vendredi 4 mai 2012

Baisse la Pression... Tu nous les gonfles !


Bonjour lecteur bien aimé. Ce matin, je me disais qu’enfin nous arrivions au terme de cette campagne électorale à laquelle je ne me suis intéressé que de loin malgré la proximité géographique de mon pays d’adoption. Non pas que je n’ai point de conscience politique… Non pas que je ne me préoccupasse pas de l’avenir immédiat de mon amère patrie d’origine… Non.
Je crois simplement que le sectarisme, la monomanie idéologique, je dirais même le quasi autisme, des uns comme des autres, agissent sur le Ytse comme autant de repoussoirs.
Je ne me reconnaitrai sans doute jamais dans ces discours jusqu’au-boutistes, dans ces monologues rhétoriques ne laissant aucune place à l’expression des idées contraires, pire, n’accordant pas le minimum de respect à leurs défenseurs.

Oh, bien sûr, vous aurez toujours, dans les supporters des uns et des autres, ces cohortes de fanatiques fous furieux abreuvés de haine et de…euh non…ça c’est pour le foot… Mais bon… Tu mords le truc…
Vous aurez toujours des Partisans ! De ceux qu’on peut trouver dans les meetings… et de plus en plus sur les blogs divers et variés… même ceux censés être consacrés à tout autre chose… suivez mon regard…
Alors d’accord, il n’y a sans doute rien de mal à « s’engager » comme ils disent… Il n’y a sans doute rien de mal à croire aux idéologies défendues par untel ou untel… de croire au Matin du Grand Soir ou à l’Aube d’une Ere Nouvelle… A tout prendre c’est un peu comme croire ou ne pas croire en Dieu… C’est une innocente manie… Une pratique bien souvent solitaire qui ne fait de mal à personne… C’est un peu comme être un Ultra de telle ou telle équipe, de ne jurer que par elle, de ne vivre que par elle…
Je dirais même que, d’une certaine manière je peux envier le confort que doivent apporter ces certitudes… Comme la vie doit être agréable quand on ne doute pas… Quand on perçoit le monde à travers le filtre gnostique de ce qui est censé être « bien » contre ce qui est réputé « mal »… Un monde en noir et blanc…Ou en Rouge et Noir… Ou en Rose et Bleu… Peut-importe… Un monde bi-chromatique tellement reposant, tellement rassurant, tellement…triste.
A la limite, pris seul à seul, les thuriféraires des idéaux les plus dogmatiques sont sans doute très fréquentables… C’est quand il y en a beaucoup qu’on a des problèmes.
Parce que, sans doute lassés d’être forcément toujours d’accord entre eux, ayant peut-être finalement épuisé leur répertoire rhétorique, ou simplement parce qu’encore plus convaincus de leur « bon droit », l’effet de groupe ne tarde pas à transformer l’adhésion à certaines idées en rejet des autres, l’amour d’une idéologie en haine d’une autre… A l’instar des Ultras évoqués plus haut qui par amour d’un maillot Ciel et Blanc vont en bruler un autre aux teintes différentes (Au hasard… Rouge et Bleu), la passion vire à la haine… 
Le riant enthousiasme se mut en une colère qui est tout sauf saine. Le rassemblement et la communion font place au Haro et à l’hallali… Rien ne se perd, rien ne se crée, tout ce transforme…et toujours pour le pire.
Comme je le disais plus haut, le fanatisme, l’engagement jusqu’au-boutiste, m’ont toujours interpellé, intrigué, intéressé aussi d’une certaine manière… Je ne les ai jamais compris et rarement respecté. Je n’ai jamais trouvé excellente l’idée de mourir pour des idées, mais sans vouloir pour autant en dégouter les autres. Et si certains avaient vocation de martyrs… Grand bien leur fasse…  
Reste qu’il ne peut y avoir de martyr sans bourreau et que ceux qui se disent prêt au sacrifice sont bien souvent tout aussi disposés à tuer pour les mêmes idées… Et là… Je me dois d’avouer une forte antipathie à leur encontre…
Vous en déduirez sans doute que moi aussi, il m’arrive d’aimer (beaucoup) et de détester (un peu)… Et c’est vrai je le confesse… Mais croyez-le ou non, il est bien plus de choses qui ne suscitent chez moi ni l’un ni l’autre de ces deux sentiments contradictoires…

