Bonjour lecteur bien
aimé. Ce matin, je me disais qu’enfin nous arrivions au terme de cette campagne
électorale à laquelle je ne me suis intéressé que de loin malgré la proximité
géographique de mon pays d’adoption. Non pas que je n’ai point de conscience politique…
Non pas que je ne me préoccupasse pas de l’avenir immédiat de mon amère patrie
d’origine… Non.
Je crois simplement
que le sectarisme, la monomanie idéologique, je dirais même le quasi autisme,
des uns comme des autres, agissent sur le Ytse comme autant de repoussoirs.
Je ne me reconnaitrai
sans doute jamais dans ces discours jusqu’au-boutistes, dans ces monologues rhétoriques
ne laissant aucune place à l’expression des idées contraires, pire, n’accordant
pas le minimum de respect à leurs défenseurs.
Oh, bien sûr, vous
aurez toujours, dans les supporters des uns et des autres, ces cohortes de
fanatiques fous furieux abreuvés de haine et de…euh non…ça c’est pour le foot…
Mais bon… Tu mords le truc…
Vous aurez toujours
des Partisans ! De ceux qu’on peut trouver dans les meetings… et de plus
en plus sur les blogs divers et variés… même ceux censés être consacrés à tout
autre chose… suivez mon regard…
Alors d’accord, il
n’y a sans doute rien de mal à « s’engager » comme ils disent… Il n’y
a sans doute rien de mal à croire aux idéologies défendues par untel ou untel…
de croire au Matin du Grand Soir ou à l’Aube d’une Ere Nouvelle… A tout prendre
c’est un peu comme croire ou ne pas croire en Dieu… C’est une innocente manie…
Une pratique bien souvent solitaire qui ne fait de mal à personne… C’est un peu
comme être un Ultra de telle ou telle équipe, de ne jurer que par elle, de ne
vivre que par elle…
Je dirais même que,
d’une certaine manière je peux envier le confort que doivent apporter ces
certitudes… Comme la vie doit être agréable quand on ne doute pas… Quand on
perçoit le monde à travers le filtre gnostique de ce qui est censé
être « bien » contre ce qui est réputé « mal »… Un
monde en noir et blanc…Ou en Rouge et Noir… Ou en Rose et Bleu… Peut-importe…
Un monde bi-chromatique tellement reposant, tellement rassurant,
tellement…triste.
A la limite, pris
seul à seul, les thuriféraires des idéaux les plus dogmatiques sont sans doute
très fréquentables… C’est quand il y en a beaucoup qu’on a des problèmes.
Parce que, sans doute
lassés d’être forcément toujours d’accord entre eux, ayant peut-être finalement
épuisé leur répertoire rhétorique, ou simplement parce qu’encore plus
convaincus de leur « bon droit », l’effet de groupe ne tarde pas à
transformer l’adhésion à certaines idées en rejet des autres, l’amour d’une
idéologie en haine d’une autre… A l’instar des Ultras évoqués plus haut qui par
amour d’un maillot Ciel et Blanc vont en bruler un autre aux teintes
différentes (Au hasard… Rouge et Bleu), la passion vire à la haine…
Le riant enthousiasme
se mut en une colère qui est tout sauf saine. Le rassemblement et la communion
font place au Haro et à l’hallali… Rien ne se perd, rien ne se crée, tout ce
transforme…et toujours pour le pire.
Comme je le disais
plus haut, le fanatisme, l’engagement jusqu’au-boutiste, m’ont toujours
interpellé, intrigué, intéressé aussi d’une certaine manière… Je ne les ai
jamais compris et rarement respecté. Je n’ai jamais trouvé excellente l’idée de
mourir pour des idées, mais sans vouloir pour autant en dégouter les autres. Et
si certains avaient vocation de martyrs… Grand bien leur fasse…
Reste qu’il ne peut y
avoir de martyr sans bourreau et que ceux qui se disent prêt au sacrifice sont
bien souvent tout aussi disposés à tuer pour les mêmes idées… Et là… Je me dois
d’avouer une forte antipathie à leur encontre…
Vous en déduirez sans
doute que moi aussi, il m’arrive d’aimer (beaucoup) et de détester (un peu)… Et
c’est vrai je le confesse… Mais croyez-le ou non, il est bien plus de choses
qui ne suscitent chez moi ni l’un ni l’autre de ces deux sentiments
contradictoires…
A de nombreuses
reprises, en ces pages et ailleurs, j’ai fait aveux de footixerie, comme on dit
puis dans les milieux du ballon rond, au motif que je ne comprenais pas
l’apparente nécessité de haïr les autres équipes quand on en supportait une
autre… Il semblerait donc, et pour les mêmes raisons, que je doive aussi confesser
une grande politixerie...
