Bonjour
ami lecteur, tu auras noté, qu’hormis quelques déluges localisés, cet automne
encore neuf nous octroie quelques beaux jours de franc soleil, offrant à
quelques âmes égarées la dommageable opportunité d’aller manifester pour tous
en les rues de Paris ou d’ailleurs.
Sans
doute certains d’entre eux virent-ils même dans cette météo clémente, la marque
d’une approbation divine, le signe de la justesse de leur cause, la bénédiction
de leur combat… Et peut-être ne doit-on dès lors pas s’étonner de voir les
organisateurs de ces manifestations multiplier les participants comme leur Jésus
les petits pains…
A
moins que ces problèmes d’arithmétiques n’aillent de paire avec une certaine
vision rétrograde de la société et que lesdits organisateurs aient éprouvé tout
autant de difficultés à comptabiliser leurs moutons défilant au pas de
l’ouaille que d’autres à dénombrer le nombre d’enfants de moins de 4 ans vivant
en France.
En
parlant d’enfants en bas âge… Combien y’en avait-il, trainés là par le papa et
la maman censés représenter les figures tutélaires de la sainte famille en
danger ? Combien de pauvres minots a t’on ainsi forcés à battre le pavé
pour les idées de leurs pères ? Et surtout: pourquoi ?
D’aucuns
esprits taquins iraient sans doute prétendre que c’était pour faire le nombre,
pour donner de l’ampleur à la chose. Ils auraient tort puisque bien entendu, ni
les femmes, ni les enfants ne sauraient faire partie du décompte, les saintes
évangiles elles-mêmes proscrivant une telle basse manœuvre…
Si,
si, je t’assure ami lecteur et au cas où tu serais peu au fait des écrits
testamentaires je te livre ici un extrait de l’Évangile de Jésus-Christ selon
saint Matthieu, chapitre 14, versets 14 à 21… L’extrait qui traite de la
multiplication des pains citée plus haut: « Tous mangèrent et furent rassasiés […] Ceux qui avaient mangé étaient
environ cinq mille hommes, sans les femmes et les enfants. »
Cinq
mille… sans les femmes et les enfants… Amusante façon de dénombrer une foule…
N’est-il pas ?
Faut-il
comprendre que seuls les hommes avaient été sustentés et que les femmes et les
enfants avaient dû se l’arrondir, restant là, la bave aux lèvres à regarder
leur pères, maris, frères et fils se remplir la panse ? Ou faut-il y voir
la place que les rédacteurs de ces textes soi-disant sacrés entendaient laisser
à ces mêmes femmes et enfants qui ne devaient compter que comme quantité
négligeable… Et les chiens ? Ils avaient eu à bouffer les Chiens ?
Faut-il
voir dans cette curieuse façon de dénombrer les convives, la définition même de
ce que devrait être la Famille d’après les pères fondateurs ? Cette même
famille que les neuneus-pour-tous entendent défendre en défilant avec femmes et
enfants de par les rues et les ruelles…
Parce
que bien évidemment, lorsqu’ils viennent faire bonne figure devant les caméras
obligeamment tendues, ils se posent, entre autre, en sauveurs, en défenseurs de
la famille en danger devant la dissolution des mœurs actuelles… Et, entre toi
et moi, danger il y a sans doute… Pas
pour la Famille, mais pour leur propre conception d’icelle…
Le
bon vieux modèle familial qu’ils ne voudraient pour rien au monde voir changer.
La toute puissance du Pater Familias… Je serais à peine surpris d’ailleurs que
certains ne regrettent même la disparition du vitae necisque potestas que celui-ci ait eu
cours au propre ou au figuré dans la société romaine. Je ne serais pas plus
surpris que, comme le notait Mauriac, certains croient encore que: « Le Code civil ne prévaut pas contre la
volonté toute-puissante du père. »
Une
vision hiérarchisée de la famille, illustrée jusque dans les slogans qui nous
rabâchent qu’une famille c’est un Papa, une Maman, un ou des enfant(s)… Un Papa
et Une Maman… Dans cet immuable ordre de préséance et avec la primogéniture
masculine pour départager les enfants…
Un
modèle à tout le moins un peu suranné et pour le coup, sans doute vraiment en
voie de disparition… Sauf que dans ce cas-là je serais plutôt partant pour
laisser s’exprimer la sélection naturelle…
Et
donc qu’ils ne comptent pas sur moi pour m’en venir battre le pavé avec eux
pour défendre cette famille-là. Cette famille qui n’est en fait alors rien
d’autre qu’un carcan avec ses codes et ses règles, ses dominants et ses
dominés… Une micro-société réduite à son ultime noyau avant l’individu ou, si
on prend l’angle opposé, les premières chaines mises au même individu pour
entraver son affirmation personnelle… Le modèle même qui me pousserait à crier
« Famille je vous hais ! »…
D’ailleurs,
je ne suis pas le seul à penser ça… Parce que si tu regardes très attentivement
le logo même de la Manif pour tous… On peut voir très distinctement que les
deux gamins… Essayent de se tirer… Et on les comprend.
Moi,
tu me connais, et tu m’as lu plus souvent qu’à mon tour faire l’apologie de la
famille, te dire combien elle comptait pour moi. Et je veux le réaffirmer ici.
Mais
la mienne de famille, celle dont je parle et que je chéri tant, n'est pas et ne
sera jamais réduite à la cellule sociale. Elle est une entité qui nait de l'amour
et elle ne souffre aucune prédominance, aucune contrainte, aucune règle que
celles de s’unir pour bâtir ensemble un bonheur plus grand. Et cette famille-là
est par essence tout aussi immortelle que l’amour dont elle nait. Il n’y a donc
pas matière à hurler avec les moutons pour sa défense quand rien ne saurait la
mettre en danger.