A de nombreuses reprises, en ces pages et ailleurs, j’ai fait aveux de footixerie, comme on dit puis dans les milieux du ballon rond, au motif que je ne comprenais pas l’apparente nécessité de haïr les autres équipes quand on en supportait une autre… Il semblerait donc, et pour les mêmes raisons, que je doive aussi confesser une grande politixerie...
Mais ce qui me désole vraiment, c’est que à l’instar de certains dirigeants du monde footballistique, qui bien souvent participent au climat délétère ambiant en alimentant de vaines polémiques, nos hommes politiques, que l’on aimerait penser sages, sereins et dotés à tous le moins d’une certaine hauteur d’esprit, nos hommes politiques donc, semblent vouloir eux aussi surfer sur les vagues de haine déferlantes.
Il me semble que cette campagne 2012, qui heureusement s’achève, a plus que jamais mis en exergue les clivages, ce qui ne serait somme toute pas grave si cela se bornait à mettre en avant les différences entre les projets de société proposés aux Français. Mais là, il m’est apparu que l’ensemble des candidats passaient beaucoup plus de temps à démonter, avec ironie parfois, avec violence souvent, avec mépris toujours, non seulement les idées de leurs opposants mais bien souvent leurs opposants eux-mêmes…
La personnalité particulière du Président sortant en ayant d’ailleurs fait la principale victime de cette dérive, mais lui et ses amis ne furent pas en reste…
Mais pire, j’ai entendu dans bien des discours de tous les bords, l’expression d’un tel mépris pour telle ou telle partie de la population française que je me demande si l’on a pas planté là les graines de prochaines fractures sociétales aussi irrémédiables que dommageables… Particulièrement en ces temps difficiles.  Que de mots outranciers, que d’appels à la haine, que de mépris ! Surtout, que d’oppositions systématiques entre les bons citoyens et les mauvais citoyens !
On pourrait croire que le 6 mai à venir marquera l’ouverture de la chasse et que la seule question restera quant à la nature du gibier… Que ce soient les riches profiteurs du système capitaliste ou les pauvres profiteurs du système social, que ce soient les vrais-travailleurs ou les faux-chômeurs, les étrangers, les fonctionnaires, les cadres, les ouvriers… Bref, d’une manière ou d’une autre il y en a qui payeront ! Ce sera la curée ! On les désignera à la vindicte populassière ! On les pendra haut et court ! Du sang sur les pavés…

Faut dire qu’il y danger… L’horreur est à nos frontières ! Et si ce ne sont pas les horribles Capitalistes qui nous pilleront, se seront les infâmes Islamistes qui nous convertiront de force ! La peur… La peur de tout ce qui est différent… La haine de tout ce qui est autre… Voilà ce qui fait marcher le vulgus pecus sous la houlette de nos dirigeants qui tirent les leviers de toutes ces peurs, de toutes ces haines…
De tout ce mépris surtout…
Il y a chez beaucoup tellement de certitudes, tellement de convictions de détenir la seule et unique vérité qu’ils ne s’agit même plus de convertir les mécréants mais bien de les considérer comme quantité négligeable… de les regarder du haut de ses petites idées restreintes… Méprisez-les tous, Dieu/Staline/Mauras reconnaitront les leurs…  et après…
Après… Une fois que les jeux de la constitution et du hasard ont porté l’un de ces sectateurs au pouvoir… Une fois qu’une Majorité minoritaire ou une Minorité majoritaire s’est exprimée, comment peut-on gouverner sagement ceux que l’on a ouvertement méprisés ?

Enfin, tout cela est sans doute dernière nous… Jusqu’à la prochaine élection… Les jeux sont faits… Rien ne va plus… Retour au calme… Un peu comme pendant la trêve estivale en football… Le petit mois d’été où le Marseillais s’en va admirer la Capitale profitant de l’absence des Parisiens partis se faire bronzer dans les Calanques.
Entre deux élections les esprits se calment… Les choses reprennent leurs cours… Les promesses vivent ce que vivent les roses et s’envolent avec l’été pour ne jamais revenir…
Alors à quoi bon ce petit papier ? Me diras-tu ami lecteur…
Pourquoi ce pamphlet désabusé ? Demanderas-tu…
Ou plus simplement tu passeras ton chemin en disant : « Hey Ytse, Baisse la pression, tu nous les gonfles ! »