qui ne sont pas comme vous et que ça vous fait chier…
Parce que je vais te confier un truc, ami Ytse, que certains aient besoin de croire en moi, de croire en l’existence d’un être supérieur aux commandes du Grand Bazar, voire de se rattacher à quelques croyances et autres bons principes pour mieux régenter leur propre vie… J’ai rien contre… Je suis même prêt à porter ce fardeau sans discussion et sans en attendre rétribution… Hein ? Je précise pour les excités des génuflexions et autres salamalecs de mes belles deux… Je ne demande rien en échange du droit d’usage de mon nom… Ok…
Par contre, que tous les fous de moi, quel que soit le blaze qu’ils me collent, cessent de faire chier les autres ! Et qu’ils cessent vite parce que ça me gonfle grave ! Là je marche plus… Je refuse que l’on m'utilise pour emmerder les ceusses qui sont juste différents…
J’vais même te dire mieux… D’entre les tarés qui se réclament de moi et les pauvres mecs qu’ils voudraient éradiquer en mon nom… Mon choix est fait… J’ai déjà reconnu les miens avant même que ces connards ne les tuent… Et donc, que mes thuriféraires les plus fanatiques ne se fassent aucune illuse sur le sujet : si un jour je me décidais à me pencher sur le cas de votre humanité insignifiante, c’est du leur que je m’occuperais en premier… et le putain d’enfer qu’ils promettent aux autres… Je le leur ferais vivre à eux… en plein ! Mais bon… Ils ont du bol… J’ai autre chose à foutre…
Après cette mémorable tirade, il engloutit le reste de son cognac et jeta un coup d’œil sur sa magnifique Reverso Hybris Mechanica à Tryptique, preuve si besoin en était, de la sureté de ses gouts…
- Bon… Mon bon Ytse… Ce n’est pas que je m’ennuie mais il me faut m’en aller vaquer à mes divines occupations…
En étant moi-même à mon troisième verre de cognac conséquemment rempli, l’effet de l’alcool ayant sans doute vaincu mes maigres inhibitions, j’osais exprimer tout haut la question qui me vint alors en tête :
- Dites… Par curiosité… Si vous ne vous préoccupez pas de la bonne marche de l’univers et de ses annexes… Vous branlez quoi toute la sainte journée ?
Il arbora alors un grand sourire, me mit la main sur l’épaule et me dit :
- Voilà la seule question que vous devriez vous poser tous mon bon Ytse… La seule question…
Et il s’évapora sans rien ajouter d’autre.
