jeudi 27 mars 2014

Ma Cavale au Val Rupian.


Bon. Jusqu’ici ça va. J’ai même plutôt eu du bol. Alors bon, même ce vieux croum qui m’a tenu la jambe trois plombes avant que t’arrives n’a pas pu me gâcher ma bière.

Faut dire que je la savourais cette bibine… Vingt bons marcotins que j’en rêvais de cette petite mousse prise au comptoir d’un bon vieux bistrot. C’est presque ce qui m’a le plus manqué depuis que je me suis fait enchrister à Corbas. Alors, j’ai décidé être bon prince et de le laisser me raconter son pote Jojo, son équipe de Rugby et ses haines farouches pour tout ce qui n’est pas de son terroir… De toutes façons je ne l’entendais pas… Je hochais la tête, je lui souriais, je disais oui, je disais non… Mais c’était comme s’il n’était pas là. Là, y’avait Moi, ma bière et cette putain de liberté arrachée au nez et à la barbe des condés. Ah mon brave Lulu. Tu sais quoi ? Je revois encore la tronche de ce crétin de juge quand j’ai sauté par la fenêtre de son burlingue… Et celle du pandore quand je lui ai remonté les roustons d’un coup de genou bien placé alors qu’il venait juste de me retirer les pinces… Putain de poilade rétrospective. Pour tout te dire… J’ai même pas eu le temps d’avoir les flubes. Faut dire que j’ai tout improvisé sur place. Tu sais quoi ? Quand ils sont venus me chercher dans ma cellule au petit matin blême, à l’heure du bourreau dans les temps pas si lointains où ils raccourcissaient encore les criminels, benh j’avais même pas ne serait-ce que le début d’une intention d’en profiter pour mettre les adja. C’est l’occasion qui a fait le larron comme on dit.

D’ailleurs je pense qu’ils doivent encore en être à se demander pourquoi j’ai fait ça. Après tout, il me restait quoi ? Seize mois à tirer… Moins sans doute avec les remises de peine qui vous tombent dessus sans crier gare lorsqu’ils ont besoin de place pour de nouveaux arrivants… Et pour dire le vrai, je ne sais pas vraiment ce qui m’a pris. C’est juste que ça m’a gonflé qu’on vienne me réveiller à 6.00 du mat parce que je juge machin voulait m’interroger sur le hold-up de la rue de la Ré’… Un truc qui devait bien dater de 3 ou 4 ans. Ils doivent faire les fonds de tiroir en ce moment. Les grandes soldes sur les affaires non-résolues. Et là c’était tombé sur ma pomme. Comme si c’était mon style de braquer un magasin de sport pour tirer 3 ou 4 pauvres survêts et deux paires de Stan Smith… A la Kalatch’ en plus… Il m’a pris pour un caïd de Vaulx-en-Velin ou quoi ? Ça aussi ça m’a énervé d’ailleurs. Je tiens à ma réput’ moi… Et moi, tu me connais, tu sais que j’opère dans le soyeux et la délicatesse… Ni Haine, ni arme et encore moins de violence comme disait l’autre. Toujours la nuit ou le week-end… Quand les bijouteries que je visite sont fermaga et confiées aux bons soins de leurs systèmes d’alarme par des proprios un peu trop naïfs… Et ils le savent ça, les keufs. Enfin… Je dis qu’ils le savent mais en fait… Ils ne savent pas tout… Pas le tiers du quart de mes exploits… D’ailleurs, si tu cherches dans mon dossier… Tu ne trouveras trace que de quelques conneries de jeunesses… De celles qu’on faisait ensemble… Et du cambriolage pour lequel je suis tombé. Et là encore… Ils y sont pour rien… S’il n’y avait pas eu l’autre blaireau qui promenait son clebs à 3.00 du mat et qui m’a vu redescendre le long de la façade… Putain de manque de bol… Manque de bol surtout que le gars en question soit un costaud… et un costaud rapide en plus… Pourtant j’devais bien avoir vingt mètres d’avance sur lui quand j’ai démarré… Il m’a eu quand même… Un rugbyman… J’ai appris ça dans les journaux… Alors l’autre pomme de tout à l’heure qui me parlait de son équipe à la con, sa Horde Sauvage de mes belles deux et de leurs exploits sur le pré… Tu penses que bien que ça me donnait des acidités… J’aime pas les sportifs en général et les rugbymen en particulier.

