Voilà,
A Voté !... Oh, pas toi ami lecteur, sauf à ce que tu sois résident des
terres Calédoniennes… Non, je te parle bien sûr de mes amis Ecossais qui ont
finalement décidé de ne pas consommer leur divorce d’avec le reste du Royaume
Uni.
Un
peu comme celui qui reste avec bobonne par soucis d’économie alors même qu’il
ne peut plus lui voir le nez au milieu de la figure comme disait l’autre. Faut
dire que ça coute un divorce. Surtout si tu le prends à tes torts… Et surtout
si celui que tu veux répudier est fermement décidé à te le faire payer…
Pour
tout dire… Je les comprends les ceusses qui, comme d’autres avant eux, s’en
sont allés voter pour l’ordre et la sécurité. Faut dire, qu’ils sont bien
gentils les indépendantistes à fanfaronner comme quoi ils seraient mieux sans
qu’avec la tutelle plus ou moins serrée de leurs soi-disant oppresseurs.
Par
certains côtés, ils me font penser au gamin qui s’en va maugréer dans son coin
contre l’injustice parentale parce qu’on lui a fait ranger son IPhone à l’heure
du diner ou qu’on l’a privé de Nouvelle Star en justes représailles d’un
quelconque manquement. Alors il crie, il pleure, il s’indigne le minot et il se
prend à rêver d’indépendance et de liberté loin du joug patriarcal. Et,
lorsqu’il se tient là, allongé sur son lit, les yeux au plafond, il échafaude
des plans de fuite, il imagine des fugues…
Peut-être
même ira-t-il jusqu’à glisser quelques vêtements dans un sac à dos, un bouquin,
trois francs six sous, un paquet de gâteau et son IPad… Avant de se rendre
compte qu’il ne pourra pas emporter son ordi, ses guitares, sa collec’ de BD et
son vieux New Look aux pages ravagées par de multiples usages…
Peut-être,
s’il est un peu plus audacieux, ira-t-il jusqu’à mettre le sac sur son dos et à
ouvrir la porte…
Avant
de reculer, glacé par une brusque bourrasque et la pluie cinglante… Bien fait pour
lui, il avait qu’à se barrer en été…
Peut-être
franchira-t-il quand même le seuil et s’élancera-t-il dans la nuit… pour s’en
revenir au matin après s’être fait chier comme un rat mort loin de la téloche
ou de sa PlayStation…
Rares
sont ceux qui vont jusqu’au bout… Heureusement diront les plus pusillanimes
d’entre vous…
Non,
la plupart, ils décident de rester dans le cocon familial… Et tant pis si Papa
est un gros con facho qui vote FN et qui lui prend le chou tous les jours pour
des cheveux un peu trop longs ou des notes un peu trop justes… Et tant pis si
Maman préfère écouter les roucoulades du dernier chanteur à la mode plutôt que
de l’inviter à venir s’assoir à côté d’elle et l’écouter lui parler de sa
journée, de ses joies, de ses peines… Les petites misères du quotidiens ont le
mérite d’être familières alors que là… dehors… C’est l’inconnu sombre et
glaçant…
Et
puis il est aussi assez confortable de se laisser porter par les vents de
l’autorité quelle qu’elle soit… Cela ne les emmène pas forcément vers un avenir
qui leur sied pleinement mais au moins ils savent où ils vont… Alors que les
grandes traversées en solitaire en direction des confins… Ça les fait flipper… Ils
ne sont pas sûrs d’arriver… Ils ont peur de se perdre en route et de ne jamais
atteindre cette liberté si vague et lointaine par-delà l’horizon gris du
quotidien.
En
solitaire… Disais-je… Parce qu’il a raison le poète qui affirme que vivre libre
c’est vivre seul… Pas d’autre solution. La seule vrai liberté pure et parfaite
ne peut pas s’embarrasser de la présence des autres fussent-ils les meilleurs
des compagnons… Parce que tu auras toujours à composer à un moment ou à un
autre… Tout semblant de liberté au sein d’un groupe, même le plus petit qui
soit, n’est qu’illusion.
Alors
tu vois, ils ont beau porter haut les couleurs de leur petit microcosme, en
revendiquer l’indépendance ou l’autonomie… Ils ont beau adjoindre l’adjectif
« Libre » au nom du quelque part où ils sont nés… Vive le Machin
Libre, Vive le Truc Libre… Libre mon cul… Ou à peine plus… Illusion te dis-je…
Rêve…
Et
c’est d’ailleurs ça que j’aime chez eux… Ces indépendantistes… Ces révoltés…
J’aime cette part de rêve qui les fait se dresser contre l’ordre établi… Qui
leur fait dire merde contre le cours des choses… Quand d’autres se complaisent
au milieu du troupeau et s’en vont voter les yeux fermés pour que rien ne
change dans leur quotidien sinistre… Quand tant tellement d’autres n’ont même
pas la capacité, ni l’envie, d’imaginer qu’il puisse y avoir un ailleurs, un
autrement… Quand tant tellement d’autre se résignent et n’ont même plus la
force de rêver… Justement…
Alors,
je les vois les ceusses, les tous, qui se gobergent et crachent sur ceux qui se
lèvent pour exprimer un vague désir de liberté… Je les vois ricaner en moquant
l’utopie de la chose… Je les vois et les plains d’être à ce point secs de cœur
et d’esprit qu’ils n’arrivent même plus à se laisser porter par un rêve éveillé… Ce
sont les mêmes qui me disent parfois, qui me disent souvent, qu’il ne sert à
rien de s’épancher, certes avec talent,
sur un blog… Qu’il est vain de porter sur l’écran mes quelques coups de
gueule contre ce monde bancal et les cons qui l’occupent… Que cela ne fera pas
changer les choses…
Ils
n’ont pas compris que j’en n’avais rien à foutre de changer les choses… Que ci
eux et tous les cons qui vont avec se complaisent dans le cloaque ambiant ce
n’était pas mon problème… Que la seule chose qui m’intéresse c’est de brandir
un poing ou un doigt à la face du système… Vivre ma vie en connaissance de
cause… Et rêver…