A
côté des discours sur la défense de la famille, voire même en corolaire, sont
les arguments sur la marchandisation des enfants et du corps des femmes que
pourrait induire la levée de l’interdiction de la Gestation Pour Autrui. Le
sujet est effectivement beaucoup plus délicat, plus complexe aussi. Et il ne
fait aucun doute que le recours à cette méthode doit être très strictement
encadré. Peut-être effectivement jusqu’à l’interdiction de sa pratique, tout au
moins jusqu’à ce que l’on ait pu suffisamment se pencher sur la question pour
mettre en place les conditions et les contrôles permettant de limiter au
maximum les risques de dérives.
Je
peux comprendre et accepter que, malgré les propos du premier Ministre
absolument clairs sur le sujet et qui confirmaient qu’il n’était pas question
pour le moment de légaliser la GPA en France, je peux comprendre disais-je, que
l’on manifestât pour réaffirmer, a priori, certaines oppositions à cette
pratique… Je peux le comprendre…
Mais
je ne peux cependant pas m’empêcher de noter que cette opposition n’a jamais
été autant affirmée que depuis que les couples homoparentaux ont enfin obtenu
le droit de se marier comme les autres couples… Je ne peux m’empêcher de lire
leurs pancartes stupides questionnant notre bon président Hollande sur le
prénom de sa chère maman… Je ne peux m’empêcher de penser que certains des
opposants à la GPA ne s’y opposent que parce qu’éventuellement… les PD… Quelle
Horreur… Pourrait un jour en bénéficier… Vous vous rendez compte ma pauvre
dame… Déjà que les PD… Hein ? On se comprend… Mais si en plus on les
laisse se reproduire…
Et
à ceux qui voudraient prétendre que je vois le mal et l’homophobie partout, je
répondrais que, si les manifestants n’ont aucune arrière-pensée, pourquoi
associent-ils alors la PMA à la GPA ? Considèrent-ils que la PMA, qui est
jusqu’à preuve du contraire légale dès lors que sa mise en œuvre est limitée au
traitement des cas de couples se trouvant face à une infertilité médicalement
constatée ou risquant de transmettre une maladie grave à l'enfant ou à l’un des
membres du couple, que la PMA donc, doive elle aussi être interdite ? Ou
ne serait-ce pas plutôt qu’ils voudraient s’assurer qu’elle ne soit pas ouverte
aux couples homoparentaux féminins ?
Alors
moi, tu me connais, je n’irai certes pas marcher à côté de ces branques. Parce
que si j’ai encore beaucoup d’incertitudes et d’interrogations quant à la GPA,
à ses bénéfices pour certains couples en mal d’enfant, bénéfices à mettre en
balance avec les dangers des dérives qui peuvent y afférer… Je n’ai par contre
aucun doute sur une chose… La loi doit rester la même pour tous… Si la GPA
reste interdite, elle l’est pour tous les couples… Si elle devient légale, elle
le devient pour tous les couples…
Défense
de la Famille, préservation du corps de la femme, GPA machin, PMA bidule…
Autant d’artifices aussi pour les ceusses qui n’ont toujours pas digéré qu’on
leur explique que les couples homosexuels avaient droit aux mêmes…droits
qu’eux… Ces éternels cornards… Ces mous de la coiffe… Cette sainte famille
machin, père, mère, fille, fils, le Saint-Esprit en bandoulière, qui décochent
illico des propos venimeux aux malappris qu’elle croise parfois sur son chemin
et qu’elle trouve s’embrassant à bouche-que-veux-tu sur les fameux bancs
publiques…
Quand
le Grand Georges écrivait cela, à l’aube des années cinquante, il peignait le
ridicule des culs-bénits qui s’offusquaient à la vue de jeunes couples vivant
leur amour à l’air libre. Il est évidant que de nos jours, un couple qui
s’embrasse sur un banc publique, ou ailleurs, n’attire pas plus l’attention que
le colombidae qui picore quelques miettes à leurs pieds… Sauf à ce que, horreur
sans nom, ledit couple ne soit constitué par deux personnes du même sexe…
Oh,
ne t’inquiète pas, je ne m’en vais pas t’aller chanter sur tous les tons que
les homo qui se bécotent sur les bancs publiques, bancs publiques, bancs publiques, ont des
petites gueules bien sympathiques… Certains oui. D’autres non. Ni plus ni moins
que les autres si tu veux mon avis… Par contre, ils ont tout autant le droit de
le faire que les autres et si cela dérange les convictions de certains, si
d’aucuns en ont des flétrissures à la morale, qu’ils regardent ailleurs, qu’ils
détournent les yeux mais surtout qu’ils ferment… leur gueule de raie.
Alors
bien sûr, je n’irai pas marcher bras dessus, bras dessous avec ces moralistes
pudibonds, ces empêcheurs d’aimer en rond, ces fanés du slibards secs de cœur,
ces faux virils qui se prennent pour de vrais mecs mais qui craignent très
beaucoup… Ces cons quoi… Pour dire les choses comme elles sont.
Alors
n’insiste pas ami lecteur… La Manif’ pour tous (les cons) je n’irai pas !
Comment ? Tu dis ? Elle est déjà finie. C’était le week-end dernier.
Ouaip… Mais t’inquiète… Mainte fois sur le métier ils remettent leur connerie…
Alors des défilés à la con… Y’en aura d’autres.