Mais j’te disais quoi déjà ? Ah oui… Le juge et son braquo… Presqu’une insulte à mon intelligence cet interrogatoire… La faute à un témoin qu’aurait fait un portrait-robot qui me ressemble… Enfin… Il me ressemblerait si j’avais 10 ans de moins et que mon dabe était né de l’autre côté de la méditerranée… Si tu vois ce que je veux dire… Sont cons les flics parfois… Te dire pourquoi ça ne sortait que maintenant… Je ne sais pas, mais c’était la deuxième fois qu’il me voyait sur le sujet le juge bidule… Un dernier truc à vérifier soi-disant. Un pugnace. Le plus drôle, c’est que le jour du braquage… Je n’étais même pas à Lyon… Et que je peux le prouver… Je pourrais leur dire que j’étais à Cannes ce jour-là, Chambre 106 au Carlton… Mais bon, ils ne connaissent pas le nom sous lequel j’étais descendu là-bas… Un blaze qui peut encore me servir maintenant que je suis en cavale. Et puis surtout… Ils auraient bien été capables de faire le rapprochement avec le cambriolage des vitrines de la bijouterie du hall d’entrée… Et ce coup là… C’est bien signé bibi. Alors bon. J’ai rien dit. Bien fermé ma gueule. Et puis j’vais te dire… J’crois que le juge… Il le savait que c’était pas moi pour le braquo Rue de la Ré…Alors tu vois… Ce n’est même pas la crainte de les voir me coller un truc sur le dos qui m’a poussé à prendre la tangente…C’est juste que sur le chemin entre la taule et le bureau du juge… Il faisait beau…

En plus, j’sais pas si tu te souviens, mais pour aller de Corbas à Lyon, ils te font emprunter un bout de l’Autoroute du Soleil… Une vraie incitation à la carapate ? Non ? Il faisait beau et même les odeurs méphitiques des raffineries de Feyzin ne pouvaient gâcher mon plaisir… J’étais là, assis, coincé entre deux poulets indifférents, dans le fourgon qui m’emmenait et je regardais par la petite fenêtre grillagée… Je ne voyais pas grand-chose bien sûr… Juste un coin de ciel bleu et les reflets d’or des rayons de ce soleil de fin d’hiver. Mais je connais le coin par cœur. J’y suis né… Comme l’autre con au bar est né ici, dans ce bled improbable où tu es venu t’enterré. Et il tenait à tous prix à me le faire savoir, espère… Enfin, il tenait surtout à bien me faire remarquer que moi je n’avais pas eu ce privilège. Mais bref, pour ne revenir à mon histoire, dans mon fourgon, j’ai fermé les yeux et laissé mes souvenirs me guider. On a enjambé la Saône pour passer sur la presque-ile et suivre le cours du Rhône et je n’ai pas pu m’empêcher de penser que si je pouvais le remonter, il me conduirait à ce petit appartement qui m’attend à Carouge, chez les Suissaga… Là où j’avais dans l’idée d’aller me retirer après encore un coup ou deux lorsqu’ils m’ont alpagué… Juste de quoi grappiller encore un peu de pognon pour mes vieux jours… Là où je serai bientôt… Si tout va bien… Mais je ne m’en doutais pas encore quand le fourgon remontait le quai et passait devant Saint-Paul l’ancienne prison que je n’ai pas connue… En tant qu’invité j’veux dire, parce que sinon, tu penses qu’elle a fait partie de mon paysage comme tout bon Lyonnais qui se respecte. Mon codétenu m’en a bien souvent parlé par contre… Faut-dire qu’il y avait passé un sacré paquet de temps… 35 ans je crois… En long en large il me l’a décrite même s’il me parlait surtout de ce qu’il voyait de sa fenêtre… Tu sais qu’elle est fermaga maintenant la Prison Saint-Paul ? Ils vont en faire un campus universitaire ce qui est assez ironique si tu repenses au Camarade Jaurès qui voulait construire des Ecoles pour abattre les murs des prisons… Ils l‘ont pris au mot… Sauf qu’ils ont commencé par abattre les murs de la prison pour construire l’Ecole. Après, tu connais la route sans doute… Le Pont Lafayette, les quais de nouveau… Puis la rue Bonnel.

