Bonjour ami lecteur. Il est des
moments où certaines expressions viennent à faire florès dans les propos de nos
amis journalistes. Où que l’on se tourne alors, on retrouve les mêmes tournures
syntaxiques, les mêmes emplois idiomatiques, les mêmes adages soi-disant
populaires, prouvant ainsi, si besoin était, que le champ lexical desdits
grattes-papiers est à peu près aussi vaste que leur intelligence…
Les journalistes sportifs sont bien sûr les
premiers à succomber à cette vile tentation mais leurs collègues ne sont pas en
reste…surtout en ces périodes électorales…
Pour illustrer mon propos, je
prendrais le fameux « Money Time » qui revient ce matin dans toutes
les bouches et sous toutes les plumes, tant pour évoquer la journée de
Championnat à venir et le match d’hier-soir que pour nous annoncer le débat de
ce soir entre MM Hollande et Sarkozy.
Déjà, l’expression en elle-même ne
veut pas dire grand-chose. Ce n’est une expression empruntée au basket en
générale et à la NBA en particulier. Or quand on sait tout ce que ce sport a
d’artificiel et d’ennuyeux… A tout
prendre je préfère de loin le Volley Féminin… Même le tennis est sans doute
plus digne d’intérêt… Mais bref, tel n’est pas mon propos…
Les quotidiens sportifs donc, à
travers les écrits de leurs plumitifs, nous rappellent que nous voilà désormais
dans le fameux Money Time de notre championnat… Sous-entendu l’instant sublime
où il conviendra soit pour Montpelier de porter l’ultime estocade à un PSG
agonisant, soit pour ledit PSG de renaitre de ses cendres et de nous proposer
un incroyable renversement de situation… C’est là que tout se joue
paraît-il… Au point que l’on en vienne à
regretter le temps perdu à s’intéresser aux journées précédentes…
Pire, alors que nous sommes déjà
supposés être dans le « Money Time » en question, les matches qui le
composent semblent devoir eux aussi comporter un « Money Time »… Le
« Money Time » du « Money Time » en quelque sorte…
Illustration encore ce matin à l’heure de lire les comptes rendus du match
ayant opposé Montpelier à Evian et notamment l’évocation de ce Penalty manqué
tout au bout du temps additionnel. Ce
qui m’amène à me demander ce qu’il en sera des ultimes minutes de Lorient-PSG
et d’Auxerre-Montpelier le 20 Mai… Lorsque l’on pense que le titre se jouera
peut-être ce soir-là alors même que les prétendants seront opposés à des
équipes qui, peut-être, défendront alors leur dernière chance de rester en L1… Ça
promet…
Le « Money Time »
ultime ! Le « Money Time » de tous les « Money Time »…
Une poignée de secondes au bout d’une belle nuit de Mai… Une infime fraction de
temps…et beaucoup d’argent à la clé… pour donner à l’expression toute sa
justification… et jamais le Temps n’aura été à ce point de l’Argent…
D’ailleurs, si on estime que le
« Money Time » évoque celui où l’on cueille les fruits de ses
investissements, il conviendrait sans doute de s’en méfier grandement par les
temps incertains qui viennent, où l’Argent n’a jamais été aussi sale et les
possédants autant cloués au pilori des démagogies les plus basses… De là à penser que l’expression « Money
Time » est en passe de tomber en désuétude… et qu’il va falloir en trouver
une autre sous peine de voir nos amis journalistes fort dépourvus lorsque la
fin de la saison prochaine sera venue… L’avenir étant aux Cigales quand les
Fourmis seront honnies, pourchassées, sacrifiées, il nous faudra de toutes
façons revoir nos classiques et trouver donc d’autres sentences toutes faites
pour évoquer ces situations…
Alors quoi ? « Allocation Time » ?
« Indemnity Time » ? « Purse Time » ?...
Ce qui m’amène au débat de ce soir,
que je regarderais peut-être si je ne trouve rien de plus intéressant à faire,
et qui nous est présenté comme le « Money Time » de la campagne…
Celui qui permettra soit à Hollande de porter l’ultime estocade à un Sarkozy
agonisant, soit audit Sarkozy de renaitre de ses cendres et de nous proposer un
incroyable renversement de situation… La similitude avec une situation
footballistique s’arrêtant là puisqu’en la matière et contrairement au
football, les jeux sont faits.
A se demander si ledit débat est
utile… L’élection se jouant beaucoup plus sur le rejet de l’un que sur
l’adhésion à l’autre et à son programme, je ne vois pas vraiment ce que ces
2h30 de blabla pourront nous amener…
Mais bref… On retrouve donc ici
aussi le recours à la métaphore du fameux « Money Time » partant sans
doute du principe qu’une Campagne Electorale est comparable à un affrontement
sportif en général et à un match de foot en particulier… Ce qui est sans doute
vrai d’une certaine manière… N’y retrouve-t-on pas tous les petits travers du
football ?
Supporters Fanatiques et décérébrés
agitant des drapeaux, brandissant des banderoles et bêlant des slogans, le tout
rassemblés en troupeaux de moutons prêt pour la tonte générale…
Candidats-Joueurs prêt à tout pour
l’emporter… Avec leur lot de « simulations» sous forme de Promesses
d’autant plus appréciées du vulgus-pecus qu’elles sont intenables voir
inconsidérées… Avec leur lot de tacles assassins sous forme de petites phrases
et autres attaques personnelles qui portent plus que l’exposé des idées… Avec
leur lot de vilénies et autres traitrises sous forme de ratissage des idées les
plus nauséabondes…
Avec pour arbitres des électeurs
pour le coup certainement beaucoup moins compétents que leurs homologues des
terrains de football en matière de jugement et d’exercice de leurs
prérogatives…
Bref, il est vrai que cette élection
à quelques points communs avec une compétition sportive. Une compétition dont
le résultat serait connu d’avance… Une compétition qui décernerait un titre qui
ne serait remis en cause que tous les 5 ans… Une compétition dont on peut
continuer à feindre qu’elle préside seule à la destinée d’un pays et à l’avenir
de ses ressortissants… Une compétition qui entre donc dans son « Money
Time »… Un « Money Time » qui n’a pour moi d’autre intérêt que
de permettre enfin de passer à autre chose.
Bref, un « Money Time » qui ne vaut certainement pas qu’on se
mette la rate au court-bouillon.