Bonjours fidèle
lecteur. Plus fidèle que moi, il me faut bien avouer, si j’en juge par les
statistiques aimablement fournies par Google et qui tendent à montrer que tu
viens me visiter avec une persistance que ma maigre production n’honore pas.
D’ailleurs, je te parle à tu et à toi, mais, t’es plusieurs, hein ? Désolé
de te le dire. Ce n’est pas un amour exclusif. J’me partage. Et toi ne me dis
pas que tu ne lis que moi… Hein ? Donc on est quitte, vive l’amour libre.
Bref, tout ça pour
te dire qu’en consultant les stats en question, j’ai ressenti comme une petite
pointe de vergogne, sentiment diffus de ne pas t’en donner pour ton argent.
Huit malheureux petits articles en 2015. Bon, je ne te gruge pas sur la
qualité, on est bien d’accord mais merci quand même de le faire
remarquer ; mais je ne peux m’empêcher de me dire que je pourrais me
forcer un peu et, sans pour autant retrouver mon rythme d’antan, à tout le
moins t’offrir plus souvent de ces petits billets que tu adores tant.
A ma décharge,
j’ai été super occupé ces derniers temps, et pour tout te dire et ne rien te
cacher, j’ai consacré mon art à d’autres fins que celles d’élucubrer ici. Mais
ce n’est pas le sujet du jour. Je t’en reparlerai bientôt. En attendant, je te promets
d’ici quelques jours, une petite scribouille® dans l’air du temps de ce début
d’année nouvelle et t’en souhaite bonne lecture par avance.
En parlant de
souhait : bonne année 2016 à toi… D’un point de vue perso, 2015 a été
plutôt pas mal, merci, mais t’avouera qu’ailleurs, dans le vaste monde et sa
périphérie, elle a été pas mal merdique quand même. La faute aux cons, encore
et toujours, ceux qui se font sauter au milieu d’une foule innocente et ceux
qui les endoctrinent, ceux qui exploitent la misère et s’engraissent toujours
plus, ceux qui, par un petit dimanche, dans le petit froid d’un petit matin,
s’en vont déposer leur bulletin de vote plein de haine… et tant d’autres, cons,
cons et re-cons, tellement cons qu’ils devraient en crever si il y avait une
justice.
Putain d’année aussi
où j’ai perdu des amis. Des vrais. Qu’ils soient vraiment proches ou de simples
phares éclairant la nuit de notre monde barbare. Je pense à mon Lemmy, par
exemple, qui s’en est allé Rocker au Paradis, rejoindre ses potes Phil Taylor
et Würzel. Ca doit aller la vie pour lui maintenant, j’le vois d’ici le Lemmy,
assis sur son nuage avec sa Rickenbacker dans une main, une binouze dans
l’autre et deux gonzesses sur chaque genoux. Et nous, ben on apprend à vivre
sans lui, au moins il nous reste sa musique, le souvenir de concerts mémorables
et pour moi, la satisfaction d’avoir pu lui faire une sorte d’adieu en juin
dernier lors du Hellfest.
Des fois j’me dis
aussi, que ça doit être bien d’être mort. Ca fait sans doute de la peine à tes
proches, mais au moins, t’es plus emmerdé par les cons. Enfin je m’accroche à
cette espérance, parce que sinon, autant s’en mettre une tout de suite.
Quoi ? Ca ne règlerait rien ? Ouais je sais, mais tu vois une autre
solution toi ? Non ? Alors on va dire ça, on va dire que quand tu es
calenché, les cons, c’est fini pour toi. J’veux dire, on est a peu près
d’accord que le paradis que les curetons et leurs homologues essayent de nous
vendre, les trucs avec des mecs en robes blanches, des ailes et des auréoles ou
les grands lupanars aux 10'000 vierges, c’est de l’attrape gogo. Non, moi je
crois plutôt qu’une fois mort, le gars Charon, le taximan ultime, celui que
même Uber n’est pas prêt de remplacer, il te conduit jusqu’à ton bistrot
préféré quelque part dans les cieux, comme dans la chanson de qui tu sais. Un
petit endroit très bien fréquenté. C’est simple, il n’y a que des potes, de la
bonne bouffe, des breuvages de grand standing, quelques binouzes aussi et ces
petits crus de derrière les fagots qu’il est si agréable de découvrir au hasard
d’une dégustation. Et puis il y de la musique, du concert tous les soirs, tous
les jours, H-24… Et de la bonne de chez bonne, le grand bœuf des grands bœufs,
le Festival ultime, paraît que y’a Bowie qui vient de confirmer sa présence à
l’affiche du prochain tour de chants.
Ca donne envie, tu
ne trouves pas ? Le plus tard possible peut-être, mais ça donne envie.
Alors voilà, la prochaine fois qu’un être aimé s’envole, qu’il ou elle nous
quitte, point d’auto-apitoiement, oublions qu’il ou elle nous laisse quimper,
nous laisse seul avec les chiens, avec les méchants les crétins, sous un soleil
qui… tu connais la suite. Pensons à lui, pensons à elle, bien au chaud dans son
petit bistrot perso là-haut, et n’affichons pas ces gueules d’enterrement.