Quelque part, je crois que c’est dans la cours du Palais de Justice, lorsqu’ils m’ont poussé hors du camion, que j’ai décidé de mettre les bouts… Toujours ce doux soleil… Et le chant des oiseaux dans la rumeur de la ville… Autant de signes que la vie suivait son cours quand le temps s’était suspendu pour moi depuis vingt mois. Et puis surtout, j’ai vu mon reflet dans les vitres de la porte d’entrée… J’ai vu mes épaules un peu voutées, mes pieds qui trainaient, ma tignasse en bataille et mes yeux délavés qui avaient perdu l’éclat de fière insolence et de joyeuse insouciance qui y brillait… Avant… J’ai pris peur… J’étais en train de disparaitre, de me dissoudre dans le quotidien morne qui s’écoulait entre les quatre murs de ma cellule. Fallait que je réagisse. T’entends ? Il le fallait absolument. Alors voilà. Lorsqu’arrivé dans le bureau du juge, le flic m’a ôté les bracelets, j’ai fait comme je t’ai dit : coup de genou dans les joyeuses et saut par la fenêtre qu’une bonne âme avait laissée opportunément ouverte… Sans doute pour faire entrer un peu de la douce chaleur qui flottait sur la ville en cette belle journée. J’ai atterri sans encombre dans la rue Duguesclin et j’ai couru… Les heures qui ont suivi ne méritent même pas qu’on s’y attarde de trop. Elles sont presque moins palpitantes que les tribulations de l’autre gland pour détourner une certaine réserve de Poire de la rapacité des banquiers… Parce que pour dire le vrai, il n’y a rien de glorieux dans ma première journée de liberté. J’ai tout de suite filé me planquer dans la foule qui déambulait dans les allées du centre commercial de la Part-Dieu et j’en ai profité pour cravater quelques larfeuilles comme dans le temps de ma jeunesse… La pêche a été bonne, j’dois dire… La chance était avec moi… J’avais récupéré pas moins de 853 Euros et un vieux permis de conduire dont la photo d’époque pouvait vaguement passer pour la mienne si on n’y regardait pas de trop près. J’ai acheté des vêtements… Un costard noir, une limace blanche et une cravetouze bleu nuit… J’ai aussi fait l’acquisition d’une mallette en cuir… Puis, avec mon air de cadre sup’, je me suis dirigé vers la gare bien à l’abri au milieu de mes semblables… J’ai pris la ligne C puis le Bus 40 jusqu’à Fontaine sur Rhône… Pas vu la queue d’un flic…

A Fontaine, je pensais t’y retrouver mon pote Lucien et te demander aide et assistance, étant entendu qu’on se connait depuis l’Ecole Primaire… On a fait les 400 coups ensemble les deux… 200 Chacun… Pas un pour rattraper l’autre… Puis tu t’es rangé des voitures… Tu t’es marié, t’as eu des gosses. T’habitais chez ta belle doche… Tu me dis qu’elle est canée… Tu dois être content… Donc je me suis pointé chez elle… Enfin, là où je pensais te trouver… C’est une nana plutôt choucarde mais que je ne connaissais pas qui m’a ouvert. Elle m’a expliqué qu’elle habitait là avec son mari depuis deux ans déjà… Qu’ils avaient acheté la bicoque à un couple qui était parti pour la cambrouse quelque part dans l’Ain… ou en Isère… Elle savait plus trop…Elle a été bien sympa. Elle est allée fouiller dans ses papiers pour retrouver ton adresse à toi et à Cathy… Rue des Martyrs à Saint-Locdu… Dans les coins de Bourgoin… Alors j’ai pris le dur jusqu’à Bourgoin et j’suis descendu dans un hôtel tout près de l’autoroute. Le mec à la réception n’a même pas jeté un œil sur le Permis de Conduire que je lui ai tendu. L’effet Costard-Cravate toujours. Ca rassure le clampin. Il m’a filé la clé de la piaule sans trop se préoccuper de moi. Faut dire aussi que j’avais attendu minuit et demi pour me pointer et qu’il n’aspirait qu’à retourner se pieuter en espérant qu’il n’y aurait pas d’autres clients. Le matin, au petit dej’, j’ai entamé la converse avec un représentant en machines agricoles qui devait s’en aller visiter un de leurs distributeurs à Saint-Chef… D’après lui, Saint-Locdu était desservi par un bus qui justement partait de Saint-Chef… Alors je l’ai laissé me conduire là-bas et lui, il m’a laissé sur la Place. J’ai vérifié les horaires du bus. Je venais de manquer celui du matin. Le prochain était à 13h30. Je me suis installé à la terrasse d’un café où j’ai tué le temps en ligotant les journaux du jour. Ils parlaient de moi bien sûr… Mais pas à la Une tu te doutes. En page 4 du Progrès… Un court article de quelques mots qui contait les circonstances de mon évasion, donnait mon pédigrée, vachement partiel, et affichait la photo qu’ils avaient prise après mon arrestation, vachement pas ressemblante. Du coup, j’étais un peu moins désabusé des stigmates que ces presque deux ans d’incarcération avaient creusé sur mon visage altier… Quelqu’un qui y aurait prêté attention aurait certainement pu me reconnaitre mais là, assis seul à la terrasse de cet établissement perdu sur la place central d’un bled paumé… J’étais tranquille.

