Bonjour
à toi ami lecteur. A priori c’est la saison, mais les sanglots longs des
violons qui accompagnent les élégies funèbres qui pleurent la disparition,
certes soudaine et sans doute regrettable, de qui tu sais, ne blessent mon cœur
d’aucune langueur particulière.
Tout
un chacun y va de son panégyrique pour saluer le grand homme. Jusqu’au bon
Président Hollande, pensant sans doute et pour quelques instants, nous faire
oublier dans une bière de circonstance, qu’on est gouverné comme des pions par
un roi un peu fou qui a perdu ses reines et celles du pouvoir.
Je
ne sais pas encore si l’Illustre aura droit à des obsèques nationales, mais il
y a fort à parier qu’il sera enterré en grandes pompes, alors même qu’il aurait,
lui que l’on dépeignait comme dévoué corps et âme à « son »
entreprise, sans doute souhaité être justement plutôt enterré à côté de ses
pompes…
D’ailleurs
ne peut-on pas considérer que, la formation du pétrole commençant par
l’accumulation de matières organiques, l’acte même de mourir et de retourner à
la terre, est pour lui, l’ultime expression d’une conscience professionnelle
poussée à son paroxysme.
J’espère
simplement que l’on ne recourra pas à la fracturation hydraulique pour creuser
le trou nécessaire à la chose.
Mais
bon, les eulogies font florès, les éloges s’accumulent et on en fait un peu
beaucoup je trouve. Je dirais même qu’on nous fait la total(e) sur le sujet,
même si j’admets bien volontiers l’importance du personnage… Surtout pour les
actionnaires de Total, tremblant pour leur portefeuille face à des marchés
toujours prompts à sur-réagir à ce genre d’événement, appliquant en cela
l’adage qui veut qu’un seul être vous manque et tout soit alors aussi dépeuplé
que la faune et la flore un jour de marée noire. Il est vrai que le décès de
son patron peut légitimement nous faire craindre que, tout en ayant toujours du
pétrole, Total n’ait plus d’idées…
L’homme
était sans doute remarquable, une huile comme on dit pui(t)s dans ces cas-là. Mais
l’était-il plus que tous les autres trépassés de ce 20 Octobre ?
L’était-il plus que, par exemple, Maria Lambour, la sycophante bretonne
protectrice des recettes locales, ou qu’Etienne Mourrut, certes décédé la
veille mais dont le nom est par trop prédestiné pour ne pas figurer ici ?
Entendons-nous
bien ami lecteur, laisse-moi te préciser, avant que tu ne me réputes nécrophage
en m’accusant de manquer d’essence, euh, de décence voulais-je dire… Laisse-moi
affirmer ici qu’il ne s’agit pas non plus de sabrer le champagne fut-il du
Taittinger. Peu de morts sont réjouissantes, celle-ci pas plus qu’une autre. Et
certains auraient sans doute pu, comme le disait une experte en la matière,
tourner 7 fois leurs doigts sur le clavier avant que d’envoyer un Tweet quelque
peu maladroit…
Mais
bon, on m’a souvent invité à m’attacher plus au fond qu’à la forme… et en la
matière… dans le fond y’a du pétrole… Et quand y’a du pétrole… Et pourquoi ne
pas mettre sur le coup d’une certaine licence poétique de l’auteur dudit Tweet,
l’usage de cette hémato-métaphore assimilant le pétrole au sang de la terre…
Bref, le haro général contre ce pauvre Gérard Filoche me parait lui aussi un
tantinet exagéré.
En
l’espèce comme pour le reste, je continue de penser que l’on peut rire de tout…
Ne serait-ce que parce que si on ne le peut pas, on ne peut rire de rien, étant
alors entendu qu’il y aura toujours un mou de la coiffe pour aller t’expliquer
que l’objet de ta saillie n’est pas catholique, casher, hallal ou autres trucs
et machins dont ont fait les crédos…
D’ailleurs,
pour en revenir à la Camarde, ne vaut-il pas mieux en rire qu’en pleurer ?
Surtout pour ceux qui ont l’obligeant bon goût de calencher avant nous… Ils
méritent notre reconnaissance éternelle, celle qui dure à nous rendre nous-même
immortels… quand on y pense… Quoique l’éternité, c’est long, c’est chiant...
Les
plaisanteries les plus courtes étant souvent les meilleures, Il faut aussi
savoir s’arrêter… Un petit tour et puis s’en va… Passage express et Deuil
Express à l’échelle de l’humanité et du monde qu’elle hante… Et puis surtout
rappelle-toi, cher lecteur :
« J'veux
qu'on rit, J'veux qu'on danse,
J'veux
qu'on s'amuse comme des fous,
J'veux
qu'on rit, J'veux qu'on danse,
Quand
c'est qu'on m'mettra dans l'trou… »