Mais ce qui me désole
vraiment, c’est que à l’instar de certains dirigeants du monde footballistique,
qui bien souvent participent au climat délétère ambiant en alimentant de vaines
polémiques, nos hommes politiques, que l’on aimerait penser sages, sereins et
dotés à tous le moins d’une certaine hauteur d’esprit, nos hommes politiques
donc, semblent vouloir eux aussi surfer sur les vagues de haine déferlantes.
Il me semble que
cette campagne 2012, qui heureusement s’achève, a plus que jamais mis en
exergue les clivages, ce qui ne serait somme toute pas grave si cela se bornait
à mettre en avant les différences entre les projets de société proposés aux
Français. Mais là, il m’est apparu que l’ensemble des candidats passaient
beaucoup plus de temps à démonter, avec ironie parfois, avec violence souvent,
avec mépris toujours, non seulement les idées de leurs opposants mais bien
souvent leurs opposants eux-mêmes…
La personnalité
particulière du Président sortant en ayant d’ailleurs fait la principale
victime de cette dérive, mais lui et ses amis ne furent pas en reste…
Mais pire, j’ai
entendu dans bien des discours de tous les bords, l’expression d’un tel mépris
pour telle ou telle partie de la population française que je me demande si l’on
a pas planté là les graines de prochaines fractures sociétales aussi
irrémédiables que dommageables… Particulièrement en ces temps difficiles. Que de mots outranciers, que d’appels à la
haine, que de mépris ! Surtout, que d’oppositions systématiques entre les
bons citoyens et les mauvais citoyens !
On pourrait croire
que le 6 mai à venir marquera l’ouverture de la chasse et que la seule question
restera quant à la nature du gibier… Que ce soient les riches profiteurs du
système capitaliste ou les pauvres profiteurs du système social, que ce soient
les vrais-travailleurs ou les faux-chômeurs, les étrangers, les fonctionnaires,
les cadres, les ouvriers… Bref, d’une manière ou d’une autre il y en a qui
payeront ! Ce sera la curée ! On les désignera à la vindicte
populassière ! On les pendra haut et court ! Du sang sur les pavés…
Faut dire qu’il y
danger… L’horreur est à nos frontières ! Et si ce ne sont pas les
horribles Capitalistes qui nous pilleront, se seront les infâmes Islamistes qui
nous convertiront de force ! La peur… La peur de tout ce qui est
différent… La haine de tout ce qui est autre… Voilà ce qui fait marcher le
vulgus pecus sous la houlette de nos dirigeants qui tirent les leviers de
toutes ces peurs, de toutes ces haines…
De tout ce mépris
surtout…
Il y a chez beaucoup
tellement de certitudes, tellement de convictions de détenir la seule et unique
vérité qu’ils ne s’agit même plus de convertir les mécréants mais bien de les considérer
comme quantité négligeable… de les regarder du haut de ses petites idées
restreintes… Méprisez-les tous, Dieu/Staline/Mauras reconnaitront les
leurs… et après…
Après… Une fois que
les jeux de la constitution et du hasard ont porté l’un de ces sectateurs au
pouvoir… Une fois qu’une Majorité minoritaire ou une Minorité majoritaire s’est
exprimée, comment peut-on gouverner sagement ceux que l’on a ouvertement
méprisés ?
Enfin, tout cela est
sans doute dernière nous… Jusqu’à la prochaine élection… Les jeux sont faits…
Rien ne va plus… Retour au calme… Un peu comme pendant la trêve estivale en
football… Le petit mois d’été où le Marseillais s’en va admirer la Capitale profitant
de l’absence des Parisiens partis se faire bronzer dans les Calanques.
Entre deux élections
les esprits se calment… Les choses reprennent leurs cours… Les promesses vivent
ce que vivent les roses et s’envolent avec l’été pour ne jamais revenir…
Alors à quoi bon ce
petit papier ? Me diras-tu ami lecteur…
Pourquoi ce pamphlet
désabusé ? Demanderas-tu…
Ou plus simplement tu
passeras ton chemin en disant : « Hey Ytse, Baisse la pression, tu
nous les gonfles ! »