Le temps s’est écoulé, lentement, paisiblement, et j’en ai gouté chaque seconde. Une bise légère traversait la place et me faisait parfois frissonner dans ma veste de costard. Mais comparée au froid humide de ma cellule, elle était plutôt comme une délicieuse caresse sensuelle… Je n’avais quitté ce monde que quelques mois mais tout me semblait avoir l’éclat du neuf. A commencer par la politesse cordiale du serveur qui me changeait des aboiements des matons… Note que je ne leur en veux pas vraiment non plus. Ils font souvent ce qu’ils peuvent avec les moyens du bord et ils ne sont pas plus cons que d’autres… Ni plus méchants d’ailleurs… C’est juste que cette putain de société veut tout avoir et rien payer… Mettre les « nuisibles » comme nous à l’écart sans s’en donner les moyens… Alors ils nous parquent dans ces prisons vétustes et limite insalubres en prétendant sans doute que cela nous dissuadera d’y revenir si d’aventure on en sortait… Qu’elle connerie… Je ne me plains pas… Attention… Je savais les risques que je courais… Je les assume… Je me suis fait gauler… Je paye… C’est normal… Mais y’a des limites à tout…Bon… J’vais pas te faire chialer sur mon sort… C’est du passé tout ça… N’empêche que cette matinée sur cette place a été une des plus belles de ma vie… Après, j’ai traversé la place pour aller déjeuner dans le p’tit restaurant d’en face… J’ai pris une Salade Lyonnaise et une omelette au lard… avec une assiette de frometon pour finir… Puis le bus pour m’en venir ici.

Quand je suis arrivé devant ton immeuble, la pipelette m’a tout de suite sauté sur le paletot… Ils ont un vrai truc contre les étrangers dans ton bled… Elle avait l’air vachement soupçonneuse la vieille. Si elle savait… Mais bon, finalement ma trombine a dû lui revenir car elle m’a expliqué que t’étais au taf et que ta femme était partie « aux commissions » mais qu’elle ne devrait pas tarder à revenir. J’ai pas voulu me retrouver tout seul avec Cathy avant de t’avoir causé. J’sais qu’elle ne m’a pas franchement à la bonne… J’la comprends tu me diras… Elle t’aime… Alors ça doit l’aider de penser que je puisse être ton mauvais génie… Celui qui t’as entrainé dans nos combines à la con quand on était jeunes… Et j’suis bien certain que tu la laisses le croire vieux brigand… Et tu as bien raison. C’est pour ça que j’suis allé t’attendre au bar d’en face puisqu’on peut apercevoir la porte d’entrée de ton immeuble depuis le comptoir. J’ai été content de te voir apparaitre au coin de la rue… Il commençait à me les briser menues l’autre nabu à me raconter son bled et ceux qui y vivent… Ceux qui y meurent aussi d’ailleurs vus qu’à chaque fois ou presque qu’il me parlait de quelqu’un c’était pour me dire qu’il était claboté… Ou qu’il n’était pas d’ici… C’était son truc ça… Les mecs pas d’ici… Bon… A part ça il était gentil quand même… Il m’a même offert un godet de cette infâme machin que le patron du cani fabrique lui-même… Putain ce goût de résine… J’sais pas si les abus de cet alcool sont dangereux pour la santé mais le  moins qu’on puisse dire c’est que ça sentait le sapin…

