dimanche 27 novembre 2011

J'suis comme ça...


Bonjour ami lecteur, moi tu me connais ? Tu sais donc à quoi t'en tenir en venant ici... Tu sais que je vivais à l’écart de la place publique. Serein, contemplatif, ténébreux… Certains allaient même jusqu’à me qualifier de bucolique…
Je refusais en tout cas d’acquitter la rançon de la gloire et de la reconnaissance de la blogosphère, me contentant de dormir paisiblement sur mon brin de laurier comme le plus paresseux des Gliridae…  Un petit brin tout simple, un brin de rien du tout diront les plus moqueurs, mais un brin que je cultivais moi-même avec amour et ténacité.    
Mais qu’à cela ne tienne, les gens de bons conseils voulurent me faire comprendre, qu’à mes lecteurs chéris, j’avais des comptes à rendre. Y compris à toi, lecteur désintéressé... Et que, sous peine de voir mon blog choir dans un oubli complet, je devais m’engager plus avant, m’impliquer, abandonner ma réserve naturelle et mettre au grand jour tous mes petits secrets, exposer tous mes petits travers.
 
Manquant à la pudeur la plus élémentaire, dois-je donc pour les besoins de la cause publicitaire,  divulguer à quel fâcheux ou constipé du bulbe, je me plais à attribuer la palme de la connerie.
Si je publie des noms, combien de citoyens se disant respectables passeront illico pour des mous de la coiffe, combien de mal-pensants me regarderont de travers, combien je recevrais de coups de revolver ?
A ces penchants coupables ma nature est rétive, souffrant d’une retenue quasiment maladive je ne fais voir mes écrits délicieux, à personne excepté ma femme et mes lecteurs.
Dois-je pour défrayer la chronique sur la toile, m'en aller rejoindre une quelconque Amicale ? M’encarter dans quelque Parti ? Et le clamer bien haut, et puis l’écrire ici.
Dois-je arborer plus ostensiblement un blason, brandir une enseigne, agiter un drapeau, comme ses enfants de salaud portent bien haut l'emblème de leur connerie ?
 
Un chroniqueur célèbre qui m’avait hébergé un temps sur son espace personnel, me laissant y faire mes 4 volontés, m’a souvent incité à abandonner mes apartés subtils et mes circonvolutions elliptiques pour ne parler que sport en général et football en particulier. Il m’invitait surtout à moduler mon vocabulaire en fonction des capacités cognitives restreintes de l’homo supporticus simplex.
Il n’eut de cesse de me montrer l’exemple du billet de blog du plus bas étage qui soit, arguant de pages lues et autres visiteurs uniques à l’appui de ses conseils malavisés. Sous prétexte de buzz, sous couleur de réclame, ai-je le droit de ternir ici l’honneur de ce digne homme en criant sous les toits, et sur l’air des lampions, « L’Expert Canalien prend ces blogueurs pour des cons ? »

Le ciel en soit loué, je vis en bonne entente avec quelques compères à la verve chantante, à l’invective preste. Eux les grands pourfendeurs des cons les plus funestes et moi le troubadour aux subtiles bluettes. Je les laisse dire merde aux ramollis de la pensarde, ils me laissent dire amen à leurs moqueries avisées. En accord avec eux, dois-je écrire en ces pages combien je les honnis, combien je les déteste et rejoindre la foule de leurs contempteurs qui n’ont de cesse que de leur chercher des poux dans la tonsure au prétexte qu’ils raillent leurs coupables penchants…

Avec quel bloggeur respectable faudrait-il que je me liasse pour faire venir ici la multitude des blogueurs de tous poils. Faut-il qu’un « expert», une étoile, une star, vienne prendre ici fonction de thuriféraire pour attirer le peuple et les folliculaires. Qui veut bien me prêter sa plume populaire ? Qui voudrait bien faire l’apologie de mon blog et vanter mon style ? Qui voudra bien me laisser faire un peu d’alpinisme sur ses solides épaules de blogueur établi afin de me hisser vers les sommets de la gloire.

Grimperaient-elles plus hauts les divines statistiques de fréquentations, si comme tout un chacun j’affichais ici les phobies les plus sombres, contre les bleus, les noirs, les blancs ou les jaunes, ou contre le grands danger des posters de supposées tapettes susceptibles d’orner la chambre des enfants.
Aurais-je plus de visites si je me déhanchais en marchant au pas de l’oie et prenais tout à coup des allures martiales pour exprimer bien haut des idées de races dominantes et de classes inférieures.
Mais je ne sache pas que ça profite à ces drôles d’afficher des idées aux ras des pâquerettes, ni que cela ne puisse conférer à ma gloire une once de plus-value, le crime de racisme aujourd’hui est devenu commun.
 
Après ce tour d’horizon, des milles-et-une recettes qui me vaudraient à coup sûr les honneurs de la toile, j’aime mieux m’en tenir à ma première façon et tapoter mon clavier en postant des bouffonneries jubilatoires. Si le public en veut je les publie Dard-Dard et s’il n’en veut pas je les remets dans mon tiroir. Refusant toujours de me compromettre en acquittant l’exubérante rançon de la gloire, sur mon brin de laurier je me rendors comme un loir.
Mes nombreux contempteurs se taperont sur le ventre heureux que je leur offre ici matière à moquerie et eau à leurs moulins mais je leur répondrais simplement : moi j'suis comme ça ! Et je vous emmerde !