Mais bon te voilà, mon vieux, mon pote Lucien… Tu te souviens de notre cani de quand on était jeunes et beaux ? Le Bar Le Voltaire. Dans la montée du Lycée. Notre repère, notre home sweet home. Mieux que le bahut c’est sûr. Mieux que la maison aussi pour toi avec ton vieux et sa main lourde. On n’éclusait pas tant que ça à l’époque, faut dire qu’on n’avait pas trop d’artiche non plus. On faisait durer le petit noir du matin et le petit blanc du midi, on buvait en bichromie, on n’était pas raciste. On se faisait un petit jaune aussi parfois les aprèm où on avait un peu de temps entre deux cours. Mais bon, je vais pas te la jouer nostalgie à deux balles, c’était le bon temps et ça l’est toujours. Hein ? Là, comme je te vois tu ne m’as pas l’air malheureux, t’as profité comme on dit. Surtout au niveau de la ceinture, t’as fait du gras. Allez, j’te charrie pas sur le sujet. Peut-être que si c’est moi qu’avait embarqué la Cathy, j’aurais aussi viré petit bourgeois dans un bled paumé. Mais non, j’me moque pas. J’te taquine juste un peu. Surtout que j’vais avoir besoin de toi. Oh ne t’inquiètes pas. Trois fois rien, pas de pognon, pas de planque, rien qui ne puisse te valoir les foudres de la justice ou de ta greluche. Quoi ? Ta femme ? Oui. C’est vrai que t’es marida. Ca me fait tout drôle queutard comme je te sais. Mais pour en revenir à mon petit truc, j’voudrais juste que tu passes voir ma mère… Et discretos, pas que les cognes aillent ensuite la faire tartir tous les deux jours pour savoir si elle sait où j’suis. Tu peux éventuellement lui passer un coup de grelot, si ça t’emmerde de courir jusqu’à Lyon, mais si tu pouvais y aller en personne ce serait chouette. Elle t’aimait bien ma daronne. Ca lui fera plaisir de te revoir et de te savoir du bon côté de la barrière maintenant. Et puis tu lui donneras cette enveloppe. J’te dis tout de suite ce que c’est. Un chéquier et une carte de crédit pour un compte en Suisse que j’ai ouvert pour elle. Y’a un peu de pognozof dessus… Enfin, y’en a même pas mal. Pour le code pour la carte, t’as qu’à lui dire qu’elle le connaît. Elle comprendra. Alors on est d’acc ? T’iras la voir Lundi prochain ? Tu dois aller sur Lyon de toutes façons ? Merci mon pote. J’savais que je pouvais compter sur toi. Moi ? Quoi, moi ? Ce que je vais faire ? Benh je te l’ai dit. Direction la Suisse. Pour quelque temps au moins. J’avais dans l’idée de raccrocher de toutes façons après mon dernier casse. Celui qu’a mal tourné.  Bon, j’dis pas que je me ferai pas un p’tit truc de temps en temps pour garder la main, mais rien d’extraordinaire, de la maison bourgeoise avec coffiot et bijoux de famille, c’est pas ce qui manque sur les bords du Léman. Juste pour le plaisir quoi, pas virer vieux branque trop vite. Tu dis quoi ? Tu vas à Genève de temps en temps pour le taf. Benh c’est super. Files moi ton numéro, dès que j’arrive la bas, je me prends un prépayé pour que tu puisses me joindre et si tu passes dans mon coin tu m’appelles et on pourra aller se prendre une bibine, fumer un pétard sur ma terrasse, à la cool, on pourra causer aussi, parler du bon vieux temps, le temps d’avant… Promis ? Tu me bigophones ?


Allez, va falloir que j’y aille et toi aussi peut-être, ta femme doit t’attendre… Non ? T’as encore un peu de temps. Ok. S’il vous plait patron ! Encore une bière pour mon